Mayer Hillman : il est trop tard pour arrêter le changement climatique
Le scientifique juif britannique a dit au Guardian que seul un arrêt total des émissions mondiales de carbone peut sauver l’humanité – et cela n’aura pas lieu
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Un scientifique britannique de premier plan a averti que le changement climatique va décimer la vie sur terre, et même si la tendance pourrait théoriquement être inversée, cela n’aura pas lieu, parce que la société est trop dépendante des énergies fossiles qu’elle ne devrait pas utiliser.
Mayer Hillman, un professeur émérite à l’Institut des Etudes politiques de l’Université de Westminster, a déclaré au quotidien britannique le Guardian que l’humanité devrait se concentrer sur la musique, l’amour, l’éducation et le bonheur.
« Nous sommes condamnés », a déclaré Hillman au sujet des émissions de carbone conduisant à l’augmentation des températures sur terre. « L’issue est la mort, et l’extinction de la plupart de la vie sur la planète parce que nous sommes tellement dépendants de l’utilisation des énergies fossiles. Il n’y a pas de moyens de renverser le processus qui conduit à la fonte de calottes glaciaires aux pôles. Et peu de gens semblent prêts à le dire ».
Hillman, âgé de 86 ans, est né dans le nord-est de Londres et a grandi dans une famille juive. Au cours des dernières décennies, il a critiqué des centres commerciaux en dehors de la ville, des politiques sur les lignes ferroviaires secondaires et a proposé un classement énergétique pour les maisons – tous les concepts ont été adoptés par le gouvernement britannique sous une forme ou sous une autre.
« Nous devons arrêter d’utiliser des énergies fossiles », a déclaré Hillman dans un entretien publié jeudi. « Il y a tellement d’aspects de la vie qui dépendent des énergies fossiles, à part la musique, l’amour, l’éducation et le bonheur. Nous devons nous concentrer sur ces éléments, qui utilisent très peu d’énergies fossiles. »
Alors que les températures augmentent, « la population mondiale se dirigera vers les régions de la planète comme le nord de l’Europe qui sera temporairement épargnée par les effets extrêmes du changement climatique, a-t-il déclaré. Comment ces régions vont-elles réagir ? Nous le voyons maintenant. On empêchera les migrants de venir. Nous les laisserons se noyer ».

Les dirigeants mondiaux, y compris les scientifiques et les personnalités religieuses, ne traitent pas le problème parce que la société n’est pas organisée pour leur permettre de le faire, a-t-il dit.
« Les partis politiques se focalisent sur l’emploi et le PIB, qui dépendent de la consommation des énergies fossiles. Même si le monde n’émettait pas de carbone aujourd’hui, cela ne nous sauverait pas, et cela parce que nous avons franchi le point de non retour ».
Hillman n’a pas pris l’avion depuis 20 ans en signe d’engagement pour réduire son empreinte carbone. Il reconnaît pourtant qu’une telle action individuelle est « aussi belle qu’inutile ».
La réponse, a-t-il dit, est d’arrêter toutes les émissions dans l’économie mondiale, des voyages à l’agriculture en passant par le chauffage avec une réduction de la population humaine. Pourtant, il doute qu’un tel changement soit réellement possible.
« Pouvez-vous imaginer que tout le monde, dans une démocratie, soit prêt à arrêter de prendre l’avion ? Pouvez-vous imaginer voir la majorité de la population devenir végétarienne ? Pouvez-vous voir la majorité de la population accepter de limiter la taille de leurs familles ? »
Hillman a dit que plutôt que d’essayer d’être optimiste sur le futur, l’humanité devrait accepter sa disparition inévitable, car cela pourrait nous encourager à chercher ce qui peut être fait pour retarder l’échéance, comme pour ceux qui souffrent d’une maladie en phase terminale.
L’action pour arrêter le changement climatique désastreux doit surmonter l’obstacle du capitalisme, a-t-il averti.
« Le capitalisme se dresse sur le chemin », a déclaré Hillman. « Pouvez-vous imaginer l’industrie aéronautique mondiale être démantelé alors que des centaines de nouvelles pistes sont construites maintenant dans le monde entier ? C’est presque comme si nous voulions délibérément tenter de défier la nature. Nous allons dans le sens opposé de ce qui devrait être fait, avec l’accord tacite de tout le monde, et personne ne levant le petit doigt ».