Orléans : La LICRA demande le retrait d’objets nazis d’une vente aux enchères de pièces militaires
La mise aux enchères d'objets du IIIe Reich soulève régulièrement la question de la moralité de l'acquisition par des particuliers d'objets liés au génocide de 6 millions de Juifs européens

La Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), dans le Loiret a réclamé mardi l’annulation de la vente aux enchères de 200 objets nazis à Orléans, sur quelque 10 000 pièces militaires, tandis que les organisateurs réfutent tout caractère « idéologique » de la collection.
« Quand on a appris cette vente avec des objets nazis, quand même 200 objets, on a été un petit peu choqués », a affirmé auprès de l’AFP Joëlle Gellert, présidente de la LICRA dans le Loiret, notamment en raison d’un « contexte d’antisémitisme fulgurant ».
Les 15 et 16 mai, puis les 26 et 27 juin, plus de 10 000 objets militaires vont être proposés aux enchères lors de ventes Militaria, parmi lesquels environ 200 arborent des symboles nazis.
« On est d’accord pour que ces objets soient dans un musée, qu’ils soient utilisés comme actes de mémoire pour la jeunesse. Mais nous ne sommes pas d’accord pour qu’ils soient vendus aux enchères sans savoir qui prendrait ces objets », a asséné Gellert.
La LICRA Loiret avait appelé dans un communiqué publié vendredi « les autorités locales, ainsi que les commissaires-priseurs et les organisateurs, à prendre leurs responsabilités et à renoncer à cette vente ».
De leur côté, les organisateurs réfutent tout caractère polémique à la vente, dont les objets proviennent d’une collection « loin d’être idéologique » et récupérée à la suite du décès de son propriétaire.

« Nous avons tout mis en œuvre pour respecter la sensibilité de chacun », s’est défendu la commissaire-priseur Me Cécile Solibieda, en respect de la « loi qui oblige à ne pas exposer les insignes de façon outrancière ».
Les croix gammées des insignes ont par exemple été masquées du catalogue de l’exposition sur le site Interenchères, où un message d’avertissement a aussi été ajouté.
« Il y a des pays dans lesquels c’est interdit, en France, la loi l’autorise dans le respect des sensibilités de chacun », a précisé Me Solibieda.
« Il n’y a ni idéologie, ni apologie ». Selon elle, « il n’y a pas eu de débat » à organiser cette vente, « même si on s’expose, ce sont des objets d’histoire et de collection ».

La LICRA, qui dit échanger avec les organisateurs pour parvenir au retrait de ces objets, a prévu de distribuer des « flyers pédagogiques » aux personnes présentes à la vente.
Ce type de ventes aux enchères créé régulièrement la polémique. En novembre 2024, une vente organisée à Caen avait suscité l’émoi après que des photos de soldats SS, une ordonnance officielle concernant le port de l’étoile jaune et des cartes d’identité française tamponnée du mot « juif » avaient été achetées à cette occasion.
Ces dernières années, plusieurs ventes de ce type ont été annulées, comme à Blois en 2021. Au Puy-en-Velay la même année, ce sont plusieurs objets qui avaient été retirés de la vente.