Navot: la démocratie en Israël, pas comparable aux autres systèmes démocratiques
Interrogée sur les réformes à apporter au système judiciaire, la professeure a répondu qu'il faut "en premier lieu, se tourner vers les citoyens et leur demander : 'qu'est-ce qui vous dérange ?'"
Lors d’une interview accordée à la Douzième chaîne mercredi, la professeure Suzie Navot, l’une des principales partisanes du constitutionnalisme, a critiqué la position du gouvernement selon laquelle les réformes du processus de nomination des juges sont nécessaires sous prétexte que les politiciens choisissent les juges dans la plupart des autres démocraties.
« Israël est la seule démocratie où notre Haute Cour est la seule institution qui peut limiter le pouvoir du gouvernement », a déclaré Navot, expliquant que l’indépendance de la Cour est cruciale parce qu’Israël n’a pas de caractéristiques communes aux autres démocraties, telles que des droits protégés par une Constitution ou bien deux chambres du Parlement qui se contrôlent mutuellement.
« Dans la plupart des démocraties d’aujourd’hui, on a tendance à s’orienter vers le système israélien, qui limite le pouvoir des politiciens et l’équilibre avec des considérations professionnelles et le travail d’autres organes consultatifs », a-t-elle déclaré, indiquant qu’un autre système pourrait fonctionner uniquement si Israël était pourvu d’une constitution.
Navot a déclaré qu’il serait difficile de savoir à quoi ressemblerait Israël après les réformes, notant qu’en l’état actuel des choses, « la Knesset n’a pas le pouvoir de nuire, de détruire ou d’éliminer les valeurs fondamentales de l’État. Ni les valeurs juives, ni les valeurs démocratiques ».
Navot a suggéré que si une faible majorité de 61 sièges à la Knesset voulait faire d’Israël un État totalement laïc, « nous dirions également que cet organe n’a pas l’autorité nécessaire pour éliminer les fondements du régime. »
Interrogée sur les réformes à apporter au système judiciaire, Navot a répondu qu’il fallait « en premier lieu, se tourner vers les citoyens et leur demander : qu’est-ce qui vous dérange ? ».
« Les citoyens sont dérangés par le fait qu’une affaire pénale peut prendre cinq ou sept ans. Une justice différée n’est pas une justice », a-t-elle déclaré, suggérant la création d’un tribunal au-dessus des tribunaux de district, qui pourrait traiter les appels et alléger la charge de la Cour suprême, qui traite ces demandes.