Pourquoi un cessez-le-feu entre Israël et le Jihad pourrait être difficile à obtenir
Plus le conflit se prolonge, plus les résultats obtenus par Tsahal risquent d'être inversés. Mais, mettre fin aux combats peut s'avérer plus difficile que de les initier
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Trois jours après le début de l’Opération Aube, alors même que le Premier ministre Yair Lapid déclarait que l’assaut de Tsahal contre le Jihad islamique palestinien à Gaza se poursuivrait « aussi longtemps que nécessaire », des responsables israéliens ont confirmé en privé dimanche qu’ils étaient en contact avec des médiateurs égyptiens pour parvenir à un cessez-le-feu.
L’empressement d’Israël à mettre fin à l’opération est compréhensible. Les frappes ciblées de vendredi et samedi ont tué deux des plus dangereux dirigeants du groupe terroriste parrainé par l’Iran. Plusieurs membres d’une cellule qui avait l’intention de tirer des missiles antichars sur des soldats ou des civils de l’autre côté de la frontière de Gaza ont également été tués. Des dépôts de munitions, des lance-roquettes et d’autres actifs du Jihad islamique ont aussi été détruits.
Le système de défense antimissile du Dôme de fer, constamment amélioré – oh combien la réalité en Israël aurait été intenable sans lui – a intercepté la quasi-totalité des centaines de roquettes dirigées vers des zones habitées. Les Israéliens se trouvant dans la ligne de tir – majoritairement dans le sud et dans le centre d’Israël – ont respecté les instructions du commandement du Front intérieur en se précipitant vers leurs pièces renforcées et leurs mamads lors des alertes, évitant ainsi toute perte de vies humaines.
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Le nombre de morts à Gaza augmente inexorablement, mais les responsables militaires affirment, et c’est tout à fait plausible, que la plupart des morts sont des agents du Jihad islamique palestinien. Il a rapidement été prouvé de manière crédible par Tsahal, au moyen entre autres d’images vidéo, que la responsabilité de la mort de sept civils de Gaza, dont quatre enfants, à Jabaliya samedi dernier, initialement rapportée par les médias palestiniens comme la conséquence d’une frappe israélienne, était bien le résultat d’un lancement de roquette raté du Jihad. Au lieu de se diriger vers les cibles civiles israéliennes visées, la roquette est tombée court et a explosé à l’intérieur de la bande de Gaza, avec les conséquences tragiques et mortelles observées.
Cependant, plus le conflit se prolonge, plus les résultats obtenus par Tsahal risquent d’être compromis ou inversés.
Une ou plusieurs frappes errantes sur Gaza, entraînant des pertes civiles palestiniennes importantes, pourraient affaiblir le soutien diplomatique relativement solide qu’Israël reçoit de la part de nombre de ses alliés, les États-Unis en tête, qui avaient été informés à l’avance de la nécessité du recours à la force par Israël et des raisons de celui-ci. Une attaque à la roquette « réussie », causant d’importantes pertes civiles israéliennes, provoquerait des pressions considérables en Israël pour une opération plus importante contre les terroristes de Gaza.
Lorsque ce cycle de combats prendra fin, comme l’a résumé Amos Yadlin, ancien chef des services de renseignement militaire de Tsahal, dans la nuit de samedi à dimanche, les nombreux Israéliens vivant près de Gaza, qui ont passé plusieurs jours en semi-confinement la semaine dernière – tandis que le Jihad islamique se préparait à attaquer et que Tsahal, mettait au point ses plans pour préempter – « auront le sentiment amer » que le Jihad islamique palestinien, sans oublier le Hamas, représentera encore toujours une menace presque aussi puissante après l’opération qu’avant.
« Mais la plupart des accomplissements [de Tsahal] sont déjà derrière nous », a déclaré Yadlin. Si ce n’est pas à Israël de chercher à obtenir un cessez-le-feu, a-t-il ajouté, il doit en revanche y être prêt.
L’acceptation d’un arrêt plus tôt que prévu pourrait être plus acceptable pour la population israélienne, car ni le gouvernement ni les services de sécurité n’ont généré d’attentes grandioses pour cet énième round de confrontation avec les terroristes de Gaza.
Une menace « concrète » de terrorisme transfrontalier qui devait être contrecarrée existait ; le Jihad avait renforcé ses capacités à la fois à Gaza et en Cisjordanie ; et il était clair qu’il tenterait de créer une équation par laquelle l’arrestation, la semaine dernière, de son chef terroriste en Cisjordanie serait vengée depuis Gaza. L’opération Aube a été lancée pour relever ces défis, c’est ce qu’elle a fait, notamment grâce aux arrestations en cours en Cisjordanie.
Mais les dirigeants israéliens n’ont jamais prétendu vouloir détruire le groupe terroriste du Jihad islamique. Ils n’ont pas non plus prétendu qu’ils mettraient un terme aux tirs de roquettes à Gaza. Et ils ont délibérément cherché à éviter de mêler le Hamas au conflit.
Ce qui nous amène au processus extrêmement complexe qui devrait se dérouler pour aboutir à un cessez-le-feu.
L’Iran, qui a accueilli le chef du Jihad islamique palestinien à Téhéran, n’a aucun intérêt à mettre fin aux attaques contre Israël et se moque complètement des conséquences pour Gaza. Le Jihad quant à lui ne veut pas défier ses financiers iraniens, mais préférerait éviter qu’Israël ne tue d’autres de ses commandants. Le Hamas, dont le but perpétuel est de détruire Israël mais qui gouverne également la bande de Gaza, pourrait décider qu’une nouvelle escalade, dans un conflit déclenché par un groupe terroriste rival, n’est pas dans son intérêt général pour le moment. Mais le Hamas pourrait également ne voir aucune raison valable de se précipiter et contribuer à faire cesser les hostilités entre Israël et le Jihad.
L’Égypte et le Qatar, avec leurs sphères d’influence respectives, travaillent en coulisse sur un mécanisme qui permettrait de mettre fin aux combats. Mais au-delà des intérêts contradictoires, il y a aussi des difficultés logistiques : Le chef des opérations de Tsahal a affirmé samedi soir que « tous les hauts gradés du Jihad » avaient été tués. Sachant que l’Iran attise les conflits entre les dirigeants du Jihad à l’étranger et que les commandants de Gaza sont soit morts, soit sous les balles, il pourrait être difficile de finaliser et de mettre en œuvre un cessez-le-feu, même si des conditions acceptables peuvent être trouvées. Soulignant la complexité de la situation, un effort égyptien visant à négocier une pause humanitaire à court terme des combats samedi soir a échoué.
Si et quand les tirs de roquettes cesseront et que l’armée de l’air se retirera, Gaza sera toujours Gaza : une zone où Israël n’a aucune présence civile ou militaire et ne revendique rien, après s’être retiré péniblement en 2005 sur les lignes d’avant 1967. Une zone gouvernée par un groupe terroriste qui cherche ouvertement la destruction d’Israël.
Le Hamas prend fréquemment l’initiative de conflits avec Israël. Il l’a fait, en effet, il y a tout juste 15 mois, et a réussi à attiser la violence en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans les villes mixtes arabes et juives d’Israël. Mais, cette fois, dans notre réalité surréaliste habituelle, car c’est vers le Hamas qu’Israël se tourne maintenant pour l’aider à garantir un cessez-le-feu.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel