Israël en guerre - Jour 527

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Même Sabra incarnée par Shira Haas, ne parvient à sauver Captain America du naufrage

Le 35e film de Marvel, et le premier qui, après maintes controverses, introduit une héroïne israélienne, pourrait bien être le pire de la serie

Shira Haas assiste à la première de Captain America : Brave New World au TCL Chinese Theater à Hollywood, Californie, le 11 février 2025. (Crédit : Jesse Grant / Getty Images via AFP)
Shira Haas assiste à la première de Captain America : Brave New World au TCL Chinese Theater à Hollywood, Californie, le 11 février 2025. (Crédit : Jesse Grant / Getty Images via AFP)

NEW YORK – Même un agent de sécurité israélien surentraîné ne pourra pas sauver ce film.

Captain America : Brave New World est le 35e ( !) film de l’univers cinématographique Marvel. Et c’est probablement le pire. L’histoire est bancale, l’action banale, les personnages fades et les effets spéciaux bon marché. Côté humour, seules deux tentatives jalonnent cette aventure, dont une seule fonctionne. Et c’est dans ce navet qu’apparaît la seule Israélienne de la franchise Marvel, Ruth Bat-Seraph. Quel gâchis.

Ruth Bat-Seraph (que certains personnages appellent Bats Are Off) est incarnée par Shira Haas, la star de Unorthodox. Dans les comics, ce personnage, apparu sporadiquement au fil des ans, est une agente du Mossad dotée de superpouvoirs, connue sous le nom de code Sabra. Dans l’une de ses versions, elle arbore une chevelure épaisse et porte une combinaison en spandex aux couleurs du drapeau israélien. (Voyez par vous-même.) Dans le film, elle est une assistante de sécurité du président des États-Unis, vêtue d’un blazer.

Son origine israélienne est brièvement mentionnée, mais elle est présentée comme ayant été formée dans les « chambres rouges », une référence au programme d’espionnage de la Veuve noire à l’époque soviétique. Aucun lien avec le gouvernement israélien. D’abord perçue comme une figure suspecte, elle finit par être révélée comme l’une des « gentils ».

L’annonce du casting de Shira Haas avait déjà déclenché une vague d’appels au boycott en ligne. (En regardant le film, on a d’ailleurs l’impression que son personnage devait initialement avoir plus de présence. Elle disparaît presque complètement vers la fin. À en croire les revues spécialisées d’Hollywood, le film aurait subi un nombre de reshoots supérieur à la moyenne.)

Lorsque j’ai interviewé l’ancien producteur de Marvel, Avi Arad, pour The Times of Israel en 2012, je lui avais demandé s’il envisageait d’intégrer Sabra dans un film. Il avait ri avant de répondre que « nous sommes à une époque où le nom ‘Sabra’ n’est pas… disons, idéal pour vendre un film sur les marchés internationaux. Avec des intérêts mondiaux, des enjeux commerciaux… Je ne pense pas qu’on puisse sortir un film avec Sabra à Dubaï en ce moment, malheureusement. »

Qui aurait cru que ce ne serait pas Dubaï, mais les étudiants de l’université de Columbia qui seraient les plus indignés.

Quoi qu’il en soit, Haas fait du mieux qu’elle peut avec le matériau – ce qui signifie principalement être minuscule en taille, mais réussir, à l’occasion, quelques mouvements d’arts martiaux spectaculaires qui terrassent des gardes du corps imposants en un seul coup. On peut parler de suspension de l’incrédulité !

Mais qu’en est-il du reste du film ? Pour en saisir toutes les subtilités, mieux vaut avoir révisé ses classiques, dont, The Incredible Hulk (2008), Eternals (2021) et la série The Falcon and the Winter Soldier (2021). Cela dit, nous parlons ici d’un blockbuster conçu pour plaire au plus grand nombre – y compris aux familles venues simplement passer un moment divertissant au cinéma. Autrement dit, si vous avez deux yeux et un cerveau à moitié fonctionnel, vous suivrez sans peine. Des gentils, des méchants, des explosions… et Harrison Ford qui se transforme en monstre rouge géant.

Hulk rouge/président Thaddeus Ross (interprété par Harrison Ford) dans « Captain America : Le meilleur des mondes ». (Crédit : Marvel Studios. © 2024 MARVEL)

Le héros de l’histoire, bien sûr, reste Captain America – ou plutôt son successeur. Sam Wilson (Anthony Mackie), anciennement Faucon, a hérité du bouclier iconique tout en conservant ses ailes high-tech. Mackie, covedette du film oscarisé The Hurt Locker, est un acteur charismatique. Il s’en sort plutôt bien dans le rôle du héros émergeant de l’ombre de l’ancien Captain America joué par Chris Evans. À ses côtés, son fidèle second, Joaquin Torres (Danny Ramirez), lui apporte un soutien technologique de pointe.

Le film s’ouvre sur une mission de sauvetage menée par ce duo, où ils viennent en aide à un groupe de religieuses hispanophones aux prises avec de vils marchands d’armes. Un sauvetage simple et efficace, comme on aimerait que tous les conflits du monde puissent l’être.

Mais après cette démonstration de bravoure, place à la politique mondiale. L’élection du nouveau président américain, Thaddeus Ross – précédemment interprété par William Hurt, désormais incarné par Harrison Ford – a plongé la planète dans un climat d’incertitude. Ce vieux président blanc et austère traîne un passif controversé mais assure que tout cela appartient au passé et qu’il veut désormais restaurer l’unité du pays. Le développement du film a débuté il y a plusieurs années, mais le voir sortir seulement quelques semaines après le début du second mandat de Trump, marqué par ses rafales de décrets, lui confère une étrange résonance.

Danny Ramirez, à gauche, dans le rôle du Faucon/Joaquin Torres et Anthony Mackie dans le rôle de Captain America/Sam Wilson dans le film Captain America : Brave New World. (Crédit : Eli Adé. © 2024 MARVEL)

Captain America (et toute sa clique) se méfient du président, mais respectent la fonction et décident de lui accorder le bénéfice du doute. Cela inclut l’un des mentors de Cap, Isaiah Bradley, un ancien soldat ayant subi des expérimentations menées par le gouvernement américain.

C’est lors d’un sommet crucial réunissant les dirigeants du monde entier que Bradley, invité d’honneur de Cap, perd soudainement les pédales et tente de commettre un assassinat. Quiconque a déjà vu un film – que ce soit The Manchurian Candidate ou même The Naked Gun – comprend immédiatement que Bradley a été victime d’un lavage de cerveau. Mais il faudra encore une bonne heure aux soi-disant génies de ce film pour arriver à la même conclusion.

C’est alors que l’on découvre qu’Harrison Ford n’est en réalité qu’un pantin manipulé par un méchant tout droit sorti du passé, joué par Tim Blake Nelson. Exposé aux rayons gamma, ce dernier a vu sa puissance cérébrale décupler, mais il en a aussi hérité un physique évoquant un morceau de brocoli géant. (Chapeau à l’équipe de maquillage pour ce tour de force.)

Le président Ross, incarné par Ford, n’est pas un modèle de vertu, mais il fait de son mieux. S’il y a un message à retenir de ce film, c’est que tout le monde mérite une seconde chance. Un discours quelque peu troublant lorsqu’on le visionne aux États-Unis, où le président deux fois destitué, condamné pour 34 infractions et reconnu responsable d’agressions sexuelles, vient tout juste de prêter serment. (Peut-être devrions-nous demander aux producteurs de Marvel leurs conseils en paris électoraux, puisqu’ils semblent avoir su prédire l’issue du scrutin.)

Les parallèles troublants avec la politique actuelle ne sont pas ce qui fait de ce film un échec. Le véritable problème, c’est qu’il manque de souffle et d’élan. La première vague de films Marvel avait du panache et un sens de l’humour distinctif – Iron Man racontait l’évolution d’un marchand d’armes sans scrupules vers l’altruisme, Captain America suivait un héros de la Seconde Guerre mondiale confronté au choc du présent, et Thor transformait un dieu nordique en personnage attachant, capable de faire chavirer les cœurs en goûtant un café avant d’écraser sa tasse dans l’exaltation et d’en réclamer un autre. Ici, rien de tout cela n’est enjoué. Ici, rien de tout cela. L’esprit ludique a disparu. Tout donne l’impression d’une mécanique bien huilée mais sans âme, un simple produit de plus sur la chaîne de montage.

De gauche à droite : Takehiro Hira dans le rôle du Premier ministre Ozaki, Anthony Mackie dans le rôle de Captain America/Sam Wilson et Harrison Ford dans le rôle du président Thaddeus Ross dans Captain America : Brave New World. (Crédit : Marvel Studios. © 2024 MARVEL)

Il y a pourtant quelques rares moments divertissants. Harrison Ford (qui est Juif, soit dit en passant !) finit par se transformer en bête enragée (un Hulk rouge, si vous voulez), et ses scènes sont franchement cocasses. Il y a même une pointe de William Shatner dans son interprétation. Hélas, ces rares éclats générés par ordinateur sont médiocres, et l’affrontement final contre Captain America manque cruellement d’impact. Beaucoup trop de zooms sur des écrans verts, trop de collisions avec des bâtiments pixelisés.

On peut penser ce qu’on veut de ces blockbusters absurdes, mais ils offrent d’ordinaire un minimum de spectacle. Ici, on ressort en se demandant : « Attendez… c’est tout ? »

Bien sûr que non ! Thunderbolts, le prochain volet de cette interminable saga, débarquera dans les salles dans trois mois. Espérons qu’il fera mieux.

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