Israël en guerre - Jour 422

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InterviewSharansky n’était pas sûr qu'elle puisse se dérouler

Quand 250 000 Juifs américains marchaient pour les Juifs d’URSS

Le chef de l’Agence juive évoque le souvenir tenace de la marche de Washington, et pourquoi il doutait la veille encore qu’elle se produise

Juifs américains manifestant pour les Juifs d'URSS, Washington DC (Crédit : Photo by © Wally McNamee/CORBIS/Corbis via Getty Images, JTA)
Juifs américains manifestant pour les Juifs d'URSS, Washington DC (Crédit : Photo by © Wally McNamee/CORBIS/Corbis via Getty Images, JTA)

JTA – Il y a 30 ans, avait lieu le plus grand rassemblement de Juifs dans l’histoire américaine.

Le 6 décembre 1987, environ 250 000 Juifs se sont rassemblés sur l’esplanade nationale à Washington DC, afin de manifester en faveur des Juifs d’URSS. La manifestation se tenait la veille d’un sommet entre le président Ronald Reagan et le Premier secrétaire Mikhail Gorbachov, et demandait la liberté d’émigrer pour les 3 millions de Juifs soviétiques ainsi que la fin de leur persécution au sein du bloc communiste.

Au-delà de la puissance brute du nombre, la manifestation a été présidée par celui qui était alors vice-président, George W. Bush, ainsi que des sénateurs, des députés et d’autres personnalités. Des dirigeants juifs prirent également la parole, parmi lesquels le prix Nobel Elie Wiesel, puis Natan Sharansky, le refuznik qui avait été libéré un an plus tôt du goulag et qui incarnait le combat des Juifs soviétiques.

« C’est nous, c’est notre lutte qui a rendu les gouvernements du monde libre plus forts » a déclaré Sharansky. « C’est notre combat qui a poussé le gouvernement soviétique à ouvrir les portes de l’URSS ».

JTA s’est entretenu au téléphone avec Sharansky – actuellement le président de l’Agence juive pour Israël – sur les répercussions de cette grande marche, ce qu’elle a permis d’accomplir, et pourquoi, la veille de cette manifestation, Sharansky n’était pas sûr qu’elle puisse se dérouler.

JTA : Joyeux anniversaire. Quel est le souvenir le plus marquant de cette manifestation ?

C’est très agréable de se souvenir de cette journée. Je parlais à des centaines de milliers de Juifs américains, et ils buvaient littéralement mes paroles. Mais personne ne savait ce qui allait se passer. La météo prévoyait de la pluie, et je me demandais ce qui allait bien arriver.

Il y a eu ce sentiment de soulagement, de force de la solidarité des Juifs américains.

Le KGB me disait [quand j’étais au goulag] « les gens qui vous soutiennent sont des étudiants et des femmes au foyer », mais je savais que ce n’était pas vrai. Je connaissais la puissance de la solidarité des Juifs américains. Et de la voir de mes yeux, c’était tellement émouvant, tellement exaltant. Cela représentait 15 ans de lutte matérialisés en une seule image.

L’ancien prisonnier soviétique de Sion Natan Sharansky avec le Premier ministre Shimon Peres (d), ministre des Affaires étrangères Yitzhak Shamir (g) et Ariel Sharon (en arrière-plan), après sa sortie de prison en Union soviétique, à son arrivée en Israël le 11 février 1986. (Moshe Shai / FLASH90)

Est-ce que le fait d’avoir des politiciens de premier plan vous soutenant, comme le vice-président, était important ?

Ce n’était pas le plus important. Ce qui l’était, c’était de faire venir des centaines de milliers de Juifs américains à Washington en hiver… parce que les Russes comprennent comment fonctionne la politique américaine.

Ils comprennent que ce qui est populaire au sein de l’électorat, les sénateurs le mettront en œuvre.

Ils avaient déjà lu des lettres provenant de sénateurs, de présidents et de députés. Les politiciens eux-mêmes ne représentaient pas un pouvoir. Le pouvoir, c’était ces centaines de milliers de personnes venues là pour manifester. Le président américain a dit alors : « Voyez ce que mon peuple pense. Je ne peux changer cela. »

Que pensez-vous que la manifestation a accompli ?

Vous savez ce qui s’est produit après cela.

Gorbachev libérait quelques prisonniers de Sion de ci de là, mais cela représentait un nombre restreint. Il voulait faire baisser la pression sans ouvrir les frontières.

Après la manifestation, il était parfaitement clair que les États-Unis se satisferaient au minimum de la libération des Juifs soviétiques et de la levée du rideau de fer. Ils ne feraient pas de compromis sur la liberté totale d’émigration.

Que signifie, aujourd’hui, cette marche ?

Il y a tellement de cynisme et d’incrédulité aujourd’hui. L’histoire de la lutte des Juifs soviétiques nous rappelle à quel point nous sommes forts, nous Juifs, lorsque nous sommes unis. L’unité ne signifie pas que nous soyons du même avis. De nombreux désaccords, concurrences, doutes ont précédé la manifestation ; chacun prêchait sa paroisse mais a néanmoins participé.

Avoir différentes opinions au sein de différentes associations n’empêchent pas de lutter pour la même cause.

Ce sentiment de solidarité, et je m’exprime ici en tant que président de l’Agence juive au cœur de nombreux désaccords entre Israël et les communautés juives, le sentiment d’interdépendance, le fait que « tous les Juifs sont responsables les uns des autres », est très fort et profond ici.

On ne peut se permettre d’être cynique ou sceptique. Rien ne doit nous détourner du fait que nous sommes tous dépendants les uns des autres.

Est-ce qu’une telle manifestation serait possible aujourd’hui, avec toutes ces dissensions entre les Juifs ?

[Ici, Sharansky fait référence à une manifestation de 2002 à Washington, en soutien à Israël, et qui a rassemblé plus de 100 000 Juifs. La manifestation, qui a eu lieu en pleine intifada en Israël, était la deuxième plus grande manifestation en nombre de Juifs américains].

Je n’en doute pas. Durant la Deuxième intifada, beaucoup de gens ont critiqué Israël. La réalité de la menace terroriste en Israël était tangible. Sans avoir été préparée, la manifestation a été organisée en 48h avec toutes les associations de gauche et de droite.

Quand une partie de notre peuple est en danger, le niveau de solidarité est très élevé.

De temps en temps, il est bon de se rappeler ce qui nous unit. Nous parlons tout le temps de ce qui nous divise. Mais quand bien même nous sommes parfois très déçus, nous ne devrions pas oublier, pas même un instant, que ce qui nous unit est bien plus fort.

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