Quarante-trois olim d’Éthiopie arrivent en Israël, accompagnés d’élus du Likud
Les membres de 9 familles ont bénéficié de procédures d'immigration raccourcies, ce que conteste le procureur général, pour qui cette mesure peut s'apparenter à de l'électoralisme
Des dizaines d’immigrants éthiopiens ont atterri en Israël mardi matin, malgré l’opposition du procureur-général, qui estime que cette vague migratoire pourrait, à moins d’une semaine des élections, être perçue comme un moyen de courtiser l’électorat israélo-éthiopien.
Les 43 membres de la communauté Falash Mura sont arrivés à l’aéroport Ben Gurion, en provenance d’Addis Abeba. Ils étaient accompagnés de ministres et personnalités du Likud, notamment le ministre de l’Immigration Yoav Gallant, celui des Communications David Amsalem, le député Gadi Yevaran et l’ancien député Avraham Neguise, selon un reportage de la Douzième chaîne.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment appuyé l’immigration de 400 Falash Mura en Israël, qui ont des proches déjà installés dans l’État hébreu. Certains attendent d’immigrer depuis des années.
Au début du mois, le cabinet a approuvé cette vague d’immigrants, malgré l’opposition du procureur général Avishai Mandelblit qui a affirmé, dans un avis juridique, que cette démarche pourrait être interprétée comme un stratagème de campagne à l’attention des Israéliens issus de la communauté éthiopienne à quelques semaines des élections du 2 mars.
Le ministère de la Santé a également allégé les pré-requis médicaux et vaccinaux qui s’appliquent habituellement aux immigrants éthiopiens afin d’accélérer le processus, ce qui a permis à certains d’entre eux d’arriver avant les élections.
Au début du mois, le président du parti Kakhol lavan Benny Gantz s’est dit « consterné de voir Netanyahu mener une campagne cynique sur le dos des Juifs restés en Éthiopie et de leurs familles, qu’il a négligés pendant des années ».
Le Likud tente de séduire les Juifs éthiopiens en amont du scrutin national. De nombreux membres de la communauté ont tourné le dos au parti au pouvoir lors des dernières élections de l’an dernier, après une série d’incidents graves de violence policière et des craintes de négligence de la part du gouvernement face à la discrimination subie par la communauté.
Quelques heures avant la date butoir de dépôt des listes des partis pour l’élection de mars, le député israélo-éthiopien Gadi Yevarkan a quitté les rangs de Kakhol lavan, apparemment frustré par sa position sur la liste du parti. Il figurait à la 33e place de la liste de la formation de Benny Gantz, ce qui ne lui laissait pas beaucoup de chances d’intégrer la Knesset. Il est désormais en 20e position sur la liste du Likud, qui devrait remporter au moins 32 sièges.
Les Falash Mura sont des Juifs éthiopiens dont les ancêtres se sont convertis au christianisme, souvent sous la contrainte, il y a plusieurs générations. Ils sont environ 8 000 en Éthiopie, ayant des parents proches en Israël et attendant d’immigrer.
Si les Juifs éthiopiens de la communauté Beta Israel sont reconnus comme pleinement juifs et n’ont pas besoin de se convertir à leur arrivée en Israël, les membres de la petite communauté Falash Mura sont tenus de procéder à une conversion orthodoxe après avoir immigré.
L’immigration massive prévue comprendra environ 60 familles comptant déjà des parents ou des enfants en Israël, un critère clé pour faire partie du programme, d’après un reportage de la Douzième chaîne diffusé le mois dernier.
La communauté israélo-éthiopienne affirme que le processus d’approbation de l’immigration est mal exécuté et inexact, divisant ainsi les familles. Au moins 80 % des membres de la tribu Falash Mura en Éthiopie disent avoir des parents au premier degré en Israël, et certains attendent d’immigrer depuis une vingtaine d’années.
Environ 140 000 Juifs éthiopiens vivent aujourd’hui en Israël, une petite minorité dans un pays de près de 9 millions d’habitants.
Quelque 22 000 d’entre eux ont été acheminés par avion en Israël lors des opérations Moïse en 1984 et Salomon en 1991. Leur intégration ne s’est pas faite sans heurts en raison de leur manque de diplômes et du racisme à leur encontre.
L’année 2019 a été marquée par de nombreuses et parfois violentes manifestations d’Éthiopiens en Israël après l’assassinat par la police d’un adolescent non armé, le dernier d’une série d’incidents de racisme et de brutalité policière contre les Éthiopiens-Israéliens.