Netanyahu propose une ‘synagogue de remplacement’ à Givat Zeev
Netanyahu propose de construire un nouveau lieu de culte pour remplacer celui qui doit bientôt être démoli, mais les rabbins jurent de poursuivre la lutte
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
ALors que se rapproche la date limite fixée par la Haute Cour de Justice pour la démolition d’une synagogue construite illégalement dans l’implantation de Givat Zeev, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ainsi que des ministres de paris religieux, se sont accordés dimanche pour construire un lieu de culte de remplacement à proximité, ont indiqué des responsables.
Netanyahu a rencontré le ministre de la Défense Moshe Yaalon, le chef de file du parti HaBayit HaYehudi Naftali Bennett et le chef de file du parti Shas Aryeh Deri, avec le chef du conseil régional de Givat Zeev, Yossi Avrahami, pour finaliser l’accord qui vise à apaiser certaines des disputes entourant le bâtiment.
Selon l’accord, la construction de la nouvelle synagogue commencerait immédiatement, et la communauté actuelle se déplacerait vers un emplacement temporaire dans l’intervalle.
Bien que la décision ait été présentée comme un compromis, certains des activistes, dont le rabbin de la synagogue, ont promis de poursuivre la lutte contre l’ordre de démolition jusqu’à ce que la construction de la synagogue de remplacement soit terminée – bien au-delà de la date limite du 17 novembre prévue pour la démolition de la synagogue actuelle.
« Nous allons attendre jusqu’à ce que le [nouveau] bâtiment soit entièrement construit, et ensuite nous allons quitter la synagogue, » a dit le rabbin Azriel Cohen au site ultra-orthodoxe Hakol Hayehudi.
« En attendant, nous allons poursuivre le combat et la protestation va continuer jusqu’à ce qu’ils nous apportent une offre qui soit acceptable pour l’ensemble de la communauté », a ajouté Cohen.
L’organisation de défense des droits l’homme Yesh Din avait déposé une plainte contre la synagogue Ayelet Hashahar en 2008, bien que la synagogue soit en usage depuis près de 20 ans.
Selon la plainte, le bâtiment aurait été construit sans permis sur des terres palestiniennes privées qui avaient été inclues illégalement à l’implantation juive, située au nord-ouest de Jérusalem.
La Cour suprême avait initialement ordonné la démolition de la synagogue pour le mois d’août, et le ministère de la Défense avait même commencé à sortir des meubles de la synagogue.
Cependant, l’ordre a été reporté à la dernière minute lorsque des avocats de l’implantation ont fourni à la Cour des documents prouvant que l’achat du terrain était licite.
Quand une analyse a révélé que ces documents étaient falsifiés, la démolition a été reportée par la Cour suprême au 4 novembre.
Cependant dans les jours qui ont précédé le nouvel ordre de démolition, le ministère de la Défense a fait face à une vague de protestations. Des activistes se sont barricadés dans le lieu de culte, des vandales ont peint à la bombe l’inscription « Tu ne détruiras pas de synagogue » sur les murs de la Cour suprême, et d’éminents rabbins ont publié un communiqué condamnant la démolition.
Des rabbins séfarades, dont le chef spirituel du parti Shas le rabbin Shalom Cohen, ont déclaré dans un communiqué que l’ordonnance de la cour devait être ignoré, et que ceux qui refuseraient de participer à la « profanation du nom de Dieu » récolteraient les bénédictions de Dieu.
« Jusqu’à présent, nous avons lutté avec des gants, mais quand tout le monde est contre nous, rien ne nous arrêtera. S’il n’y a pas le choix, nous allons même utiliser la violence, » a menacé David Harush, un responsable de la synagogue, en réaction à l’ordre de démolition du 4 novembre.
« Nous avons des bonbonnes de gaz, des masques, et tout ce dont nous avons besoin pour arrêter la destruction », a déclaré un autre manifestant.
Une protection supplémentaire de sécurité a même été affectée à la présidente de la Cour suprême, la juge Miriam Naor, qui était derrière la décision de démolir la synagogue.
En raison de risques de violence, le tribunal a à nouveau reporté à contrecœur l’ordre de démolition, donnant au ministère de la Défense jusqu’au 17 novembre pour raser le bâtiment.
Depuis cette décision, des centaines de personnes ont afflué vers la synagogue Ayelet Hashahar pour soutenir et se joindre aux manifestants. Plus de 600 partisans ont participé à un rassemblement â la synagogue, selon le site de droite Israel National News.
La police a arrêté jeudi six manifestants de droite pour manifestation illégale et pour avoir bloqué une des routes menant à l’implantation avec des pneus enflammés.
Le ministre de la Défense Moshe Yaalon s’est exprimé lundi dernier contre les manifestants, les qualifiant de «groupe de brutes. »
Selon Yaalon la motivation derrière la construction de la synagogue n’était pas spirituelle, mais financière.
« Ils veulent construire un autre bed-and-brakfast pour faire de l’argent, et pour garder l’emplacement, ils y ont construit une synagogue », a soutenu le ministre de la Défense devant les journalistes.
La proposition de Netanyahu pour remplacer la synagogue Ayelet Hashahar était destinée à être un compromis entre les deux parties. Mais en dépit de ses tentatives de conciliation, des rabbins de droite de premier plan ont promis de poursuivre leur lutte.
Le rabbin de Hébron et de Kiryat Arba Dov Lior, et le rabbin David Chai Hacohen, qui est à la tête d’un éminent séminaire à Bat Yam, ont rejoint le rabbin de la synagogue pour exprimer leur opposition à l’accord, affirmant qu’il allait à l’encontre la loi juive.
« Si – à Dieu ne plaise – la synagogue était détruite, qui sait quel genre de reproche sera sur la nation d’Israël et quelles catastrophes vont nous arriver comme résultat », a écrit le bureau de Lior dans un communiqué après l’annonce de dimanche.