Natalie Portman : la montée de l’antisémitisme « me brise le cœur »
Alors que l'antisémitisme atteint un niveau record aux Etats-Unis, la star hollywoodienne née à Jérusalem déclare que les récents propos sur les Juifs ont été "effrayants"
L’actrice israélo-américaine oscarisée Natalie Portman a condamné dimanche la multiplication des discours de haine à l’encontre des Juifs, après une série d’incidents et de propos antisémites très médiatisés aux États-Unis.
« Assister au retour en force de l’antisémitisme me fait mal au cœur », a écrit Portman sur Instagram. « Cette haine doit être combattue par un amour illimité, les uns pour les autres. Aujourd’hui, j’envoie un surplus d’amour à mes compatriotes juifs. Et j’envoie de l’amour à tous ceux qui se tiennent à nos côtés face à ces propos et à ces actions violentes. C’était douloureux et effrayant à entendre, et je suis extrêmement reconnaissante à l’égard de tous ceux qui continuent à s’élever contre l’antisémitisme avec nous, et contre toutes les formes de racisme. »
La publication de Portman est intervenue suite aux dernières déclarations antisémites du rappeur Kanye West, dont celle de jeudi où il a fait l’éloge d’Adolf Hitler, déclarant que les gens ne devraient pas critiquer les nazis. « Il y a de bonnes choses chez Hitler », a dit West, qui se fait aussi appeler Ye, dans une interview avec le conspirationniste d’extrême droite Alex Jones. « J’aime Hitler », a-t-il ajouté plus tard, avant de se qualifier lui-même de nazi.
Portman a également partagé un tweet du président américain Joe Biden consacré au dîner de son prédécesseur Donald Trump avec West et Nick Fuentes, nationaliste blanc et négationniste de la Shoah, dans sa maison de Mar-a-Lago en novembre. Dans ce tweet, Biden condamne catégoriquement l’antisémitisme, affirmant que le silence face à la haine des Juifs « est une forme de complicité ». Il a également déclaré que les dirigeants devraient rejeter toute forme d’antisémitisme plutôt que de lui donner une tribune.
Trump a été vivement critiqué pour avoir reçu West et Fuentes, y compris par le futur Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a qualifié le dîner « d’erreur« .
Dans un autre cas très médiatisé d’antisémitisme impliquant des célébrités, la superstar de la NBA Kyrie Irving avait fait la promotion en octobre sur sa page Twitter d’un film véhiculant des théories de conspiration antisémites et la niant la Shoah. Après le refus initial d’Irving de s’excuser ou de clarifier ses convictions, il avait été suspendu de son équipe, les Brooklyn Nets. Quelques semaines plus tard, Irving s’était excusé, affirmant qu’il n’était pas antisémite, et il a depuis été autorisé à réintégrer son équipe.
Natalie Portman, qui a 41 ans, est née en Israël et a déménagé aux États-Unis lorsqu’elle était enfant. Elle est connue pour ses prises de position en faveur de causes politiques. Elle a critiqué la loi israélienne controversée sur l’État-nation, qui définit Israël comme l’État-nation du peuple juif mais ne prévoit pas l’égalité des droits pour tous les citoyens israéliens. Portman a aussi soutenu avec conviction le parti démocrate aux États-Unis et défend les droits des animaux.
La publication Instagram de Portman a reçu le soutien de dizaines de milliers de ses fans, ainsi que des actrices Julianne Moore, Kat Dennings et Ayla Fisher.
De son côté, la comédienne Amy Schumer, qui s’était moquée de West pour ses débordements antisémites, a exprimé vendredi son inquiétude face à l’antisémitisme, affirmant que sa communauté avait « peur ».
« J’ai été victime de brimades dans la ville où j’ai grandi parce que j’étais juive et où je me suis sentie embarrassée en raison de mon judaïsme », a écrit Schumer sur Instagram. « Maintenant, je suis fière d’être la descendante de survivants d’Auschwitz. Il y a moins de 17 millions de Juifs dans le monde entier. Nous ne recrutons pas. Nous n’essayons pas de changer les lois pour imposer nos croyances sur le corps d’autres personnes [sic]. Étreignez un Juif aujourd’hui. L’antisémitisme porte préjudice aux Afro-américains. Réfléchissons à qui nous donnons le pouvoir ».
Selon une étude publiée en avril par l’Anti-Defamation League (ADL), l’année 2021 a enregistré le plus grand nombre de manifestations antisémites signalées aux États-Unis – le chiffre les plus élevés depuis que l’organisation a commencé à recenser les cas d’antisémitisme dans les années 1970. Une étude publiée le même mois par l’université de Tel Aviv a révélé un nombre record de signalisations d’actes antisémites dans le monde en 2021.
Le directeur du FBI, Christopher Wray, a récemment déclaré que la communauté juive américaine était « attaquée de toutes parts » et qu’elle avait « désespérément » besoin d’un soutien supplémentaire de la part de l’agence face à une nette augmentation des attaques antisémites. Il a souligné qu’environ 63 % des crimes de haine religieuse étaient motivés par l’antisémitisme, ajoutant que « cela vise un groupe qui représente environ 2,4 % de la population américaine. »