Peres à Begin en 1978 : je suis contre un Etat Arafat
Des documents déclassifiés d’une réunion avant les accords de camp David révèlent les positions de l'époque de l’homme d’Etat israélien

L’homme d’Etat israélien Shimon Peres, qui est décédé le mois dernier à l’âge de 93 ans, avait déclaré à l’ancien Premier ministre et fondateur du parti Likud, Menachem Begin, qu’il était contre un Etat palestinien et que « la Jordanie est également la Palestine ».
Bien qu’il ait occupé le poste de ministre de la Défense et qu’il était considéré comme ayant adopté une ligne dure dans ses premières années en politique, en rejetant tout compromis avec les Etats arabes hostiles, Peres est devenu plus tard le visage du mouvement de la paix du pays, portant l’héritage du Premier ministre assassiné Yitzhak Rabin qui était son partenaire de travail sur les accords d’Oslo avec les Palestiniens dirigés par Yasser Arafat.
Peres avait expliqué qu’il s’était converti au compromis après 1977, lorsque le président égyptien de l’époque Anouar el-Sadate avait fait une visite historique à Jérusalem, menant au premier traité de paix israélo-arabe. Peres a obtenu la reconnaissance internationale avec son prix Nobel de la paix, et vers la fin de sa vie, il était devenu une célébrité en voyageant dans le monde entier pour présenter un message de paix et la coexistence.
Dans les minutes d’une réunion, qui viennent d’être déclassifiées, du 31 août 1978, qui était « top secrète » et publiées par Haaretz mardi, Peres, qui était alors chef de l’opposition israélienne, et le Premier ministre Begin ont abordé la conférence de Camp David où, quelques jours plus tard, Begin a signé un accord-cadre pour un accord de paix avec l’Egypte qui allait changer l’histoire.

Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset de l’époquen Moshe Arens, également du Likud, avait participé à la réunion.
Avant la conférence, Begin avait invité Peres à venir s’entretenir sur les questions clés qu’il souhaitait voir évoquer au Camp David, y compris l’autonomie palestinienne, Jérusalem, la présence militaire en Cisjordanie, les lignes de 1967 et les implantations dans la péninsule du Sinaï.
« La Jordanie est également la Palestine… Je suis contre deux pays arabes et contre un autre pays palestinien, contre un Etat Arafat. Aujourd’hui, 50 % des habitants de la Jordanie sont des Palestiniens et donc c’est l’Etat palestinien… disons que notre partenaire ce sont les Jordaniens et non les Palestiniens », a expliqué Peres à Begin, en ajoutant que, un jour, « il y aura la nécessité d’une partition parce que nous ne saurons pas quoi faire avec les Arabes ».
Il a ajouté que les habitants de Gaza devraient recevoir un passeport jordanien et que le roi de Jordanie, Hussein, devrait accueillir des réfugiés palestiniens.
À la fin de la réunion, Peres a déclaré qu’il ne considérait pas les Palestiniens comme des partenaires pour la paix « parce qu’ils ne veulent pas risquer leurs liens avec la Jordanie d’une part et ne veulent pas agir contre l’OLP de l’autre ».
Il a également ajouté qu’il considérait que les Jordaniens devraient étendre leur patronage sur les Palestiniens « parce qu’ils peuvent agir sur les affaires de l’OLP comme nous ne pourrions jamais le faire ».
Plus tôt cette décennie, l’OLP dirigée par Arafat est entré en conflit ouvert avec les forces armées jordaniennes dans une période connue sous le nom de Septembre Noir et pendant laquelle des milliers de Palestiniens ont été tués.
À la fin du conflit violent, l’OLP a été repoussée en dehors des grandes villes en Jordanie et le roi avait réussi à consolider son pouvoir.