Michael Brodsky déplore le soutien ukrainien des votes anti-Israël à l’ONU
L'envoyé israélien souligne une "situation anormale", étant donné que Kiev "se tourne souvent vers Israël pour diverses demandes" mais soutient 90 % des résolutions anti-Israël
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
L’Ukraine soutient les résolutions anti-Israël aux Nations unies « dans 90 % des cas », a déclaré l’ambassadeur d’Israël à Kiev ce week-end.
Dans une interview publiée samedi par le média ukrainien en ligne Mirror of the Week, l’ambassadeur Michael Brodsky a qualifié la position de l’Ukraine de « situation anormale, surtout compte tenu du fait que l’Ukraine se tourne assez souvent vers Israël pour diverses demandes ».
Les responsables israéliens étaient particulièrement indignés par le soutien de l’Ukraine aux résolutions de novembre 2022 appelant à un Moyen-Orient sans armes nucléaires et à une conférence internationale sur la paix israélo-palestinienne à Moscou, alors que le pays était en conflit avec les troupes russes sur son propre territoire.
L’Ukraine a également soutenu une résolution demandant à la Cour internationale de justice (CIJ) d’intervenir « en urgence » dans le conflit israélo-palestinien et « l’annexion » israélienne. Le conseiller personnel du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Alexey Arestovych, avait par la suite déclaré que le vote était « une grave erreur ».
« Le soutien aux résolutions anti-Israël à l’ONU ne contribue pas à renforcer la confiance entre les pays », avait déclaré Brodsky à l’époque.
Israël a soutenu des mesures pro-Ukraine aux Nations unies, notamment une résolution non contraignante, à l’occasion du premier anniversaire de la guerre, appelant la Russie à mettre fin aux hostilités en Ukraine et à retirer ses forces.
Cependant, contrairement à ses alliés occidentaux, Israël n’a pas fourni d’aide militaire à l’Ukraine malgré les demandes répétées de celle-ci. Tout en apportant une aide humanitaire à l’Ukraine, Israël a maintenu une politique stricte de non-fourniture d’aide militaire, y compris de systèmes pouvant l’aider à intercepter les attaques de missiles et de drones russes.
La décision semble être motivée par le besoin stratégique d’Israël de maintenir sa liberté d’action en Syrie, où l’espace aérien est largement contrôlé par la Russie. Les responsables israéliens ont également exprimé la crainte que des technologies militaires avancées ne tombent entre les mains de l’ennemi et ont mentionné des limitations de production et d’approvisionnement.
« Si l’Ukraine considère Israël comme un État ami et s’adresse à lui avec des demandes, alors votre pays devrait soutenir le mien dans les questions qui nous sont importantes, tout comme Israël agit à l’égard de l’Ukraine dans des questions vitales pour vous », a poursuivi Brodsky lors de l’interview.
Les commentaires de Brodsky interviennent alors que les frustrations mutuelles ont atteint leur paroxysme ces dernières semaines.
La semaine dernière, le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de l’Ukraine après qu’il eut publié une déclaration virulente accusant Israël de coopérer avec la Russie.
« Nous lui avons dit que ses commentaires ne sont pas utiles », a déclaré un responsable israélien. « Nous essayons d’empêcher que les relations se déteriorent. »
« De telles déclarations sont totalement contre-productives », a soutenu Brodsky lors de l’interview. « Pour être honnête, je me demande si les personnes qui les font réalisent qu’elles nuisent non seulement aux relations entre Israël et l’Ukraine, mais aussi à l’Ukraine elle-même et à ses intérêts. Après tout, ces déclarations, ainsi que les votes à l’ONU contre Israël, affectent négativement le soutien de votre pays par les Israéliens. »
« Elles nuisent non seulement aux relations entre Israël et l’Ukraine, mais aussi à l’Ukraine elle-même et à ses intérêts. »
Brodsky a déclaré que la décision d’Israël de ne pas envoyer d’armes était « due à notre sensibilité dans nos relations avec la Russie et au danger qui pourrait survenir si Israël prenait des mesures imprudentes pouvant conduire à une escalade de la situation ».
« Nous savons que tout mouvement imprudent ou même parole pourrait conduire à une nouvelle guerre ou à une explosion de terrorisme, ce qui entraînerait des pertes humaines israéliennes, civiles et militaires », a déclaré Brodsky concernant la présence russe en Syrie.
Il a également déclaré qu’au moins une partie d’un système d’alerte précoce pour les attaques de missiles que construit Israël pour l’Ukraine devrait être opérationnelle d’ici septembre.
« Il est nécessaire de créer un nouveau système basé sur le modèle israélien », a-t-il déclaré. « Il est nécessaire de tenir compte de la taille de l’Ukraine, de ses particularités et des menaces auxquelles elle est confrontée. »
Dans l’interview, Brodsky a qualifié la position d’Israël de « claire, transparente et sans équivoque ».
« Nous condamnons la guerre et l’agression russe contre l’Ukraine. »
Brodsky a affirmé qu’il y avait des leçons à tirer de l’expérience d’Israël pour l’Ukraine, en particulier en ce qui concerne sa sécurité nationale à venir.
« L’Ukraine devrait emprunter certains aspects liés à la protection de l’État à Israël », a déclaré Brodsky. « Après tout, nous avons une armée moderne, technologiquement équipée. C’est une armée intelligente qui développe des logiciels, de nouveaux types d’armes, ce qui, soit dit en passant, contribue au progrès économique de l’État. »
« Nous avons un traité d’assistance militaire, mais personne en Israël ne s’attend à ce que les États-Unis se battent pour nous », a-t-il ajouté. « L’aide de l’Amérique est précieuse, mais elle n’est pas décisive – Israël s’est exclusivement appuyé sur lui-même depuis des décennies. Je suis sûr que l’Ukraine arrivera à la même conclusion. Vous n’avez pas d’autre choix. »