Netanyahu ressort renforcé de sa victoire écrasante aux primaires du Likud
Le résultat n'est pas une surprise, mais une question subsiste : cette victoire incontestable du Premier ministre sur Gideon Saar stimulera-t-elle sa candidature nationale ?
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Le challenger n’avait pas véritablement de chance de l’emporter. Néanmoins, la victoire écrasante de Benjamin Netanyahu sur Gideon Saar aux primaires du Likud jeudi fait figure de stimulation pragmatique et psychologique pour le Premier ministre après ses échecs à former une coalition suite aux élections d’avril et septembre et à dissuader le procureur général de le mettre en examen pour corruption.
Sa large avance, bien que relativement attendue, souligne également que la très vaste majorité des députés, principaux dirigeants locaux et militants du Likud, et les rouages du parti, restent résolument derrière lui.
Quatorze ans après avoir démissionné de la direction du parti, et une dizaine d’années après son retour au poste de Premier ministre, « Rak Bibi » [Bibi uniquement] reste le mantra des fidèles du Likud. Il s’agit d’un Premier ministre mis en examen, et il n’a pas ménagé ses efforts pour tenter d’obtenir l’immunité parlementaire afin d’échapper à un procès. Mais son parti reste solidement à ses côtés.
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Gideon Saar a fait bonne figure après sa défaite, la concédant rapidement, affirmant que cette course était vitale pour le « caractère démocratique » du Likud et promettant que lui et ses partisans allaient maintenant relever leurs manches pour joindre leurs forces au reste du parti pour décrocher la victoire lors des législatives du 2 mars.
Mais la première question qui émerge après les primaires de jeudi est de savoir si Netanyahu et son soutien majoritaire au sein du Likud permettront à son rival et à la poignée de députés pro-Saar de véritablement y arriver.
Netanyahu, après tout, a maintes fois accusé Gideon Saar de tenter de perpétrer un coup d’État contre lui, et certains sympathisants de Netanyahu ont qualifié ce dernier et ses soutiens de traîtres pour avoir osé défier le numéro un du parti.
Il s’agissait d’une bataille qui n’a eu lieu pour la seule raison que Benjamin Netanyahu avait décidé que cela était dans son meilleur intérêt. Sa large victoire lui prouve qu’il avait raison d’autoriser sa tenue. Gideon Saar l’a clairement aidé en confirmant à la fois sa main-mise sur le Likud et en redorant l’image démocratique du parti ; ses rivaux Benny Gantz et Avigdor Liberman et consorts n’ont pas soumis leur poste de leader à un vote de leurs adhérents.
Alors Netanyahu peut bien se permettre d’être magnanime auprès de son challenger battu à plates coutures — son ancien secrétaire de cabinet et proche conseiller — qui le fait si bien paraître et qui l’assure de nouveau de son soutien.
Mais dans le même temps, Netanyahu n’oubliera pas si facilement la stratégie de campagne du séditieux — dépeignant le Premier ministre comme un perdant en série, qui n’a pas su octroyer la victoire à la droite en avril et en septembre et qui ne sera pas en mesure de le faire en mars non plus. Avec cette étiquette de « Netanyahu est un raté » encore dans l’esprit de l’intéressé, se réconcilier avec Gideon Saar pourrait s’avérer difficile.
Seconde question clé, de plus grande importance : la victoire écrasante de Netanyahu changera-t-elle ses perspectives d’éligibilité sur le plan national.
Il n’a remporté la course à laquelle il n’a accepté de participer uniquement parce qu’il savait que c’était dans la poche. Mais qu’en est-il de la course contre Benny Gantz, celui qu’il a tenté sans succès de battre à deux reprises déjà ? Il a démontré qu’il avait le soutien garanti du Likud. Son bloc de droite et ultra-orthodoxe reste soudé autour de lui, mais son véritable défi est d’attirer les électeurs du centre.
Nous en aurons la réponse bien assez tôt, mais une chose est déjà évidente. À 70 ans, dirigeant un petit pays très menacé, se défendant d’accusations de corruption et bien conscient de son image clivante à l’étranger comme en Israël, Netanyahu n’a pas perdu son engouement pour le leadership, la politique et les campagnes.
Il s’est lancé dans la campagne de façon énergique et passionnée, enchaînant les poignées de main, assurant les permanences téléphoniques et organisant des rassemblements — même quand les tirs de roquette de Gaza ont tenté de l’humilier.
Les élections législatives étant prévues dans à peine deux mois, on serait tenté de dire que Netanyahu est revigoré et rajeuni à la fois pour ce scrutin de mars et pour sa bataille judiciaire contre les accusations de corruption. Hormis cela, par essence, il y a toujours deux facettes à la même réalité : s’il l’emporte en mars, il pourrait avoir le pouvoir politique d’éviter une comparution devant le tribunal ainsi que d’obtenir l’immunité.
S’il perd, bien sûr, même le Likud pourrait ne pas être si conciliant et indulgent…
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