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Présidentielle: les pays du Golfe préfèrent Trump mais se préparent à Biden

Donald Trump avait été accueilli en héros à Ryad, où il s'en était pris à l'Iran et avait passé sous silence la question des violations des droits humains en Arabie saoudite

Montage : l'ancien vice-président américain Joe Biden s'exprime à Wilmington, Delaware, le 12 mars 2020, à gauche, et le président américain Donald Trump s'exprime à la Maison Blanche à Washington le 5 avril 2020. (Crédits : AP, archives)
Montage : l'ancien vice-président américain Joe Biden s'exprime à Wilmington, Delaware, le 12 mars 2020, à gauche, et le président américain Donald Trump s'exprime à la Maison Blanche à Washington le 5 avril 2020. (Crédits : AP, archives)

Danse traditionnelle épée en main : la première visite à l’étranger du président américain Donald Trump, en Arabie saoudite, a symbolisé dès 2017 une alliance sans faille entre son administration et les monarchies arabes du Golfe face à l’Iran.

Aujourd’hui, les dirigeants de ces pays apportent leur soutien à leur partenaire imprévisible, en quête d’un second mandat en novembre, qui devrait consacrer l’isolement de l’Iran et mettre en orbite Israël dans la position de partenaire régional.

Les liens chaleureux de M. Trump avec les dirigeants du Golfe contrastent avec les relations, plutôt fraîches, qu’entretenait son prédécesseur Barack Obama. L’accord de 2015 sur le nucléaire iranien défendu par M. Obama avait consterné l’Arabie saoudite, chef de file des monarchies du Golfe et grand rival de l’Iran.

« La visite historique de mai 2017 (à Ryad) a marqué le début d’une relation exceptionnelle avec le président américain et ouvert de nombreuses portes », a déclaré à l’AFP un responsable du Golfe sous couvert d’anonymat.

« Les décideurs d’ici voudraient logiquement que ces portes restent ouvertes, mais ils ne sont pas aveugles et se préparent également à l’autre scénario », une victoire de Joe Biden, a-t-il ajouté.

Le président américain Donald Trump (à gauche) et le prince héritier adjoint saoudien, et ministre saoudien de la Défense Mohammed ben Salmane, qui est devenu plus tard cette année-là le prince héritier d’Arabie saoudite, se serrant la main dans la salle à manger de la Maison Blanche à Washington, DC, le 14 mars 2017. (Crédit : NICHOLAS KAMM/AFP)

« Je l’ai sauvé »

Le républicain Donald Trump avait été accueilli en héros à Ryad, où il avait reçu la plus haute décoration saoudienne, s’en était pris à l’Iran et avait passé sous silence la question des violations des droits humains en Arabie saoudite.

Sa stratégie non conventionnelle et impulsive a depuis redessiné le paysage régional.

Le commandant principal des Gardiens de la révolution, le général Qassem Soleimani, (au centre), assiste à une réunion avec le Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei (hors cadre) et les commandants des Gardiens de la révolution à Téhéran, Iran, le 18 septembre 2016. (Bureau du Guide suprême iranien via AP)

Il a retiré son pays de l’accord sur le nucléaire iranien, ordonné l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani en Irak, transféré l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem et décidé de réduire la présence militaire américaine dans la région.

Il a confié le dossier du Proche-Orient à son gendre Jared Kushner, néophyte en diplomatie, qui a noué des relations personnelles avec les dirigeants du Golfe, dont le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dit MBS.

Ce dernier a été accusé de l’assassinat en octobre 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi tué au consulat de son pays à Istanbul. Mais la Maison Blanche a bloqué des résolutions anti-saoudiennes au Congrès concernant le meurtre.

« Je l’ai sauvé », a déclaré alors M. Trump en référence à MBS.

« Il a fait en sorte que les relations entre les Etats-Unis et les pays du Golfe soient plus basées sur les liens personnels (…) que sur les institutions », a estimé Randa Slim, directrice de la résolution des conflits au Middle East Institute, basé à Washington.

Selon Elham Fakhro, spécialiste du Golfe à l’International Crisis Group, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, autre pays du Golfe, « partagent le sentiment que l’administration Obama a abandonné ses alliés traditionnels du Golfe ».

« L’Arabie saoudite a considérablement amélioré ses relations avec l’administration Trump, en partie grâce à la décision de cette dernière d’imposer la campagne de pression maximale » à l’Iran et à son secteur pétrolier, a-t-elle souligné.

« Danse difficile »

En outre, Donald Trump a marqué un point majeur en parrainant des accords de normalisation entre les Emirats et Israël et entre Bahreïn et Israël, signés le 15 septembre à la Maison Blanche.

De gauche à droite : le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn Abdullatif al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le Président américain Donald Trump et le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis Abdullah bin Zayed al-Nahyan, exhibent les documents issus de la signature des Accords d’Abraham, où le Bahreïn et les Émirats arabes unis reconnaissent Israël, à la Maison Blanche à Washington, DC, le 15 septembre 2020. (SAUL LOEB / AFP)

Ces accords, qui ont donné à l’Etat hébreu un ancrage sans précédent dans le Golfe, ont été perçus par les analystes comme un coup de pouce à Donald Trump pour un deuxième mandat.

Ryad et Abou Dhabi s’inquiètent maintenant d’une « levée des sanctions contre l’Iran » que déciderait éventuellement une future administration démocrate, a déclaré Mme Fakhro.

M. Trump est par ailleurs « plus disposé à ce que les ventes d’armes à ces Etats se fassent rapidement », et il est peu probable que le démocrate Joe Biden en fasse autant, selon elle.

Néanmoins, le Golfe se prépare à une possible élection de M. Biden qui tentera très probablement de ramener l’Iran à la table des négociations et d’adopter une rhétorique plus volontariste sur les droits humains.

Mme Slim n’exclut pas que les relations américano-saoudiennes connaissent « une période de gel profond » si M. Biden l’emporte et si MBS devient roi d’Arabie saoudite.

« Ce serait difficile pour les Saoudiens, mais au bout du compte, ils devraient s’en accommoder », a déclaré James Dorsey, un expert du Moyen-Orient. « Ce sera une danse difficile ».

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