Munitions non explosées : 15 millions de Syriens à risque
La Syrie a été ravagée par 14 ans d'une guerre qui a fait plus de 500.000 morts et plus de 10 millions de réfugiés et déplacés

Quinze millions de Syriens, soit deux tiers de la population, sont exposés aux 100.000 à 300.000 munitions non explosées éparpillées sur l’ensemble du territoire après 14 ans de guerre civile, a averti mercredi l’ONG Handicap international (HI).
« C’est un désastre absolu », s’est émue Danila Zizi, responsable du programme Syrie d’HI, lors d’un entretien avec l’AFP.
La Syrie a été ravagée par 14 ans d’une guerre qui a fait plus de 500 000 morts et plus de 10 millions de réfugiés et déplacés. Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales, reprises par Handicap international.
Mais d’après HI, entre 100 000 et 300 000 de ces munitions n’ont pas explosé, une contamination qui touche « l’ensemble du pays » et qui fait que « les deux tiers de la population courent un risque direct d’être tués ou blessés par des explosifs ».
« En Syrie, beaucoup d’armes non conventionnelles ont été utilisées, comme les barils d’explosifs, qui ont un taux d’échec plus élevé », et nombre de zones ont été minées par le groupe Etat islamique, a expliqué Danila Zizi, qui évoque « plus de quinze millions de personnes à risque ».
Alors que 800 000 déplacés internes et 280 000 réfugiés sont rentrés chez eux en Syrie depuis la chute en décembre de Bachar al-Assad, selon l’ONU, ce phénomène « constitue une menace sérieuse pour la sécurité des civils » et aura des « conséquences sur les efforts de redressement du pays », déplore HI.
Depuis un peu plus de deux mois, « on relève une forte augmentation des incidents liés aux munitions non explosées et aux restes des explosifs de guerre », avec 136 incidents enregistrés en janvier et février 2025, alerte l’ONG.
« C’est un des principaux problèmes que connaît la Syrie », juge Danila Zizi, d’autant que ces munitions non explosées se trouvent « proches d’infrastructures civiles et dans des champs », les rendant inutilisables.
Et cette cadre d’HI de raconter l’histoire de deux adolescents de Deir Ezzor (Est) qui ont sauté sur une mine en janvier. L’un a eu une jambe amputée, l’autre a été « sévèrement brûlé et blessé ».
« Ces incidents sont quotidiens. Il est même difficile de les recenser », a-t-elle regretté, appelant à cartographier le territoire syrien et à démarrer sa décontamination. Un processus aussi long que coûteux alors que l’aide humanitaire internationale tend à diminuer, notamment celle provenant des Etats-Unis.