Pays-Bas : Un rabbin quitte un parti après ‘l’expulsion des musulmans’ décidée par ses leaders
L'appel chrétien-démocrate a signé un accord de coalition qui permettrait d'expulser des Pays-Bas les immigrants clandestins
AMSTERDAM, Pays-Bas – Un rabbin connu des Pays-Bas a annoncé qu’il allait quitter le parti politique auquel il appartenait depuis 20 ans pour protester contre l’éloge de ses dirigeants de la « société judéo-chrétienne » – qui, selon le rabbin, exclut les musulmans.
Lody van de Kamp, militant de gauche favorable au dialogue entre les Juifs et les Musulmans, a annoncé dans une interview publiée mercredi par le quotidien Het Parool qu’il allait quitter l’Appel chrétien-démocrate, ou CDA.
Dans la matinée, le même jour, le parti centriste avait signé un accord de partage du pouvoir avec trois autres partis de coalition pour la formation d’un cabinet, qui oeuvrerait notamment en faveur de l’expulsion des immigrants clandestins du pays.
Cette convention passée aux Pays-Bas évoque pour la première fois dans un tel document la nécessité de créer un état palestinien « indépendant ».
« Soudainement, nous voilà en train de parler de notre ‘société judéo-chrétienne' », a indiqué van de Kamp, en référence à un discours prononcé par le chef du CDA, Sybrand Buma, dans une école le mois dernier. « De tels propos comportent une pensée cachée, celle que nous ne voulons pas de Musulmans ici et cela me met mal à l’aise », a ajouté van de Kamp.
Homme de gauche au sein du CDA, van de Kamp avait causé la fureur de nombreux Juifs et non-Juifs en 2015 lorsqu’il avait partiellement rejeté les préoccupations concernant une haine croissante anti-juive dans le pays, affirmant que c’était la conséquence de ce que « pour de nombreux Juifs néerlandais, l’antisémitisme est devenu un hobby. »
Buma, qui a déclaré durant son allocution dans cette école que son parti défendrait la souffrance des « Néerlandais ordinaires » pâtissant des effets de l’immigration, a été critiqué par d’autres membres éminents de son parti à l’issue de ce discours et pour son dur langage adopté dans l’accord de la coalition contre l’immigration clandestine et les phénomènes délictueux qu’un grand nombre de personnes associent aux immigrants musulmans.
Hirsch Ballin, ancien ministre de la Justice dont le père était un survivant juif de l’Holocauste, a écrit au début du mois une lettre avec un autre membre important du CDA qui critiquait Buma, l’accusant « d’abandonner les étrangers » et d’offenser les musulmans néerlandais.
Buma a indiqué mercredi qu’il était « fier » de l’accord co-signé par son parti. Cette convention marque un glissement sur la droite de l’échiquier en comparaison avec un autre accord qui avait été précédemment conclu et que le parti travailliste des Pays-Bas avait cosigné en 2012 aux côtés de la formation centriste du Parti populaire libéral et démocrate du Premier ministre Mark Rutte.
Tandis que le document de 2012 parlait d’augmenter le nombre de réfugiés absorbés aux Pays-Bas sans mentionner l’immigration illégale, l’accord de 2017 ne contient aucune mention de hausse des quotas d’intégration, affirmant qu’il y aura des « contre-mesures adoptées pour lutter contre l’immigration illégale » et que « celui qui n’a pas l’autorisation de rester devra partir ».
La convention contient également une référence à l’antisémitisme, notion qui était absente du précédent accord et une nouvelle assertion qui, selon de nombreuses personnes, concerne directement l’islam radical. « La liberté d’opinion n’est pas un laissez-passer pour les incitations à la haine et la radicalisation », dit ce passage.
« Il n’y a pas de place dans notre société pour la haine des homosexuels, l’antisémitisme, la haine des musulmans, les mutilations génitales, les mariages forcés, les incitations à la haine et à la violence envers autrui en raison de ses opinions ou envers les mineurs », établit encore l’accord. Dans sa politique étrangère, les Pays-Bas maintiendront les droits universels « en particulier pour les groupes vulnérables comme les communautés LGBT et les chrétiens ».
En plus du parti de Rutte et du CDA — deux partis qui comptent des partisans hauts-placés et virulents d’Israël – les autres partenaires de cette coalition sont l’Union chrétienne pro-sioniste et le parti D66 de gauche. Lors de sa campagne pour les élections 2016, D66 avait indiqué dans un communiqué sur Israël qu’il soutenait la solution à deux états mais il avait appelé le gouvernement néerlandais à reconnaître un état palestinien indépendamment d’un accord.
Il avait également indiqué que les Pays-Bas devaient « appliquer des mesures contre la politique d’implantation israélienne » dans le même communiqué, qui n’incluait aucune suggestion de mesures similaires contre les actions palestiniennes considérées comme préjudiciables à la paix.
Comme dans l’accord de 2012, le conflit israélo-palestinien est le seul conflit international désigné dans le document de 2017. Israël avait été pour la première fois mentionné par une convention de coalition en 2007, dans un paragraphe qui parlait également du processus de paix en vue de la création d’un état palestinien « durable ».
Mais contrairement à l’accord précédent, qui évoquait simplement la contribution à la paix et à la sécurité tout en maintenant de bonnes relations avec les deux parties, la convention dévoilée cette semaine parle du soutien apporté à un état palestinien dans le cadre d’une solution à deux états pour un « état palestinien indépendant, démocratique et viable aux côtés d’Israël en sécurité et internationalement reconnu ».