Pérou : Arrestation du suspect de 150 menaces contre des synagogues américaines
Selon le FBI, Eddie Manuel Nunez Santos aurait lancé ses alertes après avoir été rejeté par des adolescentes auxquelles il avait demandé des photos explicites
JTA – Au Pérou, les autorités ont arrêté un homme de 33 ans accusé par le FBI d’avoir envoyé de nombreuses alertes à la bombe à des institutions juives américaines, et notamment des synagogues, à l’occasion de Rosh HaShana.
Eddie Manuel Nunez Santos aurait lancé plus de 150 fausses alertes à la bombe, principalement par mail, visant des synagogues, des hôpitaux, des établissements scolaires et d’autres institutions dans cinq États entre le 15 et le 21 septembre 2023, selon la plainte déposée par le FBI contre lui, qui a été rendue publique jeudi. Nunez Santos a été arrêté à Lima mardi, a indiqué le FBI.
Selon l’agence, Nunez Santos, qui est Péruvien, aurait lancé ces alertes en représailles au refus d’adolescentes de lui envoyer des photos d’elles nues. Il sera également inculpé pour délits liés à ces demandes, a précisé le FBI.
Certains mails de menaces étaient accompagnés de numéros de téléphone, qui, selon le FBI, étaient ceux des adolescentes qui l’avaient rejeté ou qui avaient rompu tout contact avec lui.
Les menaces figurant dans la plainte ne reflètent que certaines des menaces signalées par les synagogues ou leurs services de police locaux au cours des derniers mois. Aucune de ces menaces n’était crédible.
L’Anti-Defamation League (ADL) a déclaré après Rosh Hashana, qui a commencé le 15 septembre au soir, avoir enregistré un total de 71 menaces contre des institutions juives dans 14 États depuis le 21 juillet. Mais selon l’organisation de surveillance de l’antisémitisme, le nombre réel de menaces pourrait être encore plus élevé, car certaines communautés semblent préférer ne pas divulguer les menaces qu’elles reçoivent, afin d’éviter de donner une tribune à ceux qui les profèrent.
Dans bien des cas, les alertes à la bombe visant les synagogues nécessitent l’évacuation des fidèles au milieu des offices de prière afin que la police puisse fouiller le bâtiment. Selon le FBI, ces menaces ont également nécessité l’évacuation de milliers d’écoliers, le confinement d’un hôpital et des retards de vols.
Le FBI et les organismes de surveillance de l’antisémitisme n’ont pas encore répondu aux questions concernant la possibilité que d’autres personnes soient à l’origine de la récente vague d’alertes à la bombe. Les menaces mentionnées dans la plainte visaient des institutions de New York, de Pennsylvanie, du Connecticut, d’Arizona et d’Alaska, selon le FBI, mais plusieurs évacuations ont été signalées dans d’autres États, dont le New Jersey, à l’occasion de Rosh Hashana.
Le rapport cite en exemple une des plaintes reçues par une synagogue du comté de Westchester, dans l’État de New York, le 17 septembre, soit au deuxième jour de la fête. « J’ai placé plusieurs bombes à l’intérieur du Centre juif », disait la menace. « Les bombes que j’ai placées à l’intérieur du bâtiment exploseront dans quelques heures. De nombreuses personnes giseront dans une mare de sang. »
Au moment de l’incident, le comité de sécurité du Conseil juif de Westchester a envoyé un courriel aux synagogues du comté pour les informer que la police locale et le responsable de la sécurité du Conseil avaient enquêté sur cette menace et sur d’autres courriels reçus dans la région ce jour-là et qu’ils les avaient jugés peu crédibles. Le comité a insisté sur le fait que toutes les menaces devaient faire l’objet d’une enquête, un avertissement qui intervient après des mois de fausses menaces récurrentes.
Les agents ont réussi à remonter jusqu’à Nunez Santos, qui travaille comme développeur web, en utilisant les données contenues dans les courriels et en enquêtant sur les numéros de téléphone qui y figuraient.
Les cinq chefs d’accusation retenus contre Nunez Santos, s’il est reconnu coupable, sont assortis d’une lourde peine d’emprisonnement. Les accusations liées aux fausses informations et à l’envoi de menaces au-delà des frontières de l’État sont passibles d’une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement. Les accusations relatives à la pornographie enfantine et à l’exploitation de mineurs sont assorties de peines beaucoup plus lourdes.
Non seulement Santos aurait envoyé par courrier électronique des centaines de fausses alertes à la bombe terrorisant les écoles, les hôpitaux et les lieux de culte, mais il aurait également tenté de manière perverse d’entamer des conversations écrites à caractère sexuel avec des adolescentes innocentes. Ses actions ont gaspillé les ressources limitées des forces de l’ordre, mis les premiers intervenants en danger inutilement et victimisé les enfants », a déclaré James Smith, directeur adjoint responsable du FBI, dans un communiqué. « Le FBI n’aura aucune tolérance pour quiconque cherche à terroriser nos communautés, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les auteurs de telles actions soient incarcérés, où qu’ils se trouvent. »
Ce ne sont pas les premières fausses alertes à la bombe adressées aux institutions juives. Plus de 100 menaces de ce type ont été envoyées à des centres communautaires juifs (JCC) au début de l’année 2017. Il a été découvert par la suite que la plupart d’entre elles avaient été envoyées par un adolescent en Israël. En 2020, des dizaines de JCC ont reçu une nouvelle série d’alertes à la bombe par courriel.