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Pour Shai Nitzan, actuellement mis en cause, Netanyahu « n’est que mensonges »

Shai Nitzan qualifie "d'absurde" l'accusation lancée par le Premier ministre qu'il aurait dépeint à dessein un enseignant bédouin comme un terroriste juste pour lui nuire

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une conférence de presse à Beit Shemesh, le 8 septembre 2020. (Capture d'écran : Facebook)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une conférence de presse à Beit Shemesh, le 8 septembre 2020. (Capture d'écran : Facebook)

L’ancien procureur d’Etat Shai Nitzan a accusé jeudi le Premier ministre Benjamin Netanyahu de mentir au public tout en défendant certaines de ses propres décisions qui sont actuellement mises sous le feu des projecteurs.

Netanyahu a redoublé d’attaques contre Nitzan et d’autres responsables judiciaires suite à des informations, parues cette semaine, qui ont laissé entendre que l’ex-procureur avait peut-être couvert des fautes commises par des policiers pour éviter de donner des munitions aux alliés du Premier ministre – ces derniers tentant de dépeindre les affaires pénales visant Netanyahu comme relevant d’une « chasse aux sorcières ».

Mardi, Netanyahu avait présenté ses excuses à la famille de Yaqoub Abou Al-Qiaan, que le gouvernement avait qualifié de « terroriste » après sa mort sous les balles des policiers en 2017. Netanyahu avait, lors de la même allocution, laissé entendre que les forces de l’ordre avaient tenté de couvrir leur erreur pour lui nuire personnellement.

« Dès que j’ai vu le Premier ministre d’Israël debout devant le pays tout entier et disant que ‘le procureur d’Etat et le chef de la police ont fait d’un homme innocent un terroriste dans le seul but de nuire au Premier ministre’, je me suis dit que c’était assez », a déclaré Nitzan au cours d’une série d’interventions devant les médias.

« Combien de mensonges est-il possible de placer en une seule phrase, quelle dose de cynisme… Se tenir là, debout, devant le public, prononcer une phrase tellement pleine de mensonges… C’est inimaginable », c’est exclamé Nitzan. « Est-il concevable de transformer un citoyen innocent en terroriste afin de nuire au Premier ministre ? », a-t-il continué.

Une suggestion qui est « absurde », a commenté Nitzan qui a aussi souligné, au cours d’un entretien accordé à la Douzième chaîne, qu’il avait été nommé à son poste par Netanyahu, comme cela avait été également le cas de l’ancien chef de la police Roni Alsheich et du procureur-général Avichai Mandelblit – qui assume toujours sa fonction. Alsheich a dirigé les enquêtes pour corruption à l’encontre du Premier ministre et Mandelblit a, pour sa part, inculpé ce dernier.

Netanyahu accuse les trois hommes de complicité dans ce qu’il affirme être une tentative de coup d’Etat visant à l’écarter du pouvoir, en fabriquant de fausses accusations pour corruption à son encontre. Le Premier ministre est actuellement traduit devant les juges dans trois dossiers. Il est accusé de fraude et d’abus de confiance dans les trois et de pots-de-vin dans l’un d’eux.

Il n’a cessé de clamer son innocence.

Nitzan a expliqué s’être senti dans l’obligation de s’exprimer après avoir entendu les propos tenus au début de la semaine par Netanyahu concernant la mort d’Abou al-Qiaan, tué par des agents de police au mois de janvier 2017, alors que les forces de l’ordre s’étaient rendus dans le village natal de l’homme pour y superviser des démolitions de maisons. Umm al-Hiran était un village bédouin non reconnu que l’Etat désirait raser pour laisser la place à une ville juive.

Yaqoub Mousa Abou al-Qiaan. (Autorisation)

Si la police avait toujours affirmé qu’Abou al-Qiaan s’était livré à une attaque à la voiture-bélier, les services de sécurité du Shin Bet et le département des enquêtes internes de la police avaient tous les deux conclu – selon des informations – que ce père de douze enfants avait été pris pour cible par erreur et qu’il avait perdu le contrôle de son véhicule qui avait alors frappé un groupe d’officiers, tuant l’un d’entre eux.

« On a dit que cet homme était un terroriste juste pour empêcher que la police soit jugée irresponsable, qu’elle puisse se défendre et m’attaquer », avait déclaré Netanyahu mardi dernier.

Un reportage diffusé lundi soir par la Douzième chaîne avait également fait savoir que Nitzan avait fait clore une enquête sur l’ancien chef de la police, Alsheich, en raison de fuites qui avaient eu lieu en direction des médias concernant l’existence d’un rapport du Shin Bet qui – Alsheich l’avait affirmé à tort – prétendait soutenir la version des policiers. Le chef des forces de l’ordre avait accusé le bureau des enquêtes internes de la police, le PIID, une unité du ministère de la Justice, d’avoir enterré ce rapport.

Selon la chaîne, dans un courriel envoyé en 2018 aux enquêteurs du PIID, Nitzan avait déclaré que mettre en évidence les différences entre les conclusions du bureau du procureur et la police « ne ferait que du bien à ceux qui veulent faire du mal au système d’application de la loi », une référence apparente aux attaques du Premier ministre et de ses partisans contre le système de justice pénale dans un contexte d’enquêtes ouvertes à son encontre.

Au cours de ses apparitions médiatiques variées, dans la journée de jeudi, Nitzan a nié que le courriel ait fait référence au Premier ministre, soulignant qu’il n’avait jamais dit qu’Al-Qiaan était un terroriste et qu’il n’avait jamais ouvertement soutenu les conclusions tirées par les policiers.

« J’ai dit qu’on ne pouvait pas déterminer s’il était un terroriste, qu’il y avait des indications qui laissaient entendre qu’il pouvait en être un mais également laissant penser le contraire. Je n’ai jamais réellement soutenu le chef de la police dans ce dossier », a-t-il insisté.

Il avait clos l’enquête sur la fusillade en 2018.

L’ancien chef de la police Roni Alsheich donne une interview à la Douzième chaîne à Tel Aviv, le 5 septembre 2019. (Crédit : Flash90)

La Douzième chaîne a aussi fait savoir lundi que les hauts responsables du système judiciaire avaient récemment porté plainte auprès du contrôleur de l’Etat, prétendant que de hauts responsables de la police et Nitzan avaient tenté de couvrir un conflit d’intérêt de la part de l’un des enquêteurs travaillant sur les dossiers ouverts à l’encontre de Netanyahu et de son épouse, Sara.

Nitzan a indiqué à la Treizième chaîne qu’il s’était penché sur cette affaire et qu’il avait conclu que l’homme en question n’avait eu accès à aucun matériel compromettant le dossier pour corruption du Premier ministre.

Interrogé par le journaliste de la Treizième chaîne qui lui demandait s’il qualifiait de menteur le Premier ministre, Nitzan a répondu : « Vous l’avez dit. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une conférence de presse à Beit Shemesh, le 8 septembre 2020. (Capture d’écran : Facebook)

Le parti du Likud de Netanyahu a répondu aux entretiens accordés par Nitzan dans un communiqué transmis à la Douzième chaîne, disant que « Shai Nitzan a corrompu le système judiciaire et l’a transformé en système de contournement de la loi ».

Nitzan, a continué le communiqué, « est en proie à la panique parce qu’il sait très bien qu’une enquête indépendante révèlera la vérité concernant les dossiers tronqués contre le Premier ministre, ce pour quoi il devra être le premier à être présenté devant la justice ».

Netanyahu a utilisé les révélations faites par la Douzième chaîne pour critiquer les procédures judiciaires intentées à son encontre.

« Est-il possible que le procureur-général n’ait pas eu connaissance de tous ces comportements ? Est-il possible qu’il ne les ait pas approuvés ? J’estime avec prudence que le procureur-général ne se penchera pas sur ces questions. Il n’y a pas d’alternative autre qu’une enquête indépendante », a déclaré Netanyahu mercredi. « Manifestement, il y a des décisions politiques qui sont prises ici par de hauts responsables judiciaires qui dénaturent la justice et le droit pour tenter d’écarter du pouvoir un Premier ministre de droite, pour tenter de nous écarter du pouvoir », a continué Netanyahu.

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