Netanyahu refuse qu’Israël informe Washington avant de frapper des sites iraniens
Or, sous ses différents gouvernements, l'ex-Premier ministre avait aussi convenu une politique "sans surprise" avec les États-Unis

Le chef de l’opposition Benjamin Netanyahu s’en est pris lundi au gouvernement après qu’un article de presse eut déclaré qu’Israël avait consulté les États-Unis avant de mener des attaques plus tôt cette année contre une installation nucléaire iranienne et une base de missiles.
« J’ai vu l’article dans le New York Times selon lequel Israël informe les États-Unis de ses opérations et de ses plans vis-à-vis de l’Iran. Si c’est vrai, c’est une grave erreur », a déclaré M. Netanyahu lors d’une réunion de son parti du Likud à la Knesset.
Selon l’article publié samedi, Israël s’est entretenu avec les États-Unis avant l’attaque, en juin, d’une installation à Karaj utilisée pour la construction de centrifugeuses nécessaires à l’enrichissement de l’uranium. Il a fait de même avant de frapper, en septembre, une base secrète de missiles appartenant au Corps des gardiens de la révolution islamique.
La frappe à Karaj a eu lieu une dizaine de jours après l’investiture du gouvernement de partage du pouvoir du Premier ministre Naftali Bennett et du ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, qui a remplacé M. Netanyahu au poste de Premier ministre.
L’article du New York Times indique qu’à la suite des consultations, la Maison Blanche a félicité le gouvernement de Bennett « pour avoir été beaucoup plus transparent avec lui » que ne l’avait été Netanyahu.
« Ce n’est pas un secret que le gouvernement actuel s’oppose à une attaque contre l’Iran », a affirmé M. Netanyahu lors de la réunion. Le fondement de cette affirmation n’était pas clair, car le gouvernement actuel a fait largement écho au précédent dans sa position agressive envers l’Iran et son programme nucléaire.
« Par conséquent, la promesse de Bennett et Lapid d’informer à l’avance l’administration américaine et sa politique de ‘pas de surprises’ est en fait une invitation à contrecarrer toute opération significative qui peut arrêter le programme nucléaire, » a poursuivi Netanyahu.

Netanyahu avait déjà attaqué le gouvernement pour s’être mis d’accord sur une politique « sans surprise » avec les États-Unis. Mais sous le gouvernement précédent, les hauts fonctionnaires israéliens avaient également convenu lors des discussions avec les États-Unis qu’il n’y aurait « aucune surprise » sur la question et que les désaccords seraient abordés à huis clos, avait indiqué une source proche du dossier au Times of Israel à l’époque.
Depuis son entrée en fonctions, Bennett a adopté une approche généralement similaire à celle de Netanyahu sur l’Iran. Bennett est opposé à un retour des États-Unis dans l’accord, tout comme Netanyahu, et dans un appel récent, il a exhorté le secrétaire d’État américain Antony Blinken à quitter immédiatement les pourparlers visant à relancer l’accord plutôt que de capituler devant le « chantage nucléaire » de l’Iran.
La principale différence dans la politique du nouveau gouvernement a été la volonté affichée d’éviter les prises de becs publiques avec les États-Unis, qui étaient au premier plan lorsque l’accord initial était négocié par l’administration Obama en 2015. Netanyahu avait alors prononcé un discours devant une session conjointe du Congrès – coordonné dans le dos du président de l’époque, Barak Obama – au cours duquel il avait fait pression contre l’accord. L’accord, connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA), a néanmoins été signé plusieurs mois plus tard.

Les États-Unis ont participé indirectement aux pourparlers en cours à Vienne, car ils se sont retirés de l’accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, alors président des États-Unis. Le président américain Joe Biden a déclaré qu’il souhaitait réintégrer l’accord.
Suite à la décision américaine de se retirer et de réimposer des sanctions contre l’Iran, Téhéran a relancé son programme nucléaire en enrichissant de l’uranium au-delà des seuils autorisés par l’accord. L’Iran a également interdit l’accès à ses installations nucléaires aux observateurs de l’organisme de surveillance atomique des Nations unies, ce qui suscite des inquiétudes quant à ce que le pays fait concrètement à l’abri des regards.
Pendant ce temps, les chefs militaires israéliens et américains doivent discuter d’éventuels exercices militaires pour s’entraîner à détruire les installations nucléaires iraniennes dans le pire des scénarios, a déclaré un haut responsable américain.
Les Etats-Unis préparent « activement » des « alternatives » à l’accord sur le nucléaire iranien avec leurs alliés en cas d’échec des négociations pour le sauver, a déclaré mardi le chef de la diplomatie américaine.