Israël en guerre - Jour 344

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Pour des milliers de manifestants, un accord « trêve contre otages » c’est « maintenant ou jamais »

Alors que des informations laissent entendre que les parties se rapprocheraient d'un cessez-le-feu à Gaza, les protestataires ont rappelé que le temps presse pour les captifs qui se trouvent encore à Gaza

Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Des manifestants réclament la libération des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza, devant les quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 17 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
Des manifestants réclament la libération des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza, devant les quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 17 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Les manifestations hebdomadaires réclamant un accord sur les otages et de nouvelles élections ont attiré des dizaines de milliers d’Israéliens dans tout le pays, samedi soir, alors que les négociations en cours entre Israël et le Hamas ont fait naître l’espoir qu’un accord « cessez-le-feu contre captifs » puisse enfin être finalisé.

A Tel Aviv, ce sont des dizaines de milliers de protestataires – avec parmi eux des proches des otages maintenus en détention à Gaza – qui se sont rassemblés sur la « Place des Otages » pour réclamer le retour de leurs êtres chers, suppliant le Premier ministre et son équipe en charge des pourparlers de conclure un accord avant qu’il ne soit trop tard.

Prenant la parole lors de la manifestation, Ilay David, dont le frère de 23 ans, Eviatar David, est actuellement dans les geôles du Hamas, s’est adressé à Netanyahu et à ses négociateurs en déclarant : « Il est temps de garantir que tous les otages vont retourner immédiatement chez eux ».

« Vous avez tout le soutien de la nation israélienne. N’ayez pas peur de prendre la décision la plus morale, qui est aussi la plus juive et n’ayez pas peur de rapatrier tous nos otages », a-t-il continué.

Certains protestataires ont opté pour une mise en scène pour appuyer leur demande d’un accord – avec notamment une personne, portant un masque de Netanyahu, penchée sur une autre qui représentait un otage décédé et recouvert de sang. Tous les deux étaient placés devant une bannière qui disait : « J’ai ajouté des clauses, les otages sont morts. Je suis désolé ». Une mise en scène qui faisait référence aux informations qui ont laissé entendre que le Premier ministre avait ajouté de nouvelles revendications pendant les discussions, un ajout qui a reporté la conclusion d’un accord.

Un haut-responsable de l’administration Biden a confié aux journalistes, vendredi, que des médiateurs des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar pensaient que « la proposition de rapprochement » qui a été soumise par Washington apportait une solution à presque tous les désaccords qui persistent actuellement entre l’État juif et le groupe terroriste palestinien.

Un manifestant portant un masque à l’effigie de Netanyahu participe à un rassemblement réclamant la conclusion immédiate d’un accord de libération des otages détenus par le Hamas à Tel Aviv, le 17 août 2024. (Crédit : Danor Aharon)

Mor Shoham, dont le frère Tal Shoham, 38 ans, est encore retenu en otage à Gaza après la remise en liberté, au mois de novembre dernier, de six autres membres de sa famille, a rappelé la tradition juive, affirmant que « qui sauve une vie sauve l’Humanité toute entière » – évoquant une phrase du Talmud et invitant les personnes présentes à reprendre la phrase avec lui.

Shoham a mis l’accent sur l’urgence de la libération des captifs, disant que « aucun citoyen israélien ne pense que les otages ont encore du temps devant eux et, en conséquence, un accord doit être conclu maintenant. ‘Maintenant’, ce n’est pas un slogan comme peut l’être ‘une victoire totale’. Mais c’est un plan d’action – et c’est le seul. Netanyahu, signez un accord maintenant ! », s’est-il exclamé.

Eli Albag, dont la fille Liri Albag, 19 ans, avait été kidnappée alors qu’elle se trouvait sur la base militaire de Nahal Oz, a souligné penser que le moment était propice à la conclusion d’un accord et qu’il y avait un choix à faire entre la finalisation de ce dernier et la perspective d’une guerre régionale majeure dont les conséquences seraient imprévisibles : « Le Hamas veut aussi un accord, comme le Hezbollah », a-t-il déclaré. « Et s’il n’y a pas d’accord – il y aura alors une guerre atroce ».

Dans son discours, Albag a évoqué les critiques qui prennent pour cible les familles d’otages, disant à ceux qui mettent en doute leur rhétorique ou leurs tactiques que « vous n’aurez pas le droit de vous exprimer tant que vos enfants n’auront pas été enlevés. Puis, si vos enfants doivent être kidnappés, vous pourrez alors nous critiquer autant que vous le voudrez, comme vous le vouldrez. Mais tant que vos enfants n’auront pas été kidnappés, vous vous tairez. »

Yarden Gonen, dont la sœur, Romi Gonen fêtera dimanche son 24e anniversaire en captivité, a lu le message qu’elle lui a écrit : « Comment puis-je continuer à exister dans ce monde alors que je vois autour de moi des gens qui ne font pas tout ce qu’ils peuvent pour rapatrier les otages ? »

Gonen a révélé, à la fin de son discours, qu’elle avait écrit ce message à l’occasion de son propre anniversaire, il y a environ huit mois. Elle a dit qu’elle regrettait qu’il soit malheureusement encore pertinent aujourd’hui.

Romi Gonen avait été enlevée au festival de musique électronique Supernova, aux abords du kibboutz Reim, le 7 octobre – quand près de 3 000 terroristes avaient franchi la frontière séparant Israël de la bande de Gaza par voie aérienne, par voie terrestre et par voie maritime et qu’ils avaient commis un pogrom dans le sud du pays. Ils avaient massacré près de 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 251 personnes qui avaient été prises en otage à Gaza, se livrant à des atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.

Yarden Gonen, la sœur de Romi Gonen, otage à Gaza, s’exprime lors d’un rassemblement sur la place des Otages de Tel Aviv, le 17 août 2024. (Crédit : Paulina Patimer, Pro-Democracy Protest Movement)

Le Forum des Familles des otages a prévu d’organiser un événement à Jaffa, dimanche, pour l’anniversaire de Romi Gonen. Il a invité les participants à porter des vêtements à motifs léopards ou jaunes pour rendre hommage au mieux à la vivacité d’esprit de la jeune femme.

Il resterait aujourd’hui 111 captifs dans les geôles du Hamas. L’armée israélienne a confirmé la mort de 39 d’entre eux.

Le groupe terroriste avait libéré 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine, à la fin du mois de novembre, et quatre otages avaient été remis en liberté avant cette pause dans les combats. Sept otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par l’armée israélienne et les corps sans vie de 24 captifs ont aussi été rapatriés – notamment ceux de trois hommes qui avaient été accidentellement tués par l’armée alors qu’ils étaient parvenus à échapper à leurs geôliers à l’occasion d’un incident tragique survenu en décembre.

Le Hamas détient par ailleurs les corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont tous deux censés être en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre chef en 2014 et 2015 respectivement.

Le Forum des otages a fait remarquer que son rassemblement était organisé conformément aux directives émanant du Commandement intérieur – des directives qui sont restées inchangées pour le moment – même si l’armée israélienne est en état d’alerte face à la perspective d’une attaque potentielle de l’Iran ou du Hezbollah après les meurtres de deux chefs terroristes de premier plan.

A proximité de la place des Otages, à l’intersection de la route Begin et de la rue Kaplan – un carrefour qui a été rebaptisé « place de la Démocratie » – les opposants au gouvernement se sont retrouvés, avec parmi eux certaines familles d’otages également.

Dans une invitation qui a été publiée vendredi soir sur les réseaux sociaux en direction du public, les organisateurs de ce mouvement de protestation ont cité les résultats d’un sondage réalisé par la Douzième chaîne qui a établi que 63% des Israéliens apportaient leur soutien à un accord sur les otages. 12% ont dit y être défavorables (23% ont confié être « sans opinion ».)

Le député Benny Gantz lors d’un rassemblement appelant à la libération des otages à Gaza sur la « Place des otages » de Tel Aviv, le 17 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« La nation veut que les otages reviennent à la maison », a écrit sur X le groupe Kulanu Hatufim [Nous sommes tous des otages], un groupe qui est constitué d’une dizaine de familles de captifs. Kulanu Hatufim est connu pour ses mouvements de protestation aux abords du quartier-général de l’armée, à Tel Aviv, et pour ses blocages de l’autoroute Ayalon, le samedi soir, souvent à l’issue de la manifestation officielle qui est organisée par le Forum des Familles d’otages.

Au même moment où l’invitation était postée sur X, Tzvika Mor, le père d’Eitan Mor, kidnappé alors qu’il travaillait dans l’équipe de sécurité de la rave-party Supernova, avait indiqué qu’il était lui-même farouchement opposé à un accord qui, selon lui, « pourrait entraîner la mort de mon enfant » et celle des autres hommes jeunes qui se trouveront encore dans les geôles du Hamas à l’issue de la première phase de mise en œuvre de l’accord.

« Seule la victoire les libérera tous », avait écrit Mor qui est membre du Forum des Familles d’otages Tikva, qui a adopté une attitude va-t-en-guerre dans le cadre du conflit.

« Quelle raison pourrait motiver les officiels du Hamas à libérer les jeunes hommes dans la phase suivante alors qu’ils savent qu’aussitôt que ces otages seront remis en liberté, Israël éliminera immédiatement les dirigeants du Hamas ? Je m’inquiète désespérément d’un accord qui coûtera peut-être la vie à Eitan, mon fils bien-aimé, ainsi qu’aux autres otages qui seront encore à Gaza à l’issue de la première phase », avait ajouté Mor.

Tzvika Mor avec son fils Eitan, otage à Gaza, sur une photo non-datée. (Autorisation)

« Seule une victoire écrasante qui entraînera la désintégration du Hamas pourra libérer… les otages des griffes des terroristes », a-t-il affirmé.

En plus de la manifestation massive de Tel Aviv, d’autres rassemblements ont eu lieu dans les villes de tout le pays, attirant des milliers de personnes.

Des milliers de personnes ont participé à des mouvements de protestation à Jérusalem et à Haïfa. A Haïfa, un cortège a défilé en arborant une bannière sur laquelle était écrit : « Qui abandonne une vie abandonne l’Humanité toute entière », en référence à la même phrase talmudique par ailleurs citée par Shoham.

A Ness Ziona, le grand-père de l’otage Naama Levy a pris la parole lors d’une manifestation en faveur de la remise en liberté des otages tandis que d’autres ont fait le choix de s’adonner à des performances artistiques. Deux femmes déguisées en captives menottées, un bandeau sur les yeux, se sont ainsi installées devant une bannière où il était écrit : « Et si c’était votre fille ? »

D’autres regroupements ont eu lieu à Hadera, Kiryat Tivon, au carrefour Karmiel qui est situé dans le nord d’Israël et devant la résidence privée de Netanyahu à Césarée, en plus de nombreuses autres localités de tout l’État juif.

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