Israël en guerre - Jour 566

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« Pourquoi sont-ils encore là-bas ? », demande Rachel Goldberg-Polin, lors du deuxième Pessah des otages à Gaza

"Cette année, il n'y a que cette seule question à se poser", déclare la mère d'un otage tué alors que les Juifs célèbrent la fête de la liberté avec 59 otages qui sont encore en captivité - 24 seulement seraient en vie

La haggadah d'Asufa pour 2025 avec plusieurs images montrant des chaises jaunes aux tables du seder, symbolisant les otages israéliens qui sont encore à Gaza. (Crédit : Philissa Cramer / JTA)
La haggadah d'Asufa pour 2025 avec plusieurs images montrant des chaises jaunes aux tables du seder, symbolisant les otages israéliens qui sont encore à Gaza. (Crédit : Philissa Cramer / JTA)

JTA — L’année dernière, à Pessah, Agam Berger avait marqué la fête dans la petite pièce sombre de Gaza où elle était retenue en otage. Avec sa camarade Liri Albag, elle avait utilisé une haggadah de fortune pour raconter l’histoire de l’exode des Israélites qui fuyaient l’esclavage en Égypte.

Yarden Bibas, pour sa part, s’était souvenu, depuis l’endroit où il était maintenu en captivité, des célébrations pleines de joie auxquelles il avait pris part aux côtés de sa famille – s’accrochant à l’espoir d’enfin retrouver son épouse et ses deux jeunes enfants, peut-être à temps pour les fêtes de fin d’année.

Tous les trois ont été remis en liberté à l’occasion d’un cessez-le-feu qui a duré deux mois, au début de l’année. Ils ont tenu à marquer l’arrivée de Pessah en appelant à la libération des dizaines d’otages qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas, au sein de l’enclave côtière.

« Quand je vais célébrer cette fête avec ma famille, je n’aurai pas le sentiment qu’elle est tout à fait complète », a écrit Berger, cette semaine, dans une tribune qui a été publiée dans le Wall Street Journal. « Cinquante-neuf otages sont toujours détenus à Gaza, et 24, parmi eux, seraient encore en vie. C’est le deuxième Pessah qu’ils vont passer enchaînés. Nous ne pouvons pas en permettre qu’il y en ait un troisième ».

L’ancienne otage Agam Berger (au centre) et des membres de sa famille visitent la Vieille ville de Jérusalem, le 28 février 2025. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Quand Bibas est revenu, il a appris la nouvelle dévastatrice : celle que son épouse et ses deux petits garçons avaient été assassinés en captivité. « Je suis ici et j’en suis tellement reconnaissant – mais j’ai du mal à me réjouir véritablement alors que je n’ai toujours pas fait le deuil de ce que j’ai perdu et alors que je sais que David est toujours dans un tunnel », a-t-il écrit vendredi sur Instagram, faisant référence à son meilleur ami David Cunio, qui est encore dans les geôles du groupe terroriste au pouvoir à Gaza.

La fête survient alors que les combats ont repris à Gaza et qu’il n’y a que peu de signes laissant espérer la conclusion imminente d’un accord susceptible d’entraîner la remise en liberté des otages restants. Si le président Donald Trump a déclaré, jeudi, que les négociateurs « se rapprochaient » d’un tel accord, CNN a signalé cette semaine que le rythme des négociations s’était ralenti depuis que les responsables israéliens ont repris la direction des opérations à la place des officiels de l’administration américaine.

Yarden Bibas sur la place des Otages, 18 mars 2025. (Crédit : Paula Patimer / Hostages Families Forum)

Aujourd’hui, pour la deuxième année consécutive, les Juifs du monde entier se préparent à laisser des sièges vides à leur table, symboles de la situation critique des otages. Ils s’apprêtent aussi à partager l’histoire des captifs au cours du seder.

« A chaque otage correspond une famille qui va s’asseoir autour de la table le soir du seder, les larmes aux yeux et le cœur brisé », a écrit sur Instagram Shir Siegel, dont le père Keith a été libéré au mois de janvier, encourageant d’autres à laisser une place vide en hommage aux captifs.

« Il y a des petites choses que les familles et les amis peuvent faire, et qui leur donneront le sentiment qu’ils ne sont pas seuls. Et c’est peut-être la chose la plus importante que nous pouvons faire pour eux », a-t-elle continué dans son post, précisant qu’elle et ses proches prévoiraient une place, à la table, pour Nimrod Cohen, un soldat capturé dans son char d’assaut.

Viki, la mère de Cohen, a été l’illustratrice d’une nouvelle haggadah pour enfants qui a cherché à intégrer les symboles des otages – ceux qui ont été relâchés, ceux qui sont encore vivants et ceux qui ne le sont plus. Elle n’est que l’un des nombreux objets qui ont visé à mettre en lumière l’histoire des captifs à la table du seder avec notamment une autre haggadah qui a été produite par le Forum des familles d’otages et des disparus, le principal groupe de défense des otages et de leurs proches.

La couverture de la « Haggadah de la liberté » du Forum des familles d’otages pour Pessah 2025, avec des textes écrits par des membres de familles d’otages.(Autorisation: Forum des familles d’otages)

Une autre haggadah qui est éditée chaque année par le collectif d’artistes israéliens Asufa ne se focalise pas, pour sa part, sur les otages – mais elle y fait néanmoins discrètement allusion, avec deux images de tables de seder montrant des chaises jaunes similaires à celles utilisées sur la Place des otages de Tel Aviv et au-delà, pour symboliser les captifs.

Pour des dizaines de familles qui ont appris, depuis la dernière célébration de Pessah, que leurs proches avaient été tués le 7 octobre ou qu’ils étaient morts en captivité, cette année sera la première à marquer la fête avec des espoirs déçus.

« Comment pouvons-nous célébrer une telle fête alors que 133 personnes n’ont toujours pas retrouvé leur liberté, qu’elles attendent toujours d’être libérées ? », avait déclaré l’année dernière le petit-fils de l’un de ces otages, Chaim Peri, à la JTA. Au mois de juin, il avait été révélé que Peri était mort au mois de février : il a été enterré en Israël en août, après la découverte de son corps sans vie.

« Il y a quelque chose de pervers dans le fait de seulement célébrer une fête de la liberté alors que notre fils unique n’est pas libre et qu’il endure la pire forme de captivité qu’il soit possible d’imaginer. C’est tout à fait déplacé », avait commenté Rachel Goldberg-Polin l’année dernière. Son fils Hersh avait été exécuté en captivité au mois d’août.

Cette année, Rachel Goldberg-Polin a évoqué Pessah dans un podcast animé par Dan Senor. « Je pense que cette année, il y a une question et une seule qui se pose et qui est la suivante : pourquoi sont-ils encore là-bas ? Pourquoi sont-ils encore là-bas ? », s’est-elle interrogée.

Elle a fait allusion à une tradition pratiquée par certains Juifs qui se flagellent à l’aide d’oignons verts lors du seder, une imitation des coups de fouet subis par les anciens Israélites.

« Nous avons, en fait, l’obligation cette année de nous flageller au seder, car l’objectif de Pessah est de commémorer la sortie de la pire forme de servitude et d’esclavage que nous ayons jamais connue dans l’Histoire », a expliqué Goldberg-Polin.

« Et comment pouvons-nous le faire, cette année, alors que nous sommes conscients qu’il y a actuellement 59 personnes qui sont encore là-bas, dont 24 sont en vie – en vie et qui subissent la pire, la plus horrible forme d’esclavage que l’on puisse imaginer ? Comment est-ce possible ? »

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