Moscou va convoquer l’ambassadrice israélienne qui a critiqué les liens Russie-Hamas
La Russie déplore les "débuts extrêmement ratés" de Simona Halperin, récemment nommée, et affirme que ses déclarations déforment sa politique étrangère
Le ministère russe des Affaires étrangères va convoquer l’ambassadrice israélienne Simona Halperin pour des « propos inacceptables » qu’elle a tenus lors d’une interview, a indiqué lundi l’agence de presse TASS citant le ministère.
Selon le ministère, Halperin a déformé la position de la Russie en matière de politique étrangère dans l’interview accordée au quotidien russe Kommersant et publiée dimanche.
Le ministère a qualifié ses déclarations de « début extrêmement raté » à son poste diplomatique, auquel elle a accédé en décembre dernier.
Dans cette interview, Halperin a critiqué le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour avoir minimisé l’importance de la Shoah et a déclaré que la Russie était trop amicale avec le groupe terroriste palestinien du Hamas, basé à Gaza
Au-delà des critiques, Halperin a également salué les liens étroits qui unissent Israël et la Russie, soulignant l’importance de la population immigrée russe en Israël et le fait que ses deux grands-pères avaient combattu pour l’Armée rouge lors de la « Grande guerre patriotique », le nom que la Russie donne à la Seconde Guerre mondiale.
Toutefois, Halperin a déclaré qu’elle ne comprenait pas pourquoi la Journée internationale de commémoration de la Shoah, qui a lieu le 27 janvier, ne faisait pas partie du calendrier officiel de la Russie et qu’elle avait l’intention de soumettre la question aux autorités.
« Je ne comprends pas vraiment pourquoi le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov minimise l’importance de cet événement monstrueux », a-t-elle déclaré à Kommersant.
Le mois dernier, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Kremlin a minimisé l’impact de la Shoah sur le peuple juif, le qualifiant d’extermination de masse de « divers groupes ethniques et sociaux ».
« Oui, de nombreuses nations ont subi de lourdes pertes, le peuple russe a payé la victoire sur le nazisme de millions et de millions de vies. Nous nous en souvenons. Mais jamais auparavant dans l’histoire, le monde n’a connu une extermination aussi massive et systématique de personnes uniquement pour des raisons ethniques. Seul le peuple juif en a fait l’expérience. Je le répéterai sans relâche », a-t-elle ajouté.
Halperin a affirmé que les dirigeants russes avaient longtemps « répété que la sécurité d’Israël était un intérêt stratégique de la Russie », mais « malheureusement, après le 7 octobre, nous avons vu que ce principe n’était plus d’actualité ».
« Il me semble que les dirigeants russes n’ont pas bien compris que nous nous trouvions dans une réalité différente et terrible. Le Hamas, soutenu par l’Iran, a mené une attaque brutale et inhumaine. Ils ont brûlé des maisons avec leurs habitants et tué des femmes, des personnes âgées et des enfants. Plus de 1 200 Israéliens ont été tués et plus de 240 [253] ont été pris en otage, dont 136 sont toujours aux mains du Hamas », a-t-elle déclaré, critiquant la Russie pour avoir mis du temps avant de condamner le massacre, et notant que des citoyens russes ont également été enlevés.
Le groupe terroriste palestinien du Hamas a refusé d’accéder à la demande de la Russie de libérer tous les citoyens russes actuellement retenus en captivité à Gaza, a déclaré le mois dernier Moussa Abu Marzouk, président adjoint du bureau politique du Hamas, à l’édition arabe du média public russe RT.
Halperin a noté que si les Frères musulmans sont un groupe terroriste interdit en Russie, leur liste ne comprend pas le Hamas, qui en est une branche.
« Mais non, les membres du Hamas sont reçus à Moscou, reçoivent l’accolade, et des tapis leur sont déroulés. Nous ne pouvons pas comprendre cela », a-t-elle souligné. « La Russie, qui a elle-même subi des attaques terroristes, ne soutient pas Israël dans sa lutte contre le terrorisme. »
« Au contraire, elle est solidaire de la République d’Afrique du Sud, qui a intenté un procès absurde contre Israël devant la Cour internationale de justice, l’accusant de ‘génocide' », a ajouté Halperin. « La position de la Russie m’inquiète et me déprime, car elle fait perdre à votre pays la sympathie des Israéliens, y compris des russophones. »
Depuis que la guerre a éclaté le 7 octobre, la Russie a régulièrement critiqué Israël, notamment au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, et a été jusqu’à accueillir des dirigeants du Hamas, ce qui est largement considéré comme un prolongement de ses liens de plus en plus chaleureux avec l’Iran.
Moscou a soutenu le droit d’Israël à se défendre, mais lui a reproché d’employer des « méthodes cruelles » dans son opération militaire contre le groupe terroriste.
Téhéran est devenu un allié clé de Moscou, qui cherche à obtenir un soutien pour son invasion de l’Ukraine. Israël n’a offert qu’un soutien relativement modeste à Kiev dans le but de préserver ses relations avec la Russie, mais les deux alliés, autrefois proches, se sont néanmoins éloignés l’un de l’autre.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.