Netanyahu parle énergie avec ses homologues chypriote et grec
A Nicosie, le Premier ministre vante la coopération régionale, évoque la possibilité d'acheter un supertanker contre les incendies et présente un projet de câble à fibre optique
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
NICOSIA, Chypre – Les projets de transport de la production israélienne de gaz naturel à travers la Méditerranée vers l’Europe, qui sont dans l’impasse, étaient au cœur des discussions dimanche lors de la rencontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu avec ses homologues chypriote et grec.
Netanyahu est arrivé à Nicosie dimanche après-midi dans le cadre d’un voyage de deux jours pour rencontrer le président chypriote Nikos Christodoulides et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, le dernier d’une série de sommets trilatéraux qui ont été lancés en 2016.
Depuis, les deux pays sont engagés dans des discussions fastidieuses pour trouver une solution au problème du transport du gaz naturel israélien vers l’Europe via Chypre. Une première option, le gazoduc de la Méditerranée orientale, permettrait d’acheminer le gaz naturel issu de la production offshore d’Israël vers la Grèce via Chypre. Une deuxième option consisterait à raccourcir le gazoduc d’Israël jusqu’à un terminal de liquéfaction à Chypre, d’où le gaz serait transporté vers l’Europe.
Pendant que Netanyahu rencontrait Christodoulides, son ministre de l’Énergie, Israël Katz, s’entretenait séparément avec ses homologues turc et égyptien, ainsi qu’avec l’envoyé américain chargé des efforts de normalisation régionale, Dan Shapiro, au sujet des exportations de gaz en Méditerranée orientale.
Les entretiens avec le ministre égyptien du Pétrole, Tarek el-Molla, et le ministre turc de l’Énergie, Alparslan Bayraktar, semblent faire partie d’une stratégie à deux volets visant à apaiser les tensions entre Chypre et la Turquie, deux pays rivaux.
Bayraktar a déclaré que les discussions avec Katz avaient été productives et qu’il se rendrait en Israël dès que possible.
Katz a indiqué que les discussions étaient « une continuation de mes entretiens avec les ministres de l’Énergie grec et chypriote. »
Il a décrit les richesses gazières offshore d’Israël comme étant « essentielles aux accords régionaux », évoquant peut-être la raison de la présence de Shapiro. Cet ancien ambassadeur des États-Unis est aujourd’hui l’interlocuteur de l’administration Biden pour l’élargissement des accords d’Abraham de 2020, qui ont permis la normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc. L’administration Biden travaille actuellement à l’établissement de liens officiels entre Israël et l’Arabie saoudite.
« Notre gaz, notre technologie et nos énergies renouvelables sont au centre des intérêts régionaux », a écrit Katz dans une publication sur X. « Les politiques d’exportation de gaz reflètent et renforcent nos atouts. »
Netanyahu et Christodoulides ont déclaré qu’en plus de l’énergie, ils ont aussi discuté des infrastructures, du tourisme et de la coopération antiterroriste lors de leur réunion bilatérale à Nicosie aujourd’hui.
Le Premier ministre a suggéré l’idée de réaliser des projets d’infrastructure tels qu’un câble de fibre optique reliant les pays d’Asie et de la péninsule arabique à l’Europe, via Israël et Chypre. Netanyahu s’est dit « assez confiant » dans la faisabilité de la mise en place d’un tel « corridor » pour relier l’Asie à l’Europe via Israël et Chypre.
Il a ajouté que de tels projets pourraient voir le jour si Israël normalisait ses relations avec d’autres pays de la région.
« Un exemple, et le plus évident, est la connexion par fibre optique. C’est la voie la plus courte. C’est la voie la plus sûre. C’est la voie la plus économique », a affirmé Netanyahu aux journalistes en compagnie de Christodoulides après leur réunion.
Netanyahu a également indiqué que les dirigeants avaient discuté de la mise en place d’une ligne de raccordement énergétique qui pourrait à terme être également connectée aux « pays à l’est », en d’autres termes aux États arabes. Il a par ailleurs réaffirmé sa volonté et celle de Christodoulides de faire avancer le projet de câble électrique sous-marin de 2 000 mégawatts, connu sous le nom d’interconnecteur EurAsia, reliant Israël à Chypre et à la Grèce et destiné à servir d’approvisionnement énergétique de secours pour Israël et Chypre.
Christodoulides s’est montré enthousiaste à l’idée que Chypre puisse jouer un rôle dans les relations développées dans le cadre des accords d’Abraham, déclarant que son pays « a tout intérêt à servir de porte d’entrée à des partenaires partageant les mêmes idées ».
Netanyahu a également évoqué la possibilité qu’Israël, Chypre et la Grèce achètent conjointement un avion supertanker pour la lutte contre les incendies, que les pays pourraient utiliser en cas d’incendies de grande ampleur, selon une source du cabinet du Premier ministre.
Dans ses déclarations, le Premier ministre a également félicité Chypre pour son rôle dans la prévention d’une attaque terroriste, qui aurait été planifiée avec le soutien de l’Iran, contre des cibles israéliennes et juives à Chypre cet été.
Netanyahu a remercié Nicosie pour sa coopération en matière de sécurité et de défense et « pour le travail remarquable des services de sécurité chypriotes qui ont déjoué une tentative d’attentat contre des Israéliens sur le sol chypriote ».
Le Premier ministre, qui voyageait avec son épouse, a passé la nuit dans la ville balnéaire de Limassol dimanche soir, avant de retourner à Nicosie lundi pour d’autres réunions avec Christodoulides et le Premier ministre grec.
Ces rencontres entre les dirigeants des trois pays sont devenues depuis 2016 un élément essentiel de ce qu’ils ont décrété être des liens florissants que Netanyahu a qualifiés de « profonde amitié, à la fois personnelle, mais aussi entre nos nations » qui est « réelle » et « qui aurait dû être établie depuis longtemps. »
Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen était également en mission diplomatique à l’étranger, il a atterri à l’aéroport international de Manama au Bahreïn dimanche après-midi pour sa première visite d’État à un signataire des accords d’Abraham.