Israël en guerre - Jour 366

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Analyse

Mis à mal par la guerre, les Accords d’Abraham ont pourtant prouvé leur résilience

La visibilité des liens avec Bahreïn, le Maroc et avec les Émirats arabes unis a changé depuis le pogrom du Hamas, le 7 octobre, mais les plus récents partenaires d'Israël restent fidèles à leur choix stratégique

Lazar Berman

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

De gauche à droite, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, Khalid bin Ahmed Al Khalifa, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Abdullah bin Zayed al-Nahyan, lors de la cérémonie de signature des Accords d'Abraham à la Maison Blanche, à Washington, le 15 septembre 2020. (Crédit : AP Photo/Alex Brandon, File)
De gauche à droite, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, Khalid bin Ahmed Al Khalifa, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Abdullah bin Zayed al-Nahyan, lors de la cérémonie de signature des Accords d'Abraham à la Maison Blanche, à Washington, le 15 septembre 2020. (Crédit : AP Photo/Alex Brandon, File)

Lorsque les ministres des Affaires étrangères du Bahreïn et des Émirats arabes unis s’étaient tenus avec fierté de part et d’autre du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du président américain Donald Trump lors de la cérémonie organisée à l’occasion de la signature des Accords d’Abraham, il y a quatre ans, les quatre hommes – et leurs gouvernements – avaient imaginé une nouvelle ère d’élargissement constant des liens unissant Israël au monde arabe.

« Nous sommes ici, cet après-midi, pour changer le cours de l’Histoire », avait dit Trump, perché sur un balcon qui surplombait la Pelouse sud de la Maison Blanche. « Après des décennies de divisions et de conflits, nous voyons se lever l’aube d’un nouveau Moyen-Orient ».

Netanyahu avait déclaré que cet élan de paix pourrait potentiellement mettre un terme au conflit israélo-arabe « une bonne fois pour toutes ».

Le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Abdullah bin Zayed, avait prédit des « répercussions » de l’accord qui « se feront ressentir dans toute la région ».

Enfin, le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdullatif al-Zayani, avait estimé que « pendant trop longtemps, le Moyen-Orient a été marqué par les conflits, la défiance, entraînant d’incalculables destructions » et contrariant les espoirs des « plus jeunes et des esprits plus brillants » de la région. « Aujourd’hui, je suis convaincu que nous pouvons changer cela », avait-il ajouté.

Mais alors que ces hommes s’extasiaient sur l’ère nouvelle que les Accords d’Abraham étaient sur le point de donner naissance, les événements qui survenaient en Israël, au même moment, laissaient d’ores et déjà entrevoir le caractère insaisissable de cet avenir rêvé à voix haute.

Le président américain Donald Trump, à droite, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Abdullah bin Zayed Al-Nahyan, à gauche, le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn Abdullatif al-Zayani, à droite, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à gauche, posent pour des photos la Maison Blanche avant la signature des accords d’Abraham à Washington, DC, le 15 septembre 2020 (Crédit : SAUL LOEB / AFP).

Les sirènes avaient retenti dans le sud d’Israël après des tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza. « Les accords de normalisation des relations entre Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’entité sioniste ne valent pas seulement le papier sur lequel ils ont été écrits », avait déclaré un porte-parole du Hamas. « Notre peuple continuera à poursuivre sa lutte jusqu’à ce qu’il jouisse à nouveau de tous ses droits ».

Presque personne – à l’exception des responsables du Hamas – n’avait compris, à ce moment-là, la détermination du Hamas à élargir son combat contre Israël. Après le pogrom commis dans le sud d’Israël par les hommes armés du groupe terroriste, le 7 octobre 2023, et la campagne militaire israélienne qui a suivi, avec pour objectif de prendre le contrôle de l’enclave côtière et de renverser le Hamas au pouvoir, quelque chose a été clairement établi aux yeux de tous ceux qui étaient présents à la Maison Blanche il y a quatre ans ainsi qu’aux yeux du reste du monde : les accords de paix n’ont pas pu empêcher les groupes terroristes soutenus par l’Iran d’entraîner Israël dans la guerre une nouvelle fois.

À l’occasion du quatrième anniversaire des accords d’Abraham – des Accords qui ont été suivis d’une normalisation des liens unissant Israël et le Maroc – il est difficile de ne pas remarquer que la nature des relations tissées entre Jérusalem et ses partenaires arabes les plus récents a changé dans le sillage de la guerre.

Des palestiniens du côté israélien de la barrière frontalière de Gaza lors de l’invasion et du pogrom menés par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : Mohammed Fayq Abu Mostafa/REUTERS)

En même temps, si les onze mois de guerre entre Israël et le Hamas ont mis les accords à rude épreuve, il reste également – heureusement – des raisons d’être optimiste quant à la durabilité des relations entretenues par Israël avec le monde arabe.

Une décision stratégique

Les responsables qui connaissent bien le dossier ne nient pas les tensions que la guerre contre le Hamas a entraîné dans les relations d’Israël avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc.

« C’est évident, la guerre constitue un test très important dans ces relations et crée une certaine tension avec les pays qui avaient par ailleurs conclu des accords de paix », a confié un officiel au Times of Israel, la semaine dernière.

Le président Isaac Herzog (R) reçoit une invitation au sommet sur le climat COP28 en novembre à Dubaï de la part de Mohamed Al Khaja, l’ambassadeur des EAU en Israël, 25 mai 2023. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Depuis le début de la guerre, les seuls déplacements publics qui ont pu être effectués dans ces pays par des personnalités israéliennes de premier plan ont été ceux du président Isaac Herzog et du ministre des Finances Nir Barkat. Tous deux sont allés aux Émirats arabes unis pour assister à des événements internationaux, sans aucun lien avec les relations bilatérales.

De nouveaux accords de coopération, qui avaient été signés lors de cérémonies très médiatisées avant la guerre, ont également été suspendus jusqu’à nouvel ordre.

En même temps, les responsables soulignent que malgré le « plafond de verre très bas » placé par la guerre sur les relations, il reste un fait incontestable : Les accords ne sont pas près de disparaître.

« Malgré les tensions, il y a cette conviction que tous les partenaires ont clairement reconnu que c’était la seule voie à suivre et que le choix stratégique de la paix et de la coopération a été le bon », a indiqué un officiel impliqué dans les Accords d’Abraham au Times of Israel.

Le ministre d’État des Affaires étrangères des Émirats Arabes Unis, Anwar Gargash, s’adresse aux journalistes à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, le lundi 18 juin 2018. (AP/Jon Gambrell)

« Les Émirats arabes unis ont pris une décision stratégique et les décisions stratégiques s’envisagent à long-terme », avait expliqué au mois de janvier Anwar Gargash, conseiller à la diplomatie auprès du président émirati, alors que l’offensive terrestre de l’armée israélienne dans la bande de Gaza battait son plein.

« Il n’y a aucun doute sur le fait que toute décision stratégique va se heurter à de multiples obstacles et nous nous trouvons face à un obstacle majeur qu’il faut que nous surmontions », avait-il noté.

Malgré les critiques régulières, dans les déclarations officielles de ses partenaires arabes, des politiques israéliennes mises en œuvre à Gaza et sur le Mont du Temple, la Jordanie est la seule à avoir officiellement rappelé son ambassadeur en Israël dans le contexte de la guerre. Les envoyés marocain, bahreïni et émirati se sont abstenus de prendre part aux événements publics et ils ont soigneusement évité les médias, mais ils ont fait des déplacements réguliers entre les pays pour continuer leur travail, à l’abri des regards.

Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Eli Cohen, à droite, serre la main de l’ambassadeur Khalid Al Jalahma à l’aéroport de Manama, le 3 septembre 2023. (Crédit : Lazar Berman/Times of Israel)

Les ministères des Affaires étrangères des trois pays ont refusé tout commentaire lors de l’anniversaire des Accords d’Abraham.

Il faut noter que malgré les changements survenus dans les liens entre les partenaires, le commerce bilatéral, du côté d’Israël, a connu une hausse significative en ce qui concerne les trois pays. Ainsi, le commerce bilatéral avec Bahreïn a augmenté de plus de 900 % au cours des sept premiers mois de 2024 par rapport à la même période en 2023. Ce pourcentage est de 4 % avec les Émirats arabes unis et de 56 % avec le Maroc, selon l’Institut pour la paix des Accords d’Abraham.

Même s’ils sont en nombre moins important, les vols directs entre le Maroc et les Émirats arabes unis et Israël se sont poursuivis.

La guerre a également ouvert de nouveaux horizons pour les Émirats arabes unis – dont les relations avec les Palestiniens ont toujours été pour le moins tendues.

Au mois de mai 2020, des sources de l’Autorité palestinienne avaient confié à plusieurs médias arabes que Ramallah avait refusé d’accepter de l’aide médicale en provenance des Émirats arabes unis, une aide qui avait été livrée lors du premier vol commercial direct entre Israël et Abou Dhabi. Selon les médias palestiniens, une source proche du gouvernement avait annoncé que l’aide avait été rejetée, expliquant que l’Autorité palestinienne refusait d’être utilisée comme « outil de normalisation » entre Israël et les Émirats arabes unis.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, devant à gauche, en réunion avec le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi, le ministre saoudien des Affaires étrangères Prince Fayçal ben Farhan Al Saud, le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar Mohammed ben Abdulrahman Al Thani, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis Abdallah ben Zayed Al Nahyan, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry et le secrétaire général du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Hussein al-Sheikh, lors d’une journée de réunions sur le conflit en cours entre Israël et le groupe terroriste palestinien Hamas, à Amman, en Jordanie, le samedi Nov. 4, 2023. (Crédit : Jonathan Ernst/AP)

Au mois d’avril, une réunion entre le secrétaire d’État américain Antony Blinken et quelques-uns de ses homologues arabes, à Ryad, avait tourné au vinaigre après une vive altercation qui avait opposé le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis et un haut-responsable palestinien. L’Émirati Bin Zayed avait indiqué, lors de cette rencontre, qu’il n’y avait pas eu de véritable réforme au sein de l’Autorité palestinienne, comparant les dirigeants palestiniens au folklore « d’Ali Baba et les 40 voleurs » et ajoutant que tous les dirigeants de l’Autorité palestinienne étaient « inutiles ».

Malgré les tensions dans les relations entre l’Autorité palestinienne et Abou Dhabi, les Émirats arabes unis ont malgré tout profité de la nouvelle confiance établie avec Israël et avec l’Égypte pour assumer un rôle de premier plan dans l’aide humanitaire à Gaza. Ils ont fait part de leur intérêt à l’idée d’assumer une fonction décisive dans le redressement et dans la reconstruction de ce territoire ravagé par la guerre – à certaines conditions toutefois, exigeant notamment la mise en place d’un processus susceptible d’ouvrir la porte, à terme, à l’établissement d’un État palestinien.

Illustration : Un hôpital de campagne situé à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, sur une photo publiée le 11 mai 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Les Émiratis sont très impliqués dans tous les aspects de l’aide humanitaire à Gaza, notamment dans les usines de dessalement, dans les convois acheminant l’assistance, dans les largages aériens et dans les hôpitaux de campagne. Les think-tanks des Émirats arabes unis ont également d’ores et déjà commencé à débattre du rôle que pourrait jouer le pays dans la bande de Gaza de l’après-guerre.

Les EAU ont des raisons de porter un intérêt nouveau et attentif à la question palestinienne et à Gaza. Il y aura des bénéfices économiques à tirer de l’aide qui sera apportée à la bande de Gaza lorsque les armes se seront tues. Prendre la tête de la reconstruction de l’enclave côtière serait aussi un signe de leadership régional. Et – ce qui est peut-être le plus important – cela permettrait aux autorités émiraties de montrer au grand public que les liens entretenus avec Israël sont avantageux, même pour les Palestiniens.

Des raisons de s’inquiéter

S’il y a des raisons d’être optimiste à long-terme, il y a aussi, néanmoins, des signaux qui alertent.

Même avant la guerre, les accords d’Abraham perdaient de manière croissante leur popularité dans les rues des pays devenus les nouveaux alliés d’Israël.

Selon un sondage effectué par le Washington Institute, 45 % des Bahreïnis avaient une opinion « très positive » ou « plutôt positive » des accords au mois de novembre 2020. Un soutien qui s’était petit à petit érodé pour atteindre le pourcentage de 20 % au mois de mars 2022.

La même tendance a été constatée aux Émirats arabes unis. Si 49 % des habitants du pays étaient défavorables aux Accords d’Abraham, en 2020, plus des deux tiers exprimaient leur malaise face aux Accords au mois d’août 2022. Du côté du Maroc, 31 % seulement des citoyens étaient favorables à la normalisation à cette date, selon l’institut Arab Barometer.

Des porte-conteneurs accostent au port de Dubaï dans la zone franche de Jebel Ali, aux Émirats arabes unis, le 3 janvier 2010. (Crédit : AP Photo/Kamran Jebreili)

En outre, une grande partie du commerce entre les deux pays n’est pas réellement bilatéral. Ainsi, le Bureau central des statistiques d’Israël (CBS) &intègre les cargaisons en provenance de Chine et d’Inde qui sont transférées via le port de Jebel Ali, à Dubaï, sur des navires à destination d’Israël dans la liste des échanges bilatéraux avec les EAU, explique Moran Zaga, expert de la région du Golfe au Mitvim, l’Institut israélien pour les politiques étrangères régionales.

Le commerce du diamant entre aussi dans le total de ces échanges.

Les Émiratis évitent les Israéliens et les opportunités commerciales avec les Israéliens, déclare Joshua Krasna, qui est à la tête du Center for Emerging Energy Politics in the Middle East. « Pourquoi prendre le risque aujourd’hui ? », interroge-t-il.

Des manifestants pro-palestiniens appellent au cessez-le-feu dans la guerre opposant Israël au Hamas pendant le sommet climatique de l’ONU COP28, à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 3 décembre 2023. (Crédit : AP Photo/Peter Dejong)

« Les entreprises semblent faire preuve de retenue, craignant pour leur réputation – par peur des critiques et des boycotts – et pour des raisons qui sont aussi personnelles », ajoute-t-il. « Certains gros contrats qui avaient été prévus ont été abandonnés, ou ils n’ont pas été conclus. De plus, les relations interpersonnelles semblent avoir été mises en suspens ».

Si les Émiratis ne critiquent pas la politique mise en œuvre par leur gouvernement, ils éprouvent de la compassion à l’égard des souffrances des Palestiniens – et ils n’éprouvent actuellement guère d’enthousiasme à l’idée d’approfondir encore davantage leurs liens avec Israël.

De surcroît, le changement radical dans la visibilité des liens avait commencé bien avant le pogrom commis par le Hamas : « Les choses ont commencé à changer avec le gouvernement actuel », affirme Zaga.

Les Émirats arabes unis avaient signé les accords d’Abraham avec Netanyahu – pourtant, il n’étaient pas allés au bout du projet de visite officielle du Premier ministre israélien en 2021, ne souhaitant pas sembler vouloir intervenir dans la politique intérieure de l’État juif alors que les élections se rapprochaient.

Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid (G) et le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita (D) se sont entretenus à Rabat, le 11 août 2021. (Crédit : Shlomi Amsalem, GPO)

Les liens avaient rapidement progressé lorsque le gouvernement d’unité formé par Naftali Bennett et par Yair Lapid avait été au pouvoir, les deux hauts-responsables ayant rendu visite aux trois plus récents partenaires arabes d’Israël. Lapid avait accueilli leurs ministres des Affaires étrangères au Forum du Néguev et des accords avaient alors été signés dans de nombreux domaines.

Lorsque Netanyahu et ses alliés de droite avaient repris la tête du pays, à la fin de l’année 2022, les liens avaient sensiblement changé. Le Forum du Néguev n’a jamais connu de nouvelle édition et les visites de haut-rang se sont arrêtées. Aucun responsable bahreïni, émirati ou marocain ne s’est rendu depuis sur le sol israélien.

Netanyahu devait initialement effectuer un déplacement aux Émirats arabes unis peu après sa prise de fonction – cela devait être sa première visite d’État – mais le voyage avait été annulé après que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, est allé sur le mont du Temple de Jérusalem, AbOu Dhabi dénonçant cette visite et évoquant « une prise d’assaut de l’esplanade qui accueille la mosquée d’Al-Aqsa ».

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, sur le mont du Temple, le 3 janvier 2023. (Crédit : Minhelet Har HaBaït)

Certains propos tenus par le ministre des Finances, Bezalel Smotrich – qui avait notamment déclaré que le peuple palestinien était une « invention » et qui avait appelé à « effacer de la carte » Huwara, une ville de Cisjordanie dans laquelle de nombreux Israéliens ont été tués – avaient été condamnés par le Conseil de coopération du Golfe, qui comprend les Émirats arabes unis et Bahreïn.

Les ambassadeurs des pays du Golfe qui sont alliés d’Israël s’étaient abstenus de participer à un dîner d’iftar qui avait été organisé par le ministère des Affaires étrangères au mois d’avril 2023, souhaitant ainsi transmettre un message à Jérusalem.

« Les Émirats arabes unis souhaitaient que les liens soient chaleureux et ils ont travaillé avec tous les ministères, tous les étudiants et toutes les ONGs », explique Zaga. « Mais les relations interpersonnelles sont en train de disparaître. Ce qui reste, c’est ce qui intéresse vraiment les Émiratis : les infrastructures, les hautes-technologies et une implication dans la bande de Gaza. »

Sahara occidental et défense

Les relations avec le Maroc, dont l’accord de normalisation avec Israël n’est pas intégré de manière officielle dans le cadre des Accords d’Abraham, n’ont pas connu de crise significative sous le gouvernement actuel. Si Rabat avait refusé de convoquer le deuxième forum du Néguev en raison des violences en Cisjordanie, Netanyahu avait néanmoins annoncé la reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental au mois de juillet 2023. Le roi Mohammed VI avait alors invité le Premier ministre israélien dans son pays.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le 19 novembre 2020 (à gauche) ; et le roi du Maroc Mohammed VI à Paris, le 2 mai 2017 (à droite). (AP Photos / Maya Alleruzzo, Michel Euler)

Israël avait également nommé son tout premier attaché militaire dans le royaume, et le président de la Knesset et le ministre de l’Intérieur avaient effectué des visites officielles. Toute une série d’accords avaient été signés.

Après le 7 octobre, les manifestations ont été régulières dans les rues marocaines. Les visites officielles ont été suspendues et de nombreux projets entrepris de manière bilatérale ont été interrompus.

Mais les relations dans le domaine de la défense ont continué à un rythme soutenu. Au mois de juillet, le Maroc aurait signé un accord d’un milliard de dollars avec la société israélienne de satellites espions Ofek, avec pour objectif de compléter ses systèmes de défense antiaérienne et les drones qui avaient été vendus par Israël à Rabat avant la guerre.

Des personnes brandissent des drapeaux nationaux palestiniens et des pancartes lors d’une marche anti-israélienne en solidarité avec la population de Gaza dans la ville de Tanger, au Maroc, le 7 juillet 2024. (Fadel Senna/AFP)

Ce qui ne garantit pas toutefois un élargissement des relations.

« Je pense que le Maroc ne sera incité à tenir les promesses de l’accord ou à entretenir ses liens bilatéraux avec Israël que si des engagements sont pris en ce qui concerne les revendications faites par le royaume sur le Sahara occidental », selon Samia Errazzouki, chercheuse, post-doctorante et experte du Maroc à l’université de Stanford.

« C’est là l’approche qui a été adoptée par le Maroc en matière de politique étrangère au cours des cinq ou sept dernières années », explique-t-elle. « Une approche qui est totalement centrée sur ce qui lui est bénéfique et sur ce que le pays pourra tirer du Sahara occidental ».

Elargir le cercle

Israël est « déterminé à élargir le cercle de la paix avec d’autres pays de la région », a noté le ministre des Affaires étrangères Israël Katz dans un communiqué saluant l’anniversaire des accords d’Abraham.

S’il semble que les liens stratégiques avec le Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc – ainsi qu’avec ses partenaires de longue date, la Jordanie et l’Égypte – survivront à la guerre, Israël a toujours considéré les accords de normalisation comme une étape importante sur la voie de l’intégration complète du pays au sein du Moyen-Orient.

Ce rêve – qui dépend de la paix avec l’Arabie saoudite – pourrait bien être hors de portée pour le moment.

« Il faudra des années avant que de nouveaux pays ne se joignent à cette union », déclare Zaga. « En outre, l’adhésion ne pourra pas se faire – et elle ne se fera pas – avant l’arrivée d’un nouveau gouvernement en Israël ».

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