Omer Barlev exhorte les forces de l’ordre à « rester solides » face à Ben Gvir
Le ministre sortant a mis en garde contre les pouvoirs accrus du nouveau ministre d'extrême-droite sur la police lors de la cérémonie de passation de pouvoirs
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Le ministre sortant de la Sécurité intérieure, Omer Barlev, a appelé dimanche la police et les forces de sécurité à « rester solides face aux vents contraires », dans un avertissement à peine voilé contre le ministre entrant, le leader d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir.
Barlev, qui s’est confronté à maintes reprises avec le chef du parti Otzma Yehudit, a fait, dans son discours, de multiples références à ses préoccupations concernant les positions extrémistes, et a réitéré sa critique selon laquelle les mesures que le nouveau ministre a déjà prises vont politiser les opérations de police.
Ben Gvir, qui est devenu ministre de la Sécurité nationale après que le ministère a été rebaptisé et restructuré, a répliqué en dénonçant les « anarchistes juifs » – un terme qu’il utilise habituellement pour désigner les militants de gauche – les accusant d’avoir proféré des menaces contre lui et sa famille et disant qu’il fallait « s’en occuper ». Mais il a consacré la majeure partie de son discours à la priorité de son programme politique, à savoir l’adoption de mesures plus sévères à l’encontre des terroristes, des émeutiers et des prisonniers palestiniens.
S’adressant aux dignitaires réunis lors de la cérémonie, Barlev a salué la diversité du personnel de la police israélienne, du service pénitentiaire israélien, des sapeurs-pompiers et des secouristes israéliens, qui sont tous placés sous l’autorité du ministère, et a fait l’éloge de leur dévouement à la sécurité d’Israël.
« Il vous incombe à vous, chefs des agences [de sécurité] et à ceux qui y servent, quel que soit leur rang, de continuer à faire preuve d’une colonne vertébrale forte, d’être un rocher solide face aux vents contraires, de défendre vos opinions professionnelles sans crainte. Il en va de votre obligation professionnelle et de votre responsabilité éthique envers les citoyens d’Israël », a déclaré Barlev.
Le ministre sortant faisait allusion aux pouvoirs élargis que Ben Gvir a reçus en tant que ministre par le biais d’une loi controversée de la Knesset qui, selon les critiques, dont Barlev, va politiser la police et ses opérations.
Barlev a fait remarquer qu’au sein des trois services, « des Juifs, des musulmans, des chrétiens, des druzes et des circassiens servent ensemble, tous Israéliens, tous travaillant dans un seul but – la sécurité des citoyens de l’État ».
« Il n’y a pas de suprématie d’une foi ou d’un sexe sur un autre ; tout le monde est un partenaire, tout le monde est égal », a ajouté le ministre, dans un clin d’œil au parti ultra-nationaliste et religieusement conservateur Otzma Yehudit de Ben Gvir.
Barlev a commencé son discours par un long récit de son service militaire et a déclaré qu’il n’avait jamais eu besoin de la protection de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet jusqu’à ce qu’il dénonce les résidents d’implantations extrémistes qui commettent des crimes nationalistes contre les Palestiniens en Cisjordanie.
« A cause de ce commentaire, des citoyens de ce pays menacent de nuire à un ministre du gouvernement ? » a déclaré Barlev. « Où en sommes-nous arrivés, jusqu’où avons-nous sombré en tant que société ? Jusqu’où allons-nous encore nous enfoncer ? Un crime est un crime, un criminel est un criminel, et peu importe qu’il soit Juif ou arabe, Israélien ou Palestinien, résident israélien ou étranger. »
Barlev et Ben Gvir se sont affrontés à de nombreuses reprises au cours des 18 derniers mois. La dernière en date, était il y a deux semaines, au sujet d’une loi adoptée la semaine dernière et élargissant les pouvoirs de Ben Gvir sur la politique de la police.
Barlev a dénoncé les réformes, affirmant qu’elles allaient détruire l’indépendance des forces de police, saper les principes démocratiques de l’État de droit et « faire en sorte que la police soit complètement contrôlée par les politiciens et laissée telle une marionnette au bout d’une ficelle ».
Ben Gvir avait rétorqué à l’époque que Barlev était « le ministre de la Sécurité intérieure le plus raté de tous les temps, qui aurait dû démissionner il y a longtemps et rentrer chez lui ».
Dans son discours lors de la cérémonie de passation de pouvoirs qui a suivi l’allocution de Barlev, Ben Gvir a promis d’adopter une position sévère contre le terrorisme palestinien et a déclaré qu’il apporterait un « soutien total » aux policiers et au personnel de sécurité qui font face à la violence.
« Il doit être clair pour quiconque qui veut faire du mal qu’il fera face à nos puissants services de sécurité qui savent se protéger. De plus, il doit être clair que le personnel de sécurité qui défend sa propre vie recevra un soutien total », a déclaré le nouveau ministre.
Ben Gvir cherche à réduire la responsabilité pénale des forces de sécurité pour les actes commis dans l’exercice de leurs fonctions et à assouplir la réglementation sur les tirs afin de donner aux forces de sécurité une plus grande marge de manœuvre pour faire face aux émeutes et autres situations violentes. Barlev a insisté sur le fait que le personnel de sécurité dispose déjà de toute la liberté d’action dont il a besoin.
« Chaque terroriste qui cherche à vous faire du mal verra couler son propre sang. Je vous soutiendrai pleinement dans cette guerre », a poursuivi Ben Gvir, s’adressant directement aux policiers et au personnel de sécurité.
Le nouveau ministre a également répondu aux commentaires de Barlev concernant les menaces de mort qu’il aurait reçues, en soulignant qu’il avait lui aussi fait appel à un service de sécurité en raison des menaces de mort auxquelles il avait été confronté en raison de son activité politique de longue date, qui l’a amené à faire partie, pendant de nombreuses années, du mouvement d’extrême-droite pro-implantations, puis à les défendre en tant qu’avocat et militant.
« Parlez avec ma femme Ayala et mes enfants et vous constaterez que, presque chaque semaine, nous recevons des photos de couteaux ensanglantés et des appels au meurtre, encore et encore – pas seulement de la part des ennemis d’Israël mais aussi de la part de Juifs anarchistes – et le moment est venu de s’en occuper », a déclaré Ben Gvir.