Israël en guerre - Jour 369

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Pour Kushner qui semble écarter deux Etats, les efforts du passé ont « échoué »

"Nous avons tenté de faire les choses un peu différemment", a affirmé le haut-conseiller de Trump concernant le nouveau plan de paix qui nécessitera de "durs compromis"

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

NEW YORK, NEW YORK - Jared Kushner lors d'un débat organisé pendant le Sommet 2019 du Magazine Time à New York,  le 23 avril 2019 (Crédit :   Brian Ach/Getty Images for TIME/AFP)
NEW YORK, NEW YORK - Jared Kushner lors d'un débat organisé pendant le Sommet 2019 du Magazine Time à New York, le 23 avril 2019 (Crédit : Brian Ach/Getty Images for TIME/AFP)

Semblant clairement indiquer que le plan de paix de l’administration Trump s’écartera de la solution à deux Etats en tant que cadre d’un accord permanent de résolution du conflit israélo-palestinien, le haut-conseiller à la Maison Blanche Jared Kushner a noté mardi que les efforts de paix lancés par les précédentes administrations avaient « échoué » et que la nouvelle proposition serait différente.

Interviewé lors d’une conférence organisée à New York par le magazine Times, le gendre du président américain Donald Trump a déclaré que « nous avons opté pour ce qui est, je le pense, une approche non-conventionnelle. Nous avons examiné tous les efforts passés et la manière dont ils ont échoué, la raison pour laquelle ils ont échoué… Nous avons tenté de faire les choses un peu différemment ».

Interrogé à deux reprises sur l’inclusion dans la proposition de la solution à deux Etats, Kushner n’a pas répondu de manière directe. « Nous établirons cela de manière très claire… Si on se concentre sur les points de débats traditionnels, nous ne progresserons jamais », a-t-il indiqué.

Kushner a qualifié de « bonne tentative » l’initiative arabe de paix adoptée en 2002 par 22 Etats arabes. « Mais si cela avait dû fonctionner, nous aurions eu un plan de paix sur cette base il y a déjà longtemps », a-t-il ajouté.

Le président américain Donald Trump (à gauche) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans l’aile ouest de la Maison Blanche, le 25 mars 2019. (Crédit : Brendan Smialowski/AFP)

L’initiative de paix arabe appelait Israël à accepter une solution à deux Etats le long des frontières de 1967 et une solution « juste » non-spécifiée à la question des réfugiés palestiniens avec, en contrepartie, la normalisation des liens entre les nations arabes et l’Etat juif et la proclamation de la fin du conflit israélo-palestinien.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a indiqué qu’il ne souhaitait pas travailler dans le cadre de l’initiative de paix arabe mais qu’il cherchait toutefois à mettre en place des liens plus chaleureux avec les pays arabes, même en l’absence de progrès diplomatique substantiel avec les Palestiniens. Il a également promis durant la course aux élections du 9 avril qu’il ferait graduellement appliquer la souveraineté israélienne dans toutes les implantations de Cisjordanie – où vivent 400 000 Juifs israéliens – et déclaré qu’il espérait pouvoir le faire avec l’accord des Etats-Unis. Une telle initiative rendrait impossible la création d’un Etat palestinien contigu.

Kushner a expliqué le plan de paix de Trump serait centré autour d’un « modèle pyramidal qui déterminera comment il est possible d’améliorer la vie des Palestiniens ».

Il a noté que les initiatives prises par les précédentes administrations américaines avaient commencé par un processus visant à mener vers une résolution. La Maison Blanche de Trump, au contraire, « a commencé par une proposition de solution. Puis nous travaillerons sur la manière pour tenter d’y arriver ».

Le haut-conseiller à la Maison Blanche a estimé que le plan prenait en compte les inquiétudes israéliennes liées à la sécurité tout en « s’attaquant à toutes les questions essentielles de statut ». Il a ajouté qu’il comprendrait également « un business plan robuste pour la région entière et je pense qu’avec ces deux éléments, il y a matière à avancer ».

Kushner a repris certains propos que lui et d’autres responsables de l’administration Trump avaient pu tenir ces dernières semaines sur le plan de paix. Il a ainsi insisté sur le fait qu’il « y aura des compromis durs pour les deux parties » et que la proposition sera soumise après le mois sacré du ramadan, qui s’achèvera début juin.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, à gauche, et le président américain Donald Trump au Palace Hotel de New York, le 20 septembre 2017. (Crédit : Brendan Smialowski/AFP)

« J’ai l’espoir que lorsqu’on découvrira notre proposition – je ne dis pas que les partis vont dire ‘C’est parfait, allons-y’ – mais j’ai l’espoir qu’ils se diront : ‘Il y a bien des compromis à faire ici mais finalement, c’est véritablement un cadre qui permettra d’améliorer notre quotidien au niveau matériel' », a poursuivi Kushner. « On verra si les responsables, des deux côtés auront le courage de saisir cette chance pour avancer. »

Cette interview est parue très largement en phase avec des propos tenus par un haut-responsable de l’administration Trump, la semaine dernière, cités par Sky News Arabic. L’officiel avait affirmé qu’il n’était pas utile d’avoir recours au terme de « solution à deux Etats », les deux parties en lice le comprenant différemment.

Quelques jours avant, le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Mohammad Shtayyeh avait répondu à un tweet écrit par l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient de Trump, Jason Greenblatt, sur le plan de paix, affirmant que « toute initiative politique qui n’appellera pas à la fin de l’occupation israélienne et à l’établissement d’un Etat palestinien souverain et indépendant avec Jérusalem comme capitale, sur les frontières de 1967, avec une résolution du problème des réfugiés, n’est pas acceptable pour les Palestiniens ».

Alors que l’équipe de Trump a conservé secrets les détails de la proposition (Trump n’en aurait lui-même pas entièrement connaissance selon certaines sources), les rumeurs sont nombreuses, en particulier sur les réseaux sociaux.

Le Washington Post et le Guardian ont laissé entendre, la semaine dernière, qu’il ne prévoyait pas la création d’un plein Etat palestinien – une information qui n’a pas été démentie par les responsables américains.

Ce qui entraînerait une nouvelle fin de non-recevoir de la part des Palestiniens qui refusent d’ores et déjà de coopérer avec l’équipe de Trump, accusée de partialité en faveur de l’Etat juif suite à la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël en 2017 et au transfert de l’ambassade américaine dans la ville sainte au mois de mai 2018.

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