Netanyahu absent à la cérémonie en hommage à Rabin ? Réaction de Gantz
"Quelles que soient les critiques qu'il recevra, le Premier ministre doit (...) respecter la mémoire d'un Premier ministre assassiné", a affirmé le député de l'opposition
Benny Gantz, chef du parti d’opposition HaMahane HaMamlahti, a attaqué le Premier ministre Benjamin Netanyahu mardi à propos d’informations selon lesquelles il boycotterait le mois prochain la cérémonie annuelle organisée par l’État en mémoire de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin.
La Douzième chaîne et Haaretz ont cité des collaborateurs anonymes du Premier ministre confirmant qu’il ne participerait pas à l’événement et déclarant qu’il était devenu « politique ».
Netanyahu, qui est confronté à des protestations persistantes contre sa coalition durant presque tous les événements publics auxquels il participe en Israël et à l’étranger, serait le premier Premier ministre en exercice à boycotter la cérémonie au Carré des grands leaders de la nation dans le cimetière du mont Herzl à Jérusalem.
La cérémonie, qui rend hommage au leader de gauche assassiné en 1995 par l’extrémiste de droite Yigal Amir, tend à devenir un terrain d’affrontement entre Netanyahu et les proches de Rabin, dont beaucoup reprochent à l’actuel Premier ministre et chef de l’opposition de l’époque d’être à l’origine du climat politique clivant qui a conduit à l’assassinat, et qui l’accusent de plus en plus d’attiser une fois de plus les divisions au sein du pays.
Mardi, Gantz a réagi à la décision sur X, anciennement Twitter, la qualifiant « d’anti-État » et « d’échec du leadership ».
« Quelles que soient les critiques qu’il recevra, le Premier ministre israélien doit faire ce qu’il faut, respecter la mémoire d’un Premier ministre assassiné et se présenter à la cérémonie », a-t-il écrit. « Si ce n’est pas au nom de son devoir personnel, ce sera au nom de l’État d’Israël et de tous les citoyens israéliens. »
Le député Ram Ben Barak (Yesh Atid), a également critiqué Netanyahu, l’accusant d’être responsable de l’incitation à la haine qui a conduit au meurtre de Rabin et l’accusant de n’avoir « jamais abandonné ses partenaires idéologiques » d’extrême-droite, faisant apparemment référence aux membres actuels de la coalition Itamar Ben Gvir, Bezalel Smotrich (HaTzionout HaDatit) et Avi Maoz (Noam).
En revanche, la cheffe du parti Avoda, Merav Michaeli, a salué l’absence de Netanyahu et a estimé que cela serait bénéfique à la cérémonie.
« Une bonne décision de Netanyahu, pour une fois », a-t-elle déclaré. « Il n’y a aucune raison pour que l’homme qui a incité à la violence contre Rabin assiste à la cérémonie commémorative du meurtre de Rabin. La cérémonie sera plus digne et solennelle sans lui. »
Selon les informations de lundi, le Bureau du Premier ministre a informé les organisateurs de la cérémonie du 26 octobre ces derniers jours qu’il n’était pas nécessaire de réserver une place pour Netanyahu lors de l’événement de cette année.
Les médias ont cité des proches de Netanyahu expliquant son absence en disant que la cérémonie était « devenue un événement politique ». Bien qu’ils aient noté qu’aucune décision définitive n’ait encore été prise, ils ont déclaré qu’il assisterait probablement seulement à la cérémonie officielle à la Knesset.
Bien que ce soit sa première absence en tant que Premier ministre, Netanyahu avait déjà snobé la cérémonie du mont Herzl lorsqu’il était chef de l’opposition en 2021. Il n’avait également pas pris part à la cérémonie de l’année dernière, qui avait eu lieu quelques jours avant les élections législatives qui l’avaient finalement ramené au pouvoir.
L’assassin Amir avait abattu Rabin à la fin d’une grande manifestation pour la paix à Tel Aviv, qui avait été organisée pour mettre en avant l’opposition à la violence et montrer le soutien public à ses efforts de négociation avec les Palestiniens.
Netanyahu a nié toute responsabilité dans l’incitation qui aurait conduit au meurtre.
Dans son livre Bibi : My Story, publié à l’automne dernier, Netanyahu affirme qu’Avishaï Raviv, qui avait agi en tant qu’agent provocateur au sein de l’extrême-droite, avait pour mission d’inciter les extrémistes de droite à la violence contre Rabin en utilisant des affiches imprimées par l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet.
Netanyahu faisait spécifiquement référence à une manifestation en 1995 qui avait eu lieu à Jérusalem un mois avant le meurtre de Rabin, lors de laquelle il avait pris la parole depuis un balcon du centre-ville de Jérusalem tandis que les manifestants en bas portaient des affiches montrant le Premier ministre de l’époque habillé en uniforme nazi.
Des centaines d’anciens agents du Shin Bet, dont d’anciens responsables de l’agence, ont envoyé une lettre plus tôt cette année à Netanyahu l’accusant de mentir et de promouvoir des théories du complot à propos de cette affirmation.
Lors d’un rassemblement du parti Avoda commémorant la mort de Rabin l’année dernière, place Zion, la présidente de la faction, Michaeli, avait vivement critiqué la prise de parole de Netanyahu lors de la manifestation controversée de 1995 sur la même place de Jérusalem.
« Sur ce balcon, au-dessus de ces chants, se tenait le chef du Likud qui avait organisé la manifestation », a-t-elle déclaré. « D’autres membres du Likud de l’époque, qui étaient également opposés aux Accords d’Oslo, Benny Begin, David Levy et Dan Meridor, avaient quitté le balcon. Ils n’étaient pas prêts à faire partie de cette terrible incitation à la violence. Mais pas le président du Likud. Il est resté sur le balcon, souriant et très heureux, satisfait de son grand succès. »
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.