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Pédocriminalité : Un Israélo-américain condamné à 7 ans de prison aux États-Unis

Nimrod Shalom était en possession de contenus pédopornographiques ; il avait été arrêté puis relâché en Israël avant d'être appréhendé à son retour aux États-Unis

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Photo d'illustration : La police à Los Angeles, le 23 novembre 2016. (Crédit: AP Photo/ Richard Vogel/ File)
Photo d'illustration : La police à Los Angeles, le 23 novembre 2016. (Crédit: AP Photo/ Richard Vogel/ File)

Une Cour fédérale américaine a condamné un ressortissant israélo-américain à sept ans de prison pour trafic de contenus pédocriminels sur internet. Il avait été antérieurement libéré par les autorités israéliennes qui n’avaient intenté aucune poursuite judiciaire.

Nimrod Shalom, 41 ans, a été reconnu coupable par le département américain de la Justice, le mois dernier, d’avoir partagé un contenu pédopornographique mettant en scène des relations sexuelles avec un mineur.

Les autorités américaines avaient arrêté Shalom pour distribution d’images pornographiques impliquant un mineur et pour avoir lui-même réalisé ce type de contenu au mois de juillet 2021 – au moment même où il avait quitté Israël pour rejoindre Los Angeles, en Californie.

Il a plaidé coupable de ses crimes au mois de septembre 2022 devant la Cour de district du district de Columbia à Washington, DC.

Shalom a passé son enfance en Californie et il est aussi citoyen israélien de naissance.

Selon les documents de la Cour de district, Shalom serait entré en contact avec un policier qui travaillait sous couverture à Washington, DC au mois d’août 21016, par le biais du service de messagerie KIK. L’agent avait utilisé des mots-clés susceptibles d’attirer l’attention des pédocriminels sur l’application. Shalom avait demandé au policier s’il avait un enfant et, après une réponse affirmative, il lui avait demandé son âge et il avait voulu savoir si l’agent procédait à « des jeux sexuels » avec le jeune mineur.

L’enquêteur avait répondu à Shalom qu’il avait une fille.

Shalom avait ensuite indiqué que lui-même avait des « jeux sexuels » avec sa propre petite fille, âgée de 4 ans. Il avait envoyé à son interlocuteur l’image suggestive d’un enfant qui paraissait avoir à peu près cet âge.

Les deux hommes avaient continué à communiquer via l’application de messagerie anonyme. Shalom avait expliqué qu’il ne se trouvait pas aux États-Unis et que là où il vivait, « personne ne se préoccupe de ce que vous faites ». Il avait transmis à l’agent plusieurs photos sexuellement explicites de l’enfant qui, selon lui, était sa propre fille avant de demander au policier de faire de même avec sa fillette pour « s’amuser un peu ».

Shalom, à ce moment-là, avait des échanges similaires avec un autre enquêteur américain travaillant lui aussi sous couverture.

La police américaine s’était rapproché en urgence de l’application KIK après ces propos. KIK avait transmis aux enquêteurs deux adresses IP en Israël. Les agents américains avaient fait part des informations dont ils disposaient à la police israélienne qui était remontée, grâce à l’adresse IP, à une habitation de Ramat Gan, près de Tel Aviv.

Shalom avait été placé en détention dès le lendemain par la police israélienne. Les enquêteurs avaient finalement déterminé que Shalom n’était pas père d’une fillette de quatre ans et que les images envoyées aux agents sous couverture avaient été, semble-t-il, réalisées en Russie.

La police israélienne avait analysé l’iPhone de Shalom et découvert 23 images d’abus sexuels sur enfant – notamment les photos qu’il avait envoyées à l’agent américain. Shalom avait supprimé l’application KIK de son téléphone au moment où les forces de l’ordre étaient venues frapper à sa porte.

Shalom avait reconnu qu’il avait prétendu être père et avoir des relations sexuelles avec son enfant pour pouvoir échanger des photos pédopornographiques avec d’autres usagers. Il avait aussi admis qu’il avait envoyé des images illégales à d’autres pédocriminels par le biais de la messagerie KIK, la veille de son arrestation.

La police israélienne avait relâché Shalom quelques jours après son arrestation, faisant ultérieurement savoir aux États-Unis que l’homme ne serait pas mis en examen, lit-on dans les documents du tribunal de Washington.

Le gouvernement fédéral américain, de son côté, avait émis un mandat d’arrestation en 2016, peu après les échanges entre Shalom et l’agent sous couverture, et il avait demandé son extradition en 2019 après un long va-et-vient avec les forces de l’ordre israéliennes. Un document américain, en 2019, le classait dans la catégorie des fugitifs.

Photo d’illustration : La police à l’aéroport international de Los Angeles, le 21 janvier 2014. (Crédit : AP Photo/Reed Saxon/File)

Shalom était retourné volontairement aux États-Unis au mois de juillet 2021 et il avait été arrêté à son arrivée.

Les enquêteurs américains avaient aussi découvert que Shalom avait été condamné pour délit sexuel en Californie, en 2015. Il avait alors demandé à son ex-petite amie de lui envoyer des photos d’elle-même et de son petit enfant de deux ans, qui apparaissaient nus. Il avait été appréhendé et il avait plaidé coupable de possession de contenu pédopornographique. Il avait écopé d’une peine d’un jour d’emprisonnement assortie de cinq ans de probation, avec obligation de soumettre à des soins psychologiques.

Il s’était installé en Israël l’année suivante et, six mois plus tard, il avait commencé à correspondre avec l’agent américain.

Alors qu’il se trouvait au sein de l’État juif, il avait lancé une agence immobilière en ligne spécialisée dans la location.

Shana Aaronson, directrice de l’organisation Magen for Jewish Community qui lutte contre les violences, mène des activités de sensibilisation et soutient les survivants, déplore que Shalom, en venant se réfugier en Israël, a finalement fait comme de nombreux autres auteurs de crimes sexuels qui ont quitté leur pays natal pour venir s’abriter au sein de l’État juif.

Les auteurs de crimes sexuels profitent souvent des frontières pour commettre leurs forfaits ou pour échapper aux forces de l’ordre, notamment en pratiquant « du tourisme sexuel », basé sur l’exploitation d’êtres humains, en immigrant dans de nouveaux pays ou en déménageant simplement de la ville ou de l’état qu’ils habitent. Ce n’est pas un problème qui est unique à Israël mais le processus d’immigration est relativement facile pour les Juifs, note Anderson.

« Le fait qu’il soit si facile d’immigrer en Israël fait du pays un choix très attractif pour de nombreuses personnes, y compris pour ceux qui veulent pouvoir rapidement partir », dit-elle. « Et au niveau social, les gens ne posent pas beaucoup de questions à une personne qui vient de faire son alyah« , remarque-t-elle.

Elle-même a pris en charge une centaine d’affaires impliquant des pédocriminels venus s’installer en Israël, en majorité depuis les États-Unis mais aussi depuis le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni et d’autres pays européens. Elle avait connaissance du cas de Shalom mais elle n’a pas personnellement travaillé dessus.

Aaronson explique que le dossier « donne une triste image des procureurs israéliens et de leurs priorités ».

« Ce n’est malheureusement pas une surprise. Les contenus pédocriminels ne sont pas une priorité majeure », dit-elle. « La manière dont Israël gère généralement ce type de dossier, en termes de politique… la gestion des crimes sexuels est médiocre sous de nombreux aspects ».

La plus grande partie des dossiers sont clos par manque de preuve et les condamnations émises ne sont pas sévères, regrette-t-elle.

Les suspects, parfois, retournent dans leur pays d’origine après avoir conclu une négociation de peine, continue-t-elle.

L’avocat de Shalom a affirmé, avant sa condamnation, que son client avait développé une dépendance à l’égard des contenus violents qui circulent sur internet, qu’il avait réalisé la gravité de ses actions, qu’il avait demandé des soins psychiatriques et qu’il n’a commis aucun crime depuis 2016. Il a ajouté que Shalom avait été agressé et menacé alors qu’il se trouvait en détention avant son procès et qu’il avait subi un harcèlement antisémite, notamment de la part d’un autre prisonnier arborant des tatouages nazis.

Le parquet, de son côté, a fait remarquer que non seulement Shalom avait fait circuler des contenus pédocriminels mais qu’il avait aussi encouragé l’agent sous couverture à faire subir des violences sexuelles à un enfant – ce qui traduit, selon les procureurs, « un niveau de dépravation et de cruauté effroyable ».

« Sa conduite est extrêmement dangereuse et elle est de surcroît complètement méprisable », est-il écrit dans le document faisant état de sa condamnation, qui note aussi que ce sont des criminels comme Shalom qui créent le marché pédocriminel en ligne en assurant l’offre de contenus pédopornographiques, entraînant l’exploitation d’enfants.

Les procureurs ont aussi évoqué son arrestation en 2015 en indiquant qu’une ancienne petite amie de l’accusé avait signalé des incidents similaires entre Shalom et sa petite fille, ce qui paraît indiquer un modèle de comportement.

De plus, les enquêteurs ont aussi découvert des centaines d’images et de vidéos pédopornographiques sur les différents appareils de Shalom et ils ont aussi trouvé des manuels d’instruction sur la manière d’abuser des enfants et d’échapper aux autorités.

Après sa libération de prison, Shalom sera placé sous supervision judiciaire pendant dix ans et il sera inscrit sur la liste des délinquants sexuels.

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