Pence bientôt à Jérusalem, épicentre du séisme avec les Palestiniens
La visite du vice-président américain en Egypte, en Jordanie puis en Israël aura lieu dans un contexte de tensions vives après les initiatives prises par l'administration Trump
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le vice-président américain devrait arriver à l’aéroport Ben Gurion dans la soirée de dimanche, marquant la première visite en Israël d’un haut-responsable américain depuis la reconnaissance, le mois dernier, par l’administration Trump de Jérusalem en tant que capitale israélienne.
L’apogée de ce séjour officiel de 48 heures sera sa visite au mur Occidental mardi, qui est situé dans une partie de la Vieille ville de Jérusalem que la communauté internationale, dans sa majorité, considère comme un territoire palestinien.
Contrairement à d’autres étapes prévues sur son planning, Pence ne sera pas accompagné sur le lieu saint par un responsable israélien. Lui et son épouse Karen seront accueillis par Shmuel Rabinovitch, rabbin du mur Occidental, et il est encore incertain que le vice-président américain y fasse une déclaration officielle.
Parmi les autres moments forts de son séjour, un discours à Yad Vashem et une visite au musée de la Shoah de Yad Vashem sont prévus.
Au regard de la décision palestinienne de boycotter l’administration américaine après la reconnaissance, le 6 décembre, par le président Donald Trump de Jérusalem en tant que capitale d’Israël, la délégation de Pence, formée de plus de 150 personnes, ne se rendra pas à Ramallah et ne rencontrera pas de responsables de l’Autorité palestinienne.

Avant d’aller en Israël, Pence se rendra en Egypte et en Jordanie, deux des plus importants alliés régionaux des Etats-Unis. Samedi, où il rencontrera le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi, puis dimanche, le roi Abdallah II de Jordanie. Les deux hommes ont critiqué avec véhémence les récentes initiatives de l’administration concernant Jérusalem et il sera intéressant de voir comment le Caire et Amman tenteront de créer un équilibre entre un accueil amical réservé au vice-président et la nécessité de ne donner l’impression de cautionner les changements survenus dans la politique américaine dans le conflit israélo-palestinien.
Dimanche soir, le ministre du Tourisme Yariv Levin accueillera Pence à l’aéroport. Le lendemain matin, il sera reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu à son bureau de Jérusalem. A 13 heures 30, le vice-président arrivera à la Knesset où il déposera une gerbe à la mémoire des soldats tombés au combat.
Le discours de Pence à la Knesset n’est pas moins qu’un événement historique qui survient à un moment extrêmement significatif pour Israël et pour le Moyen-Orient
Il prendra alors la parole lors d’une séance plénière spéciale. Le président de la Knesset Yuli Edelstein, Netanyahu et le chef de l’opposition Isaac Herzog prendront également la parole. Le président Reuven Rivlin, la présidente de la Cour suprême Esther Hayut et de nombreux autres dignitaires devraient se trouver dans l’assistance.
Le discours de Pence à la Knesset « n’est pas moins qu’un événement historique qui survient à un moment extrêmement significatif pour Israël et pour le Moyen-Orient », a expliqué Edelstein cette semaine. « Nous écouterons cette allocution avec la plus grande attention et ici, à la Knesset, nous ferons tous les efforts nécessaires pour accueillir le vice-président Pence de la manière la plus appropriée et la plus impressionnante ».
Dimanche soir, les époux Pence dîneront à la résidence du Premier ministre rue Balfour, à Jérusalem, en compagnie de la famille Netanyahu.
Mardi matin, le vice-président rencontrera Rivlin à la résidence présidentielle puis se rendra à Yad Vashem, où il déposera une gerbe dans la crypte du souvenir.

De là, la délégation se dirigera vers le mur Occidental. Le vice-président devrait aller sur le site dans la section réservée aux hommes et son épouse dans celle réservée aux femmes.
Puis, Pence participera à une réception organisée pour les diplomates américains basés en Israël au consulat de Jérusalem avant de reprendre la direction de Washington.
Même s’il restera à Jérusalem tout au long de son séjour, le positionnement adopté par Washington sur le statut de la ville reste flou.
Au mois de mai, Trump était devenu le premier président américain en exerce à se rendre au mur Occidental mais avait minutieusement pris soin d’éviter de se référer au site comme faisant partie de l’Etat juif. Le 6 décembre, lorsqu’il a officiellement reconnu Jérusalem en tant que capitale d’Israël, il a une fois encore évité de déclarer à quelles parties de la ville il se référait.
« Nous ne sommes pas en train de prendre position sur une question de statut final, notamment sur les frontières spécifiques de la souveraineté israélienne à Jérusalem ou sur la résolution des frontières contestées. Ces questions reviennent aux parties impliquées », avait-il déclaré.

Une semaine et demie plus tard, un haut-responsable de l’administration avait indiqué que la Maison Blanche « ne peut envisager aucune situation dans laquelle le mur Occidental ne ferait pas partie d’Israël ». Il avait ajouté toutefois que « les frontières spécifiques de la souveraineté d’Israël feront partie de l’accord de statut final ».
Le 3 janvier, Trump avait troublé de nombreuses personnes dans la région lorsqu’il a indiqué que le statut de Jérusalem ne faisait dorénavant plus l’objet de négociations.
« Nous avons retiré Jérusalem – la partie la plus complexe des négociations – de la table, mais Israël, pour cela, aurait été obligé de payer davantage », avait-il tweeté.
Les relations déjà tendues entre Washington et Ramallah se sont encore détériorées lorsque l’administration a promis de couper ou de suspendre les financements versés à l’Autorité palestinienne. Et dimanche dernier, le président de l’AP Mahmoud Abbas a prononcé un discours féroce dénonçant Trump et rejetant l’initiative prise par son administration de négocier un accord de paix avec Israël.
Mardi, le département d’Etat américain a annoncé qu’il gèlerait le versement de 65 millions de dollars à l’agence de secours des réfugiés palestiniens – connue sous le nom d’UNRWA – une initiative que les Palestiniens ont condamné à grands cris.