Ouverture d’une enquête après des allégations de « zones sans Juifs » à Berkeley
Le bureau des droits civils du ministère de l'Éducation va enquêter sur les allégations des défenseurs d'Israël selon lesquelles l’université ne parvient pas à lutter contre l'antisémitisme
JTA – Depuis plusieurs mois, d’importants groupes américains de droite et pro-Israël ont fait valoir que la faculté de droit de l’université de Californie-Berkeley laissait l’antisémitisme sévir auprès de ses étudiants.
Aujourd’hui, le gouvernement fédéral intervient, puisque le Bureau des droits civils du ministère de l’Éducation des États-Unis déclare qu’il va enquêter sur les allégations selon lesquelles l’université n’a pas fait assez pour protéger ses étudiants juifs – d’une manière similaire aux enquêtes du ministère dans d’autres universités où les groupes de surveillance ont tiré la sonnette d’alarme sur les débats sur le campus concernant Israël.
Dans une lettre, le ministère a déclaré cette semaine qu’il ouvrait une enquête pour déterminer « si l’université n’a pas réagi de manière appropriée au cours du semestre d’automne 2022 à la notification d’étudiants en droit, de professeurs et de membres du personnel juifs indiquant qu’ils avaient été confrontés à un environnement hostile à la faculté de droit en raison de leur ascendance juive commune ».
Le ministère a souligné que son enquête ne signifie pas de facto que la plainte est fondée, mais seulement qu’elle relève de la compétence du Bureau.
La plainte, déposée par le groupe juridique International Legal Forum, basé en Israël, et le cabinet d’avocats LSN Law P.A., basé à Miami, fait suite à un règlement adopté en août par une poignée de groupes d’étudiants en droit pro-palestiniens. Le règlement stipule que les groupes s’engagent à ne pas inviter sur le campus « des orateurs qui ont exprimé et continuent d’exprimer des opinions en faveur du sionisme, de l’État d’apartheid d’Israël et de l’occupation de la Palestine ».
Même si le doyen juif de la faculté de droit et plusieurs autres membres du conseil d’administration ont condamné ce règlement, il est devenu un cri de ralliement parmi les groupes pro-Israël après que Kenneth Marcus, un ancien élève de Berkeley Law et fondateur du groupe juridique pro-israélien Louis Brandeis Center for Human Rights Under Law, a affirmé dans un article d’opinion que l’école avait créé des « zones sans Juifs ». Le Centre Brandeis a déposé plusieurs autres plaintes pour antisémitisme contre des universités pour discrimination présumée envers des étudiants sionistes.
L’article a entraîné une augmentation des critiques à l’encontre de Berkeley de la part de Barbra Streisand, de l’envoyée israélienne contre l’antisémitisme Noa Tishby et du groupe de surveillance de l’antisémitisme JewBelong, même si la faculté juive de Berkeley a insisté sur le fait que l’université n’a pas de « zones sans Juifs ».
Parmi les événements en extérieur, un groupe d’extrême-droite a fait circuler, à travers le campus, un camion portant une image d’Adolf Hitler, un geste qui a été condamné par l’Anti-Defamation League (ADL).
« Nous avons déposé cette plainte parce que nous avons jugé que c’en était de trop et décidé que nous devions défendre les étudiants juifs de l’université de Berkeley, qui ont été confrontés à une vague sans précédent de discrimination et d’antisémitisme sur le campus », ont déclaré Arsen Ostrovsky, PDG du Forum juridique international, et Gabriel Groisman, partenaire du LSN Law, dans une déclaration commune concernant l’enquête.
Les groupes ont déclaré qu’ils espéraient contraindre l’université à invalider le règlement des étudiants ou à mettre fin au financement et à l’hébergement des « organisations qui se livrent à une conduite discriminatoire aussi flagrante ».
Un porte-parole de Berkeley Law a déclaré à la Jewish Telegraphic Agency que l’université coopérerait avec l’enquête. « Le campus a mis en place de solides politiques anti-discriminatoires qui soutiennent notre croyance et notre respect de ce que nous comprenons comme étant les valeurs et les obligations définies par le Titre VI [de la loi de 1964 sur les droits civils] et le Premier amendement ».