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« Poison, mensonges » : Israéliens et Palestiniens s’affrontent à l’ONU sur Jérusalem

Les États-Unis dénoncent les "actes unilatéraux" lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, convoquée après la visite d'un ministre d'extrême droite au mont du Temple

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Gilad Erdan, l'envoyé d'Israël à l'ONU, prenant la parole lors d'une réunion du Conseil de sécurité, au siège des Nations unies, le 5 janvier 2023. (Crédit : AP Photo/Seth Wenig)
Gilad Erdan, l'envoyé d'Israël à l'ONU, prenant la parole lors d'une réunion du Conseil de sécurité, au siège des Nations unies, le 5 janvier 2023. (Crédit : AP Photo/Seth Wenig)

NEW YORK – L’envoyé d’Israël aux Nations Unies a fustigé les Palestiniens pour ce qu’il a décrit comme étant « du poison et des mensonges » lors d’une session d’urgence du Conseil de sécurité sur la récente visite du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir au mont du Temple à Jérusalem.

Les membres du Conseil, y compris les États-Unis, ont souligné à plusieurs reprises l’importance de maintenir le statu quo dans le lieu sensible, tandis que les Palestiniens ont menacé de recourir à la violence et nié toute revendication israélienne sur ce site, le plus sacré du judaïsme.

L’ambassadeur israélien Gilad Erdan a déclaré que la réunion, organisée en réponse à la visite de Ben Gvir mardi, était « absurde » et hypocrite. La visite de 13 minutes de Ben Gvir sur le site a été accueillie par des condamnations internationales et des expressions d’inquiétude.

« Nous sommes ici pour discuter de la visite pacifique de 13 minutes d’un ministre juif sur le site juif le plus sacré placé sous la souveraineté de la démocratie libérale d’Israël », a déclaré Erdan, qui a reproché aux 15 membres du Conseil de sécurité de ne pas tenir de réunions similaires en réponse aux actions de la Russie en Ukraine, au terrorisme palestinien ou aux attaques iraniennes contre le transport maritime international.

« Cette réunion confère à ce non-événement un sentiment d’urgence « , a-t-il ajouté.

La réunion au siège des Nations unies à New York a été officiellement demandée par la Chine et les Émirats arabes unis, qui sont les représentants actuels de la Ligue arabe au Conseil de sécurité. La demande a été faite au nom des missions palestinienne et jordanienne, qui ne sont pas membres du Conseil.

Le Conseil de sécurité, actuellement présidé par le Japon, n’a pas publié de déclaration ou de résolution officielle en réponse à la visite de Ben Gvir.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, visitant le mont du Temple, le 3 janvier 2023. (Crédit : Minelet Har Habayit)

Erdan a expliqué pourquoi les Juifs vénéraient le mont du Temple, qu’il a qualifié de « centre de notre univers ». Il a affirmé qu’Israël avait accepté à tort le statu quo en 1967 pour apaiser le conflit et a déclaré que les Palestiniens cherchaient à nier les liens entre les Juifs et le site.

Le statu quo qui régit l’enceinte autorise les musulmans à prier et à entrer sans trop de restrictions, tandis que les juifs ne peuvent s’y rendre que pendant des créneaux horaires limités, en passant par une seule porte et en suivant un itinéraire prédéterminé, étroitement accompagnés par la police. En outre, ils ne peuvent pas y prier ouvertement.

Le mont du Temple est vénéré par les Juifs comme l’emplacement historique des deux temples juifs, ce qui en fait le site le plus sacré du judaïsme. C’est également le troisième site le plus sacré pour les musulmans, qui l’appellent le complexe de la mosquée Al-Aqsa ou le Noble Sanctuaire.

« Pendant des années, les Palestiniens ont orchestré et mené une campagne empoisonnée visant à effacer tout lien entre le peuple juif et le mont du Temple », a déclaré Erdan, soulignant une récente résolution de l’Assemblée générale qui désigne le site par son seul nom arabe, Haram al-Sharif.

« Tragiquement, l’autorité terroriste palestinienne préfère la violence à la tolérance. Ils sont si intolérants qu’ils veulent non seulement interdire la prière juive sur le mont du Temple, mais aussi les visiteurs juifs. Du pur antisémitisme », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il a lui aussi visité le site en tant que ministre de la police en 2017.

« La récente visite du ministre Ben Gvir au mont du Temple n’était pas une incursion à Al Aqsa ou toute autre fabrication », a poursuivi Erdan. « Elle était conforme au statu quo ».

« Les Juifs sont autorisés à visiter le site le plus sacré du judaïsme. C’est le droit de chaque juif. Israël n’a pas compromis le statu quo et n’a aucune intention de le faire. »

Il a déclaré que l’attention portée par l’ONU sur cette question « confère une légitimité au poison et aux mensonges des Palestiniens.  »

L’envoyé palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, a prévenu des risques de violence et a personnellement attaqué Erdan pour sa visite antérieure sur le site.

« Notre peuple est à bout de patience et la modération et le sens des responsabilités dont nous faisons preuve ne sauraient être interprétés comme un signe de faiblesse. L’histoire montre que la persistance d’Israël dans cette voie ne mène pas à la capitulation, mais au soulèvement », a déclaré Mansour, avertissant que le site pourrait devenir « l’épicentre d’un conflit religieux ».

Il a rejeté les revendications israéliennes sur le site et a appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures contre Israël.

« Haram al-Sharif se trouve en territoire palestinien occupé », a déclaré M. Mansour. « Israël n’a aucune prétention et aucun droit à la souveraineté sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et donc aucun droit sur Haram al-Charif. »

« Quelle ligne rouge Israël doit-il franchir pour que le Conseil de sécurité dise enfin ‘trop, c’est trop’ ? » a-t-il ajouté, affirmant que le nouveau gouvernement israélien était « détraqué » et un  » régime colonial  » et commettait des crimes de guerre.

Il a également déclaré qu’Israël agressait les chrétiens de la ville et que le statu quo « sapait nos tentatives de promouvoir la coexistence pacifique des religions dans la ville. »

Riyad Mansour, représentant palestinien auprès des Nations unies, s’exprime lors d’une réunion du Conseil de sécurité au siège des Nations unies, le 5 janvier 2023. (Crédit : Seth Wenig/AP)

L’envoyé américain Robert A. Wood a déclaré au Conseil de sécurité que Washington était préoccupé par l’escalade des tensions entre Israël et les Palestiniens et a décrié les « actions unilatérales » au mont du Temple, une critique apparente du nouveau gouvernement israélien.

« Nous sommes préoccupés par tout acte unilatéral qui pourrait exacerber les tensions ou compromettre la viabilité de la solution à deux États », a déclaré Wood. « Les États-Unis sont résolument pour le maintien du statu quo historique en ce qui concerne les lieux saints de Jérusalem, en particulier au mont du Temple de Haram al-Sharif. »

Il a ajouté que le président américain Joe Biden et le secrétaire d’État Antony Blinken soutenaient tous deux fermement le statu quo et que les États-Unis appréciaient le rôle de la Jordanie qui supervise le lieu saint.

« Dans cet esprit, nous nous opposons à tout acte unilatéral dérogeant au statu quo historique, lesquels sont inacceptables », a ajouté Wood.

« Le programme du Premier ministre Netanyahu prévoit la préservation du statu quo » a-t-il précisé. « Nous attendons du gouvernement israélien qu’il donne suite à cet engagement. »

Le nouveau ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, à droite, s’entretient avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors de l’investiture du nouveau gouvernement de droite à la Knesset, le parlement d’Israël, le 29 décembre 2023. (Crédit : Amir Cohen/Pool Photo via AP)

Le Conseil de sécurité a les pouvoirs d’adopter des résolutions juridiquement contraignantes. Une déclaration, contrairement à une résolution, nécessite l’approbation unanime de tous les membres et n’est pas contraignante.

Les États-Unis ont effectivement un droit de veto sur les déclarations et les résolutions et ont souvent pris le parti d’Israël à l’ONU, en soutenant que ce n’est pas une plateforme pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien.

Selon Israël et les États-Unis, l’ONU est depuis longtemps injustement focalisée sur Israël. L’Assemblée générale a demandé à la Cour internationale de justice d’enquêter sur Israël au nom des Palestiniens, et l’ONU a ouvert deux enquêtes à durée indéterminée sur Israël. Aucun autre pays n’a été soumis à un tel examen. Les membres de ces deux enquêtes ont fait des déclarations antisémites.

L’année dernière, l’Assemblée générale a approuvé 15 résolutions anti-israéliennes, soit plus que contre tous les autres pays réunis.

Au début de la session d’urgence de jeudi, le représentant des Émirats à l’ONU, Mohamed Abushahab, a déclaré que son pays « condamne fermement l’assaut de l’esplanade de la mosquée Al Aqsa par un ministre israélien. »

Les fidèles musulmans palestiniens devant le Dôme du rocher, situé dans le complexe al-Aqsa du mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 1er mars 2019. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Abushahab a déclaré que cette visite témoignait d’un « manque d’engagement envers le statut historique et juridique existant des lieux saints de Jérusalem et contribuait à déstabiliser davantage la situation fragile dans les territoires palestiniens occupés. »

La Jordanie, qui se considère comme le protecteur du site, a déclaré qu’elle « condamne avec la plus grande fermeté la violation de la mosquée Al Aqsa par le ministre de la Sécurité nationale. » L’envoyé jordanien a également attaqué Erdan sur la manière dont il a dépeint l’occupation de Jérusalem par la Jordanie entre 1948 et 1967.

D’autres pays, dont le Royaume-Uni, la Russie et la Chine, se sont également exprimés en faveur du statu quo.

Khaled Khiari, assistant du secrétaire général, a déclaré au début de la réunion que, bien que la visite de Ben Gvir « n’ait pas été accompagnée ou suivie de violence, elle est considérée comme particulièrement incendiaire étant donné le plaidoyer passé de Ben Gvir en faveur de changements au statu quo ».

« Je réitère l’appel du Secrétaire général à toutes les parties pour qu’elles s’abstiennent de prendre des mesures susceptibles d’aggraver les tensions à l’intérieur et autour des lieux saints, et pour que tous respectent le statu quo », a-t-il déclaré, ajoutant que l’ONU est en contact étroit avec les parties concernées et s’efforce de désescalader les tensions.

La visite de Ben Gvir n’a pas violé le fragile statu quo sur le site, mais a été considérée comme une provocation en raison de ses positions d’extrême droite et de son soutien passé à la prière juive sur le site. Après la visite, il a refusé de dire s’il ferait pression pour modifier le statu quo sur le site afin de permettre la prière juive. Il a également reconnu que la police avait autorisé la tenue de prières juives discrètes sur le site, en violation du statu quo. Le ministère de Ben Gvir supervise les forces de police.

Israël assure être déterminé à maintenir le statu quo et indique que des ministres, dont Erdan, ont visité le site par le passé.

La visite de Ben Gvir a eu lieu mardi, à l’occasion du 10 Tevet, un jour de jeûne juif pour commémorer les événements qui ont conduit à la destruction du premier Temple. C’était la première fois qu’il se rendait sur le lieu saint depuis sa nomination à son poste de ministre la semaine dernière. Ben Gvir est à la tête du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, qui fait partie de la coalition au pouvoir du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

De nombreux Palestiniens rejettent l’idée que le mont du Temple soit sacré pour les Juifs. Depuis près d’un siècle, ils accusent Israël et les sionistes de comploter pour détruire la mosquée et la remplacer par un temple juif, une idée rejetée par la société israélienne dans son ensemble.

Le mont du Temple a été le théâtre de fréquents affrontements entre des manifestants palestiniens et les forces de sécurité israéliennes, et les tensions dans l’enceinte contestée ont alimenté les précédentes vagues de violence.

La visite du leader de l’opposition de l’époque, Ariel Sharon, en septembre 2000, a été suivie d’émeutes et d’affrontements palestiniens importants qui ont déclenché la deuxième Intifada. Les affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et les émeutiers palestiniens cherchant à empêcher les Juifs d’entrer sur le site ont provoqué une guerre de 11 jours avec le Hamas en 2021.

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