ONU : L’expulsion par Israël de Salah Hamouri constitue un « crime de guerre »
Le terroriste franco-palestinien, qui a notamment participé à la tentative d'assassinat d'Ovadia Yossef, a été expulsé dimanche vers la France
L’ONU a condamné lundi l’expulsion par Israël du terroriste franco-palestinien Salah Hamouri, détenu depuis mars en détention administrative dans des prisons israéliennes, qualifiant le procédé de « crime de guerre ».
Hamouri avait été emprisonné en Israël entre 2005 et 2011 pour participation à la tentative d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël et fondateur du parti ultra-orthodoxe Shas, avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de 1 027 prisonniers ayant permis la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.
Devenu lui-même avocat, il travaillait pour l’ONG Addammeer qui défend les prisonniers palestiniens. Cette ONG a été placée ces derniers mois, comme une poignée d’autres, sur la liste israélienne des organisations terroristes, par le ministre de la Défense, Benny Gantz.
Hamouri est aussi soupçonné d’entretenir des liens avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation classée terroriste par l’Etat hébreu et l’Union européenne.
« Le droit international humanitaire interdit l’expulsion de personnes protégées d’un territoire occupé et interdit explicitement de contraindre ces personnes à prêter serment d’allégeance à la puissance occupante », a commenté un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Jeremy Laurence dans une déclaration envoyée aux médias.
« Expulser une personne protégée d’un territoire occupé est une violation grave de la Quatrième Convention de Genève, constituant un crime de guerre », a-t-il ajouté.
Salah Hamouri a été expulsé dimanche vers la France, où il a été accueilli en héros.
Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU « condamne l’expulsion » par Israël de Hamouri vers la France, « et nous sommes profondément préoccupés par le message terrifiant que cela envoie à ceux qui oeuvrent en faveur des droits humains dans le territoire palestinien occupé », a estimé M. Laurence.
Son expulsion « met en lumière la situation vulnérable des Palestiniens vivant à Jérusalem-Est, la puissance occupante leur ayant accordé un statut de résident révocable en vertu du droit israélien ». C’est également « le signe d’une nouvelle détérioration grave de la situation des défenseurs palestiniens des droits humains, » a-t-il jugé.
Le Haut-Commissariat a appelé Israël à annuler l’ordre d’expulsion.
Son expulsion avait été reportée à la suite d’audiences devant la justice militaire, ses avocats remettant en cause son ordre d’expulsion et aussi la révocation de son statut de résident de Jérusalem-Est. Né dans cette partie de la capitale israélienne, il ne dispose pas de la nationalité israélienne mais d’un permis de résidence, que les autorités israéliennes ont révoqué, ce qu’il conteste.
Début décembre, les autorités israéliennes ont confirmé la révocation de son statut ouvrant ainsi la voie à son expulsion malgré une nouvelle audience prévue le 1er janvier.
« C’est un formidable accomplissement d’avoir pu provoquer, juste avant la fin de mon mandat, son expulsion », a commenté dimanche la ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked.
« Il n’y a pas eu de volonté politique de faire pression avec des moyens sur le gouvernement israélien (…) Ça a été le minimum syndical », a déclaré de son côté sa femme française, Elsa Lefort.
« Nous condamnons aujourd’hui la décision des autorités israéliennes, contraire au droit, d’expulser M. Salah Hamouri vers la France », a indiqué dimanche le ministère français des Affaires étrangères, dans un communiqué.
Amnesty international avait conclu, après analyse du téléphone portable de Hamouri, que celui-ci avait été piraté par le logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO.