Netanyahu annonce une expansion des implantations, – mais la droite veut plus
"Ils s'imaginent nous déraciner de nos terres mais ils n'y parviendront pas", a noté le Premier ministre ; la droite de la coalition exige des mesures drastiques

Le Premier ministre et ministre de la Défense Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi une série de démarches punitives en réponse à la récente série d’attentats terroristes palestiniens.
La première d’entre elles est une directive visant à accélérer la démolition des habitations des terroristes, qui serait alors effectuée dans les quarante-huit heures suivant un attentat.
La légalité au de la possibilité d’un appel de la part des familles touchées devant les tribunaux dans un tel cas de figure reste encore indéterminée.
Netanyahu a ordonné aux militaires de fermer la ville d’al-Bireh, à proximité de Ramallah, de révoquer les autorisations des parents des terroristes palestiniens et de renforcer les détentions administratives des opérateurs du groupe terroriste palestinien du Hamas dans la région.
Le Premier ministre a aussi annoncé qu’il légaliserait des milliers d’habitations israéliennes illégales au-delà de la Ligne verte qui auraient été construites de « bonne foi ». La déclaration n’a pas détaillé sur quels fondements législatifs Netanyahu pourra s’appuyer pour imposer une telle décision.

De plus, le communiqué du Premier ministre a précisé que Netanyahu avait demandé au procureur-général Avichai Mandelblit de prendre des initiatives pour permettre la construction de 82 nouvelles habitations dans l’implantation d’Ofra, à proximité de l’endroit où a eu lieu dimanche l’attentat terroriste.
Netanyahu fera la promotion de l’établissement des zones industrielles des implantations de Beitar Illit et d’Avnei Hefetz.
« Ils s’imaginent nous déraciner de nos terres mais ils n’y parviendront pas », a noté Netanyahu à la fin de sa déclaration.
Les forces israéliennes traquent vendredi les auteurs du dernier en date d’une série d’attentats palestiniens, qui remet en cause des mois de calme relatif en Cisjordanie occupée et soumet Netanyahu aux ultimatums de sa droite.
La presse israélienne se demande, comme la Une du quotidien Yedioth Aharonot, « comment éviter une intifada ».

Deux soldats ont été tués et un soldat et une civile grièvement blessés jeudi quand un homme descendu de voiture a ouvert le feu contre un arrêt de bus près de l’avant-poste illégal de Givat Assaf, non loin de Ramallah, dans un secteur où les implantations israéliennes jouxtent les localités palestiniennes. Le tireur a pris la fuite.
L’armée a ensuite annoncé l’envoi de renforts. Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, a été bouclée.
Des heurts entre Palestiniens et forces israéliennes ont éclaté à différents endroits. Des colons criant vengeance ont caillassé des véhicules palestiniens. Le chauffeur arabe d’un bus public israélien a été sévèrement battu par des ultra-orthodoxes juifs à Modiin Illit.
Vendredi, un soldat israélien a été grièvement blessé dans une nouvelle attaque près de l’implantation de Beit El par un terroriste palestinien à l’aide d’une arme blanche et d’une pierre, a indiqué l’armée.
Le Hamas a revendiqué l’attentat qui a tué deux Israéliens le 7 octobre et, un autre dimanche qui a causé la mort d’un bébé mis au monde prématurément, provoquant un vif émoi chez les Israéliens. Israël voit la main du Hamas dans l’attaque de jeudi, indiquant qu’une seule cellule terroriste était responsable des récentes attaques.
Le Hamas active des cellules réduites en Cisjordanie, avec trois objectifs, écrit le quotidien Israel Hayom : « Se venger de la situation à Gaza, saper les positions de l’Autorité palestinienne, poursuivre le jihad contre Israël ». Le Hamas, qui jure de détruire Israël, fête le 31e anniversaire de sa création vendredi : « L’ennemi ne doit rêver ni de sécurité, ni de stabilité en Cisjordanie », a-t-il juré.
Après avoir frôlé une nouvelle guerre, Israël et le Hamas ont conclu un cessez-le-feu à Gaza le 13 novembre. Mais M. Netanyahu a fait passer un message au Hamas : pas de trêve à Gaza en même temps que des violences en Cisjordanie, selon les médias.
Netanyahu a ordonné plus de troupes et plus de check-points sur les routes de Cisjordanie. Il veut que les maisons d’auteurs d’attentat puissent être détruites sous 48 heures. Il a décidé un recours accru à la détention administrative pratique controversée héritée du mandat britannique et qui permet de détenir un individu sans inculpation ni procès.
C’est encore insuffisant pour la frange la plus à droite des résidents juifs des implantations. Des centaines d’entre eux ont manifesté jeudi devant la résidence du Premier ministre, où son nom a été conspué.
Les exigences vont de la fermeture des routes de Cisjordanie pour les Palestiniens aux mesures de rétorsion contre la population palestinienne, en passant par une opération militaire d’envergure.
« S’ils (les Palestiniens) continuent à se déplacer librement et à nous massacrer comme des canards, ce gouvernement n’a pas de raison d’exister une journée de plus », a dit le député nationaliste religieux Bezalel Smotrich, lui-même, résident d’implantation.