Ofakim reçoit 229 M de shekels pour le 7 octobre, mais est exclue du plan de relance national
Les fonds suscitent à la fois gratitude et déception dans une ville ravagée par les terroristes mais exclue des indemnisations en raison de sa distance de Gaza
Le gouvernement a annoncé son intention d’allouer 229 millions de shekels aux habitants de la ville d’Ofakim, dans le sud du pays, pour les aider à se remettre du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans la ville, durant lequel 47 personnes ont été assassinées par des terroristes.
Ce montant est le résultat d’une campagne de plusieurs mois menée par les dirigeants de la communauté d’Ofakim, la localité la plus éloignée atteinte par les terroristes qui se sont infiltrés depuis Gaza, pour bénéficier elle aussi de fonds d’aide à la population. Ofakim n’a pas été incluse dans le plan de réhabilitation plus large du gouvernement pour les communautés touchées.
Le versement d’une indemnité unique aux habitants d’Ofakim et aux personnes qui se trouvaient en ville le 7 octobre s’élèvera à 7 180 shekels par adulte et à 1 436 shekels par enfant, avec un plafond d’environ 20 000 shekels par ménage, a annoncé mercredi le ministre des Finances, Bezalel Smotrich.
Ce financement, dont le budget exact n’a pas encore été précisé, vise à remédier à ce que nombre d’habitants d’Ofakim et d’ailleurs considèrent une injustice le fait que la ville n’a pas été incluse dans le plan de réhabilitation de 19 milliards de shekels de l’Autorité de Tekuma.
La raison officielle de l’exclusion d’Ofakim est sa distance par rapport à la frontière de Gaza, qui est de 21 kilomètres.
L’autorité Tekuma, qui est l’organisme gouvernemental chargé des efforts de réhabilitation de la zone proche de la frontière avec Gaza, ne peut intervenir que dans un rayon de 7 kilomètres autour de la frontière.
Les partisans de l’inclusion d’Ofakim dans le plan ont fait valoir que la distance n’était un seuil pertinent que pour les localités où la dévastation causée par les terroristes du Hamas avait été limitée.
Alors que les villes de Netivot et Ashkelon, ainsi que d’autres villes touchées en dehors du rayon maximal de Tekuma, ont été la cible de tirs de roquettes aveugles, à Ofakim, les terroristes sont allés de maison en maison, perpétrant des atrocités avec la même force meurtrière et la même précision que dans les lieux qui sont sous le mandat de Tekuma, comme Beeri et Sderot.
Plus d’une dizaine de terroristes sont parvenus jusqu’à Ofakim à bord de plusieurs camionnettes, écrasant les forces de sécurité et massacrant des civils. Pendant les deux jours qui ont suivi le 7 octobre, des terroristes sont restés retranchés à Ofakim. Rachel Ederi et son mari David, aujourd’hui décédé ont notamment été pris en otage par des terroristes. Le couple a été sauvé à leur domicile par les forces de sécurité. David est décédé en février. Il n’avait pas été blessé lors de l’assaut.
Dans les jours qui ont suivi cette attaque dans le quartier tranquille de Ramat HaGefen à Ofakim, des volontaires locaux de l’organisation de première intervention ultra-orthodoxe ZAKA se sont chargés de ramasser les restes de corps et de nettoyer les taches de sang dans les rues de la banlieue, qui ressemblait à un champ de bataille. La résidence Edri, une maison mitoyenne de deux étages, est l’un des nombreux bâtiments d’Ofakim dont les murs ont été marqués par des balles et des éclats d’obus.
Derrière la maison, les châssis de deux camionnettes blanches utilisées par les terroristes pour envahir la ville ont brûlé pendant des heures. De courageux habitants d’un immeuble voisin ont risqué leur vie pour mettre le feu aux véhicules et ainsi empêcher les terroristes de poursuivre leur carnage.
Osher Vaknin Eitan, une activiste sociale locale, a félicité Smotrich et Almog Cohen (HaTzionzionout HaDatit), un législateur né à Ofakim, qui ont fait campagne pour qu’une compensation soit versée aux résidents d’Ofakim.
« Je ne pensais pas qu’Almog réussirait à obtenir ce qu’il voulait du Trésor, parce que nous avons l’habitude des promesses [creuses]. Mais hier, une décision a été prise et les habitants d’Ofakim ont été reconnus et recevront une compensation », a-t-elle écrit sur X.
Pour certains, l’exclusion de la ville de l’autorité de Tekuma s’ajoute à une longue histoire de négligence à l’égard d’Ofakim, l’une des municipalités les plus pauvres d’Israël, où le salaire moyen en 2022 était inférieur de plus de 20 % à la moyenne nationale, qui est d’environ 14 000 shekels. Son score socio-économique est de 3 sur 10.
Fondée en 1955 par des immigrants, ou olim, originaires de pays arabophones, Ofakim a un taux de croissance démographique de 5 %, mais n’a pas connu le type de transformation qui a fait progresser d’autres villes du sud ayant des origines similaires, notamment Sderot (qui a un taux de croissance de 7 %). En 2022, cette ville et Dimona ont toutes deux obtenu une note de 5 sur 10.
Ofakim compte environ 38 000 habitants, dont beaucoup appartiennent à certains des groupes socio-économiques les plus pauvres de la société israélienne, avec près de 30 % de haredim (contre 11 % au niveau national) et un nombre si important d’immigrants russophones âgés qu’ils représentent 45 % de la population de la ville âgée de plus de 65 ans, selon le Centre Adva, un institut axé sur la socio-économie.
La décision de verser aux habitants d’Ofakim la subvention unique fait suite aux recommandations d’une commission publique que Smotrich a convoquée pour répondre aux plaintes des habitants, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Ofakim mercredi.
« La bravoure des habitants de la ville est un message à nos ennemis sur notre résilience et notre endurance en tant que nation. Vous ne triompherez pas de nous », a-t-il déclaré.
Quelque 3 000 terroristes ont déferlé sur Israël depuis Gaza le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes et en enlevant 251 autres. Cet assaut a déclenché une campagne militaire à Gaza destinée, selon le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, à renverser le Hamas et à récupérer les otages.
Certains habitants estiment que la subvention spéciale accordée à Ofakim reste discriminatoire à leur égard. « Ils nous ont donné de l’argent de poche pour nous faire taire », a écrit Tal Megera, conseiller municipal d’Ofakim, sur Facebook après la conférence de presse. Les localités incluses dans le plan de l’Autorité Tekuma « reçoivent beaucoup plus que nous », a-t-il ajouté. « Sœurs, frères, nous avons été dupés », a-t-il également écrit.
La nouvelle de l’indemnisation d’Ofakim est arrivée juste après l’annonce par l’Autorité Tekuma qu’elle allouait 350 millions de shekels à la réhabilitation du seul kibboutz Beeri.
Megera avait « espéré que le ministre des Finances donnerait suite à son annonce de la subvention unique en annonçant qu’Ofakim avait rejoint l’Autorité Tekuma et bénéficierait d’investissements importants et à long terme, comme à Sderot et dans le reste de notre région. Je me suis trompé. Nous avons été trompés », écrit-il.