Netanyahu : Après la chute d’Assad, Israël « transforme la face du Moyen-Orient »
Première conférence de presse en 99 jours, le Premier ministre déclare que le tyran déchu était la clé de voute de l'axe iranien, que l'État juif "démantèle pas à pas"
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Un nouveau chapitre s’est ouvert au Moyen-Orient avec la chute du régime du dictateur syrien Bashar el-Assad en Syrie, a déclaré lundi le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une conférence de presse à Jérusalem – sa première en 99 jours.
S’exprimant devant la presse et en prime-time, le Premier ministre a affirmé qu’Israël remportait la victoire sur ses ennemis « pas à pas » dans une « guerre de survie qui nous a été imposée », et a cité la Syrie d’Assad comme un « élément central de l’axe du mal de l’Iran ».
Dimanche matin, une coalition rebelle menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l’ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie, a pris le contrôle de Damas après une offensive éclair de deux semaines. Cette offensive met ainsi fin à quatorze ans de guerre civile contre le gouvernement syrien et à cinquante-quatre ans de règne du clan Assad.
Netanyahu a souligné les milliards de dollars investis par l’Iran pour maintenir Assad au pouvoir, ainsi que la cruauté du régime à l’égard de ses citoyens, notant qu’il « a massacré des centaines de milliers de ses propres citoyens ».
Il a notamment affirmé que la Syrie d’Assad « encourageait l’hostilité et la haine » envers Israël, qu’elle l’avait attaqué lors de la Guerre de Kippour en 1973, qu’elle constituait « un avant-poste du terrorisme iranien » et qu’elle était un réservoir d’armes à destination du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Faisant référence à la reprise et à l’annexion du Golan par Israël en 1967, Netanyahu a déclaré qu’aujourd’hui « tout le monde comprend l’importance cruciale de notre présence sur le Golan, et non sur ses contreforts », ajoutant que l’emprise d’Israël sur le Golan garantit sa sécurité et sa souveraineté.
Le Premier ministre a également remercié le président américain-élu Donald Trump d’avoir « reconnu la souveraineté israélienne » sur le Golan en 2019.
« Le plateau du Golan fera toujours partie intégrante de l’État d’Israël », a-t-il martelé.
Netanyahu a réitéré sa position selon laquelle la chute d’Assad était le « résultat direct des coups durs que nous avons portés au [groupe terroriste palestinien du] Hamas, au Hezbollah et à l’Iran », et a déclaré que depuis le pogrom du 7 octobre 2023, Israël travaillait de manière « systématique, mesurée et ordonnée » pour démanteler l’axe iranien.
À Gaza, a-t-il déclaré, Israël agit désormais « pour anéantir les dernières capacités armées du Hamas et toutes les capacités gouvernementales du Hamas », et pour ramener tous les otages.
Israël est en conflit direct avec les mandataires de l’Iran depuis que la guerre a éclaté l’année dernière, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
Concernant le Liban, Netanyahu a souligné que le défunt chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait été le lien principal entre le Hezbollah, la Syrie et l’Iran. Il était « l’axe de l’axe – frappez-le et vous toucherez sévèrement l’axe ».
« L’élimination de Nasrallah a marqué un tournant dans l’effondrement de l’axe », a-t-il affirmé, ajoutant que « Nasrallah n’est plus parmi nous et l’axe n’est plus ce qu’il était ». Israël « le démantèle pas à pas ».
Le Hezbollah a commencé à lancer des attaques transfrontalières contre Israël dès le lendemain de l’assaut barbare et sadique du Hamas, le 7 octobre 2023. Le groupe terroriste chiite libanais a tiré des roquettes et des drones sur les communautés frontalières et les postes militaires, forçant ainsi quelque 60 000 Israéliens à évacuer leurs habitations dans le nord du pays. Fin septembre, Nasrallah a été éliminé par une frappe aérienne israélienne à Beyrouth, alors que l’État hébreu intensifiait sa campagne contre le Hezbollah, lançant finalement une incursion terrestre dans le sud du Liban.
Fin novembre, les parties ont conclu un cessez-le-feu, qui est globalement respecté, malgré quelques frappes aériennes d’Israël contre des terroristes du Hezbollah en raison de violations présumées de la trêve.
« L’Iran a mis en place un circuit terroriste qui relie le golfe Persique à la mer Méditerranée, l’Iran à l’Irak, l’Irak à la Syrie, puis la Syrie au Liban. Il a armé le Hamas dans le sud. Plus au sud, les Houthis, que nous avons également durement touchés », a-t-il déclaré, tout en ajoutant que « l’axe n’a toujours pas disparu ».
« Mais comme je l’ai promis, nous transformons la face du Moyen-Orient », a déclaré Netanyahu. « L’État d’Israël est en train de confirmer son statut de pivot du pouvoir dans notre région, ce qui n’avait pas été le cas depuis des décennies. »
« Quiconque coopère avec nous en retire de grands avantages. Celui qui nous attaque s’expose à de lourdes pertes », a-t-il réaffirmé, ajoutant qu’il souhaitait voir une Syrie différente, dans l’intérêt d’Israël et des Syriens.
« Nous l’avons prouvé au début de la guerre civile en construisant un hôpital de campagne à la frontière et en soignant des milliers de blessés syriens », a-t-il rappelé.
« Des centaines d’enfants syriens sont nés en Israël. Aujourd’hui encore, nous tendons la main à quiconque veut vivre en paix avec nous, et nous couperons la main de quiconque cherche à nous nuire. »
Concernant les nouvelles positions de Tsahal dans la zone-tampon entre Israël et la Syrie sur le plateau du Golan, Netanyahu a indiqué qu’il avait ordonné à l’armée de prendre le contrôle de la zone-tampon et des points d’accès, y compris ce que l’on appelle le « Hermon syrien ».
L’armée israélienne a souligné que ce mouvement, qui a vu ses troupes prendre position à l’intérieur de la zone-tampon pour la première fois depuis l’accord de désengagement de 1974, était temporaire. Elle a toutefois reconnu que les soldats resteraient probablement à l’intérieur du territoire syrien dans un avenir proche.
Plus loin dans son discours, Netanyahu a déclaré que la guerre d’Israël sur plusieurs fronts avait été couronnée de succès grâce à trois éléments : la bravoure des soldats, la résilience du front intérieur et la volonté de son gouvernement et de Netanyahu lui-même de résister aux fortes pressions nationales et internationales « pour arrêter la guerre avant que nous n’ayons atteint tous nos objectifs ».
« Nos actions démontent l’axe brique par brique, et tout cela parce que nous avons résisté, j’ai résisté, aux pressions pour arrêter la guerre prématurément », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il s’en tenait à ses « objectifs de guerre jusqu’à la victoire totale ».
L’objectif d’une victoire totale – que « les gens ont tourné en dérision » – « devient aujourd’hui réalité ».
Concernant le Hamas, il a déclaré que le groupe terroriste palestinien basé à Gaza était « plus isolé que jamais » après la chute d’Assad en Syrie. « Il espérait une unification des fronts. Au lieu de cela, il a obtenu un effondrement des fronts. Il espérait l’aide du Hezbollah, que nous lui avons coupée. Il s’attendait à l’aide de l’Iran, mais nous l’avons également ôtée. Il espérait l’aide du régime Assad, mais cela n’arrivera plus maintenant », a-t-il détaillé.
« L’isolement du Hamas ouvre une nouvelle voie pour parvenir à un accord qui permettra de ramener nos otages », a-t-il déclaré, promettant que lui et son gouvernement « retourneront chaque pierre » pour permettre le retour de tous les otages, « qu’ils soient encore en vie ou non ».
Les négociations en vue d’un accord de « trêve contre libération d’otages » ont été bloquées et ont échoué à maintes reprises au cours de l’année écoulée, mais elles ont récemment repris à la suite du cessez-le-feu au Liban et d’autres événements régionaux, ainsi que de la menace de Trump qui a déclaré qu’il y aurait « un prix TERRIBLE » si les otages ne sont pas libérés d’ici le 20 janvier, date à laquelle il prendra ses fonctions.
Israël estime que 96 des 251 otages enlevés le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps d’au moins 34 personnes dont l’armée israélienne a confirmé la mort. Au cours des quatorze derniers mois, les troupes de Tsahal ont sauvé huit otages et récupéré les corps de 38 d’entre eux.
« Nous étions là avant nos ennemis, et nous serons là après eux », a conclu Netanyahu, en avertissant qu’Israël avait encore de « grands défis » à relever, mais qu’il est convaincu que l’État juif l’emporterait.
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