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Mort d’un officier du renseignement : la famille va connaître les charges

Les procureurs déclarent que la famille du militaire décédé dans une prison militaire peut prendre connaissance des accusations portées contre lui

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Benny Kuznitz, avocat de la famille d'un officier du renseignement militaire décédé en détention le mois dernier, parle aux journalistes avant une audience devant un tribunal militaire au quartier général de l'armée à Tel Aviv, le 7 juin 2021. (Crédit : Flash90)
Benny Kuznitz, avocat de la famille d'un officier du renseignement militaire décédé en détention le mois dernier, parle aux journalistes avant une audience devant un tribunal militaire au quartier général de l'armée à Tel Aviv, le 7 juin 2021. (Crédit : Flash90)

Le ministère public a annoncé à l’armée qu’il était prêt à informer la famille d’un officier des services de renseignement, décédé dans des circonstances peu claires dans une prison militaire, des charges retenues contre lui, alors qu’il est prévu de lever partiellement l’embargo imposé par le tribunal et la censure militaire sur cette affaire controversée.

L’officier, dont l’identité ne peut être publiée par les médias bien que son nom et sa photo aient été largement diffusés sur les réseaux sociaux, a été retrouvé le mois dernier dans un état grave dans sa cellule de la nouvelle prison militaire de Neve Tzedek, où il était emprisonné dans l’attente de son procès, et son décès a été prononcé peu après.

La cause du décès n’a pas encore été officiellement déterminée, mais les responsables militaires ont indiqué qu’il s’agissait apparemment d’un suicide.

L’officier avait été inculpé en septembre 2020 mais n’avait pas été condamné. La quasi totalité des détails de l’affaire – y compris les charges retenues contre lui – n’ont pas pu être publiés en vertu de deux embargos imposés par le tribunal et d’un ordre du censeur militaire. Le vide créé par ces mesures de silence draconiennes a donné lieu à de nombreuses spéculations sur la nature des crimes présumés de l’officier et à des théories de conspiration sur la manière dont il est mort.

Cette situation a déclenché un tollé dans tous les médias israéliens, qui se sont insurgés contre l’embargo, soulignant qu’il était à la fois inefficace, dans la mesure où cela n’empêchait pas l’identité de l’officier d’être largement publiée, et préjudiciable, puisqu’elle permettait des conjectures extravagantes sur cette affaire.

Un certain nombre de médias israéliens ont déposé un recours auprès de l’armée contre l’embargo et la famille de l’officier a demandé des informations supplémentaires sur l’affaire, dont les audiences se sont déroulées au quartier général de l’armée israélienne à Tel Aviv, aussi appelé « la Kirya », lundi matin.

« Le nom de l’officier décédé a été publié sur Internet et sur les réseaux sociaux, avec sa photo et une description de son poste, ainsi que – bien sûr – des théories du complot qui vont dans tous les sens. Dans ces circonstances, la position de la famille n’est pas la seule considération à prendre en compte. Des faits inexacts sont publiés et ceux-ci sont notamment en mesure de nuire à la sécurité nationale », a déclaré à la Cour l’avocat représentant les médias israéliens, Yaron Hanin.

La famille veut savoir ce qui est arrivé à son fils… Elle veut savoir qui en est responsable et comment cela s’est produit, et ils sont en droit de savoir

Cependant, les proches de l’officier se sont opposés à la levée de l’embargo, faisant valoir par l’intermédiaire de leur avocat que l’armée prévoyait de ne divulguer que les détails de l’affaire qui étayaient son narratif et qu’ils n’avaient toujours pas pu consulter l’acte d’accusation déposé contre lui.

« La famille veut savoir ce qui est arrivé à son fils… Au bout du compte, il y a un officier – peu importe les crimes qui lui sont attribués – qui a été retrouvé mort dans une prison militaire. Elle veut savoir qui en est responsable et comment cela s’est produit, et ils sont en droit de savoir », a déclaré Me Benny Kuznitz aux journalistes avant l’audience.

Kuznitz a maintenu que si la famille comprenait que certains aspects de l’affaire concernant les accusations portées contre l’officier devaient rester classifiés, l’armée devait faire preuve de transparence quant à l’enquête sur sa mort.

Les procureurs militaires ont reconnu que la censure n’avait pas permis d’empêcher que des informations soient largement publiées en ligne et qu’elle avait contribué à alimenter des théories de conspiration insensées sur l’affaire.

« Notre demande d’autoriser la publication d’aspects supplémentaires de l’affaire tient compte des changements importants qui se sont produits récemment, en particulier ces derniers jours. Je fais référence à des rapports dans des publications en Israël et dans le monde entier, dont certains violent l’embargo ou ne le respectent pas. Certains d’entre eux présentent des informations trompeuses et la présentation de ces informations trompeuses a des conséquences liées à la sécurité », a déclaré à la cour le procureur militaire chargé de l’affaire, le lieutenant-colonel Matan Solomosh.

« Des circonstances ont été créées dans lesquelles il y a non seulement des rapports qui peuvent nuire à la sécurité nationale, mais aussi des représentations inexactes – pour ne pas dire plus – sur l’officier, que sa mémoire soit bénie », a déclaré Solomosh.

Solomosh a déclaré que l’armée avait l’intention de montrer à la famille de l’officier le dossier d’accusation contre lui plus tard dans la journée de lundi, à l’exception de certains détails particulièrement sensibles.

Kuznitz, l’avocat de la famille, a fait valoir que les détails spécifiques que l’armée avait l’intention de publier avaient été choisis par intérêt personnel.

« Les détails qu’ils veulent publier tentent de former un récit. Les détails qu’ils ont écrits sont totalement trompeurs sur les motivations de l’officier. Ce jeune homme a remporté un certain nombre de prix de la défense israélienne ; cela ne devrait-il pas être noté ? La pression exercée pour autoriser la publication de détails supplémentaires provient d’une source peu claire », a déclaré Kuznitz.

L’affaire impliquant l’officier a été comparée à ce qui a été appelé l’affaire du Prisonnier X, dans laquelle un ressortissant australo-israélien, Ben Zygier, a été retrouvé mort en prison dans ce qui a été considéré comme un suicide alors qu’il attendait son procès pour des accusations liées à la sécurité.

Les proches de l’officier de renseignement décédé le mois dernier ont exprimé des doutes quant à son suicide et ont affirmé que l’armée avait tenté de supprimer l’historique des réseaux sociaux de l’officier au cours des dernières années.

Le soldat était décrit par les personnes ayant travaillé avec lui comme un prodige de l’informatique, ayant commencé à travailler dans la programmation dès l’adolescence. Le média israélien Hamakom Hachi Ham Bagehenom a rapporté cette semaine que l’officier avait reçu la note la plus basse possible de l’armée pour ses capacités émotionnelles et la note la plus élevée possible pour ses capacités techniques.

Le soldat étant décédé dans une prison gérée par la police militaire, son décès fera l’objet d’une enquête par l’unité des affaires internes de l’armée.

Le complexe militaire de la Prison 10, presque terminé, remplacera en mars 2021 les prisons existantes de l’armée israélienne de la Défense sous mandat britannique. (Armée israélienne)

Les concepteurs de la prison où l’officier était détenu, Neve Tzedek, ont déclaré aux journalistes lors de l’ouverture de l’établissement qu’il avait été spécialement construit pour empêcher les détenus de se suicider, avec des caméras en circuit fermé dans toute la structure et des aménagements spécialement conçus pour empêcher les gens de pouvoir se pendre.

« L’officier était en état d’arrestation depuis de nombreux mois », a déclaré un proche au journal télévisé israélien de la Douzième chaîne. « Il savait que sa sœur était en route pour la salle d’accouchement et que c’était le premier petit-enfant de ses parents. Dans ces circonstances, il est impensable que, précisément en ce jour joyeux et important pour la famille, il ait choisi de mettre fin à ses jours. »

Selon la famille, en plus de ne pas divulguer d’informations sur l’affaire au public, ni même à la famille, l’armée a supprimé une grande partie de la trace de l’officier sur les réseaux sociaux depuis 2018, selon le journal Haaretz.

Un proche de l’officier, non identifié dans le reportage, a déclaré au journal que « la colère est due à la tentative de faire disparaître une personne qui est morte dans une prison militaire. »

« Nous ne savons rien. À ce jour, personne ne nous a expliqué ce qui s’est passé », avait déclaré le parent. « L’armée se comporte comme si elle cherchait à cacher ses échecs. Comment est-il possible qu’ils essaient d’anéantir une personne de cette manière ? ».

Les membres de la famille ont déclaré que la veille de la fête de Shavouot, le 16 mai, quelques heures avant sa mort, l’officier avait appelé ses parents. Selon les sources familiales, il ne semblait pas en détresse et leur avait demandé de lui apporter des vêtements lors de leur prochaine visite, d’autres objets personnels et des friandises pour le dépanner pendant son séjour en prison. La famille a également noté que son précédent transfert d’une prison à un établissement plus récent « lui avait fait du bien » et qu’il était dans un état d’esprit positif.

La famille a également exprimé sa colère face à la façon dont les commandants et les amis de l’officier l’ont abandonné après son arrestation.

Cependant, avant ses funérailles, certains commandants de l’officier ont demandé à assister à l’événement, mais la famille a refusé, selon Haaretz. La famille a déclaré que depuis les funérailles, aucun haut responsable de Tsahal n’est venu rendre visite à la famille pour discuter de la mort de l’officier.

Le soldat a été soumis à une autopsie pour déterminer la cause du décès et un médecin légiste a assisté à l’autopsie au nom de la famille, ainsi que des membres de l’unité de sécurité de l’information de l’armée, selon Haaretz.

La famille attend toujours les résultats de l’autopsie.

Le militaire a été enterré dans une parcelle du cimetière civil et ne sera pas reconnu comme un soldat mort au combat car le soldat avait été officiellement libéré de l’armée alors qu’il était en prison et n’avait donc pas droit à des funérailles militaires, a expliqué l’armée israélienne.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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