Natan Sharansky « embarrassé » par le peu de soutien israélien à l’Ukraine
Après son entretien avec le président Zelensky, l’ex-ministre et prisonnier politique a dit sa "honte" que "pas même une délégation de la Knesset" ne se soit rendue à Kiev
Natan Sharansky, ex-ministre israélien et président du conseil d’administration du Mémorial de la Shoah de Babyn Yar, a fait savoir qu’il était « embarrassé » suite aux critiques qui ont été formulées par le président ukrainien Volodymyr Zelensky au sujet de l’attitude d’Israël.
Lors d’un entretien, la semaine passée, Zelensky a en effet fait savoir à Sharansky, ex-prisonnier politique d’Union soviétique, qu’à l’exception de la Hongrie, Israël était le seul pays « du monde libre » à ne pas avoir fourni d’armes à l’Ukraine pour se défendre contre la Russie, a rapporté Ynet.
Le président ukrainien a ajouté que peu de pays étaient en mesure de fournir à l’Ukraine les systèmes de défense aérienne dont elle avait actuellement besoin, et qu’il était « naturel qu’Israël soit l’un d’entre eux ».
Suite à leur entretien d’une vingtaine de minutes en tête-à-tête, à Kiev, une rencontre qui s’est prolongé par une réunion avec l’ensemble du gouvernement – elle-même interrompue par une panne d’électricité – Sharansky a admis : « Pour tout dire, j’étais gêné d’être la première personnalité publique israélienne à m’entretenir avec lui. Depuis le début de la guerre, de nombreux dirigeants sont venus à Kiev pour s’entretenir avec Zelensky et lui offrir leur soutien. »
« Israël n’a envoyé personne, pas même une délégation de la Knesset. C’est vraiment honteux. Réunion après réunion, la déception face à Israël est énorme », a expliqué Sharansky.
Israël a bien envoyé de l’aide humanitaire à Kiev mais a toujours refusé de répondre favorablement aux demandes d’approvisionnements en armes défensives et en systèmes de défense antimissile susceptibles d’être utilisés contre les bombardements russes en particulier, et ce en dépit de sa sympathie pour l’Ukraine.
Ce refus d’Israël à fournir des armes de défense est considéré comme une tentative de maintenir des relations de qualité avec Moscou, qui contrôle l’espace aérien syrien et qui autorise régulièrement l’armée de l’air israélienne à y intervenir pour empêcher les groupes soutenus par Téhéran de s’implanter ou pour déjouer les livraisons d’armes iraniennes aux terroristes.
Les autorités israéliennes ont également exprimé leur crainte que leurs technologies militaires ne tombent entre les mains de l’ennemi et ils ont évoqué une limitation de la production et des approvisionnements.
En dépit de la politique suivie par Israël, Zelensky a déclaré la semaine passée que les relations entre Israël et l’Ukraine avaient commencé à s’améliorer, évoquant des coopérations en matière de renseignement concernant les drones Shahed de fabrication iranienne qui sont utilisés par l’armée russe contre l’Ukraine.
« Ce sont les débuts de cette coopération. Mais c’est un signal positif pour nos relations avec Israël », a expliqué Zelensky aux journalistes, ajoutant qu’« après une longue pause, je nous vois reprendre la relation ».
Sharansky est un fervent partisan de l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe, fin février, et il lance régulièrement des appels aux autorités israéliennes pour sortir de la neutralité.
Sharansky estime qu’il est du « devoir » d’Israël de fournir des armes à l’Ukraine : « Le peuple ukrainien en a besoin, mais nous aussi, le monde libre, nous en avons besoin, parce que [le président russe Vladimir] Poutine empiète sur les fondations du monde libre et qu’il entend nous priver de nos libertés. »
Lazar Berman a contribué à la rédaction de cet article.