Nantes : la justice confirme l’interdiction d’un concert de Freeze Corleone
Issa Lorenzo Diakhaté est aussi visé par une enquête préliminaire du parquet de Nice pour "apologie du terrorisme"
Le tribunal administratif de Nantes a confirmé mercredi la décision de la préfecture de Loire-Atlantique d’interdire un concert du rappeur Freeze Corleone prévu dans la soirée au Zenith de Nantes, et déjà reporté en raison d’une précédente interdiction.
« Le risque sérieux que soient tenus des propos de nature à porter de graves atteintes au respect des valeurs et des principes fondamentaux, notamment de dignité de la personne humaine (…) est constitué, alors même qu’il s’inscrit dans un contexte tendu à l’égard de la communauté juive en France », peut-on lire dans la décision.
L’avocat du rappeur, Me Sanjay Mirabeau, qui avait saisi le juge des référés, relève que « l’ordonnance dit que Freeze Corleone ne chantera pas même si le juge judiciaire considère qu’il n’y a pas d’infraction pénale ».
« L’artiste doit se taire et puis c’est tout », a-t-il réagi auprès de l’AFP.
La préfecture avait justifié cette nouvelle interdiction en expliquant que « les productions musicales de cet artiste sont connues pour ses références antisémites et haineuses contre la communauté juive ».
Début décembre, une première interdiction du concert nantais de Freeze Corleone avait été validée par le tribunal administratif.
Le concert avait été reporté au 28 février dans l’attente d’une décision du Conseil d’Etat, saisi par l’avocat du rappeur mais qui n’avait pas pu statuer, le recours ayant été déposé quelques heures avant la représentation.
« Ce concert du 28 février 2024 en Loire-Atlantique intervient dans un contexte géopolitique toujours extrêmement tendu suite à l’attaque terroriste lancée par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël et dans un contexte de menace terroriste de très haut niveau », écrit la préfecture.
Mi-février, la justice a validé l’interdiction par la préfecture du Rhône d’un concert de Freeze Corleone à Lyon, au lendemain d’une décision similaire à Lille.
A Paris, la justice administrative avait permis la tenue en novembre de deux dates au Zénith.
Âgé de 31 ans, Freeze Corleone, pseudonyme de Issa Lorenzo Diakhaté, est visé par une enquête préliminaire du parquet de Nice pour « apologie du terrorisme » pour une chanson semblant évoquer l’attentat de la Promenade des Anglais en 2016.
En 2020, Freeze Corleone a déjà fait l’objet d’une enquête, classée sans suite, pour « provocation à la haine raciale » après des clips contenant des paroles telles que « j’arrive déterminé comme Adolf dans les années 30 » ou « tous les jours RAF (rien à foutre) de la Shoah ».
Dénonçant des « propos racistes inacceptables », son label Universal Music avait annoncé la fin de leur collaboration.