ONU : L’envoyée US déclare que la promesse d’Israël d’acheminer de l’aide dans le nord de Gaza « ne se concrétise pas »
Les États-Unis ont durci le ton au sujet de l'aide humanitaire qui n'a pas atteint les populations de Jabaliya et Beit Lahiya depuis deux semaines, estimant que « les paroles d’Israël doivent être suivies d’actions sur le terrain »

L’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a exprimé son effroi face aux informations selon lesquelles aucune aide alimentaire n’était parvenue aux villes de Jabaliya et Beit Lahiya, au nord de Gaza, depuis près d’un mois.
« Les États-Unis ont clairement indiqué qu’Israël doit autoriser l’entrée de nourriture, de médicaments et d’autres fournitures dans toute la bande de Gaza – en particulier dans le nord, et surtout à l’approche de l’hiver – et protéger les travailleurs qui les distribuent », a déclaré l’envoyée, faisant apparemment référence à une lettre du 13 octobre adressée à Israël dans laquelle les États-Unis avertissaient que la fourniture continue d’armes offensives était menacée si Jérusalem ne prenait pas de mesures drastiques pour améliorer la crise humanitaire à Gaza.
« Pour l’instant, cela ne se produit pas. Cela doit changer immédiatement », a-t-elle ajouté.
Tout en reconnaissant l’utilisation par le Hamas d’infrastructures civiles, Thomas-Greenfield a déclaré que « les rapports poignants selon lesquels du personnel médical a été arrêté par les forces israéliennes dans les hôpitaux du nord de Gaza sont également profondément troublants. Nous exhortons Israël à répondre publiquement à ces allégations immédiatement ».
La lettre indiquait que l’application de la législation de la Knesset interdisant à l’UNRWA d’opérer en Israël et entravant gravement son travail à Gaza et en Cisjordanie risquait de compromettre la conformité d’Israël à la législation américaine, qui interdit le transfert d’armes offensives aux pays bloquant l’acheminement de l’aide humanitaire.
Les deux textes de loi de la Knesset ont été adoptés lundi, suscitant la colère de Washington, qui a exhorté Jérusalem à geler les lois qui doivent être adoptées dans les 90 jours.
Netanyahu a déclaré qu’Israël était prêt à travailler avec la communauté internationale pour s’assurer que l’aide puisse toujours atteindre les civils de Gaza, mais un fonctionnaire américain s’adressant au Times of Israel a qualifié lundi cette offre de « fallacieuse », affirmant que Jérusalem aurait dû élaborer un plan pour remplacer les services fournis par l’UNRWA avant de l’interdire.
Bien qu’Israël ait cherché à limiter progressivement le rôle de l’UNRWA dans la distribution de l’aide humanitaire, au profit du Programme alimentaire mondial, de l’UNICEF et d’autres agences, l’UNRWA reste fortement impliquée dans les opérations humanitaires de Gaza, gérant des abris, des cliniques et des entrepôts.

Israël entretient depuis longtemps des relations conflictuelles avec l’UNRWA, affirmant que l’agence a perpétué la crise des réfugiés palestiniens en permettant de transmettre ce statut de génération en génération. La frustration envers l’UNRWA s’est accentuée à Jérusalem ces dix dernières années, avec la découverte par Israël que le groupe terroriste Hamas, qui règne sur Gaza, était intégré dans l’infrastructure de l’agence.
Cette colère a atteint son paroxysme depuis le pogrom du Hamas du 7 octobre, auquel plusieurs employés de l’UNRWA auraient participé. Israël affirme que 10 % des employés de l’agence onusienne ont des liens avec le Hamas — une accusation que l’agence a démentie.
Thomas-Greenfield a reconnu, lors de son intervention devant le Conseil de sécurité de l’ONU, qu’il est indéniable que certains membres du personnel de l’UNRWA ont participé à l’assaut du 7 octobre, et même les dirigeants de l’agence l’auraient admis.
Elle n’a pas donné de détails mais a indiqué que l’agence de secours pour les réfugiés palestiniens avait pris des mesures pour mettre en œuvre des réformes, et l’ambassadrice a exhorté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à créer un mécanisme pour examiner et traiter les allégations selon lesquelles le personnel de l’UNRWA aurait des liens avec le Hamas et d’autres groupes terroristes.
Elle a ajouté qu’il n’existait aucune agence de substitution pouvant remplacer l’UNRWA en pleine guerre et a exhorté Israël à renforcer sa coordination avec l’UNRWA, malgré l’interdiction de tout contact avec le personnel de l’agence pour les 90 jours à venir, conformément à la législation de la Knesset.