Quatre minutes d’exercice modéré par jour pourraient vous sauver la vie – étude
Un chercheur de l'Université hébraïque affirme que, selon une étude, une activité physique intense de courte durée peut réduire les risques de cancer jusqu'à 32 %

Selon une nouvelle étude, il n’est pas nécessaire de courir, de nager, de faire du vélo ou d’aller à la salle de sport pour réduire de manière significative le risque de développer un cancer. Quatre minutes par jour de « Vigorous Intermittent Lifestyle Physical Activity » [activité physique intermittente vigoureuse] » ou VILPA, comme la marche rapide ou monter des escaliers à pied, pourraient suffire.
L’étude réalisée par des chercheurs du Royaume-Uni, des États-Unis, d’Australie, du Canada, de Norvège et des Pays-Bas a été publiée le 27 juillet dans la prestigieuse revue à comité de lecture Journal of the American Medical Association. Elle a suscité l’attention du monde entier parce qu’elle semble prouver l’hypothèse avancée depuis longtemps par la médecine selon laquelle toute activité physique, même minime, réduirait le risque de cancer.
L’étude a révélé que la VILPA, pratiquée en rafales d’une ou deux minutes pendant au moins trois minutes et demie par jour, réduisait le risque de développer un cancer de 17 % à 18 % par rapport aux sujets qui ne pratiquaient pas de VILPA. Une durée médiane de 4,5 minutes de VILPA par jour a été associée à une réduction de 31 à 32 % du risque de cancers considérés comme ayant un lien avec les niveaux d’activité physique. Il s’agit notamment des cancers du côlon, du sein, de la vessie, de l’endomètre, de l’œsophage, du rein et de l’estomac.
« L’étude n’est pas exhaustive, mais il s’agit d’une bonne preuve de concept. Cela revient à dire qu’il vaut mieux faire quelque chose que rien du tout », a observé la professeure Ora Paltiel, de l’école de santé publique Braun de l’Université hébraïque et du département d’hématologie de l’hôpital Hadassah.
L’étude a été menée sur 22 398 adultes, non sportifs auto-déclarés, provenant de la UK Biobank, une base de données biomédicales d’envergure et une ressource majeure contenant les données médicales et génétiques d’un demi-million de participants volontaires. Les sujets de l’étude étaient constitués de 45,2 % d’hommes et de 54,8 % de femmes, à 96 % blancs, dont l’âge moyen était de 62 ans.
Les participants ont été suivis pendant environ six ans et ont été munis de trackers d’activité qu’ils ont portés à leur poignet pour mesurer leur activité physique. Ils n’ont reçu aucune autre instruction que celle de vaquer à leurs occupations quotidiennes.

« Il s’agit d’une étude d’observation et non d’un essai clinique. Les chercheurs n’ont donc pas demandé aux participants de monter et de descendre des escaliers, de grimper une colline ou quoi que ce soit d’autre », a précisé Paltiel.
Selon elle, les résultats de l’étude sont généralement fiables étant donné que ses auteurs ont ajusté leur analyse en fonction de l’âge, du sexe, de l’indice de masse corporelle, du niveau d’éducation, du tabagisme, de la consommation d’alcool, de la durée du sommeil, de la consommation de fruits et légumes, des médicaments, des antécédents parentaux de cancer et des maladies cardiovasculaires prévalentes, entre autres facteurs.
« Les chercheurs sont allés très loin pour essayer d’isoler l’activité vigoureuse et montrer qu’elle n’avait rien à voir avec les risques de base de ceux qui pratiquaient ou non l’activité », a expliqué Paltiel.
« Mais nous devons tenir compte du fait qu’ils ne savaient pas si, au départ, tous les participants étaient similaires à 100 %. On pourra toujours douter que ces quatre minutes d’activité vigoureuse [fassent la différence], et penser que les personnes en mesure de pratiquer une activité [par opposition à celles qui en étaient incapables] ont obtenu de meilleurs résultats en fin de compte », a ajouté Paltiel.
Malgré ces réserves, Paltiel a déclaré que, du point de vue de la santé publique, les résultats de l’étude sont importants.
« C’est, tout compte fait, un message très positif. Il indique que même si votre mode de vie ne vous permet pas de pratiquer une activité physique régulière ou si vous n’aimez pas faire de l’exercice, vous pourriez améliorer votre santé en sollicitant votre corps quelques fois par jour », a déclaré Paltiel.

Le professeur Aron Popovtzer, chef du département d’oncologie de Hadassah, a déclaré au Times of Israel que, bien qu’il ait les mêmes réserves que Paltiel au sujet de l’étude, il estime que ses conclusions sont positives et renforcent les théories largement acceptées concernant l’exercice physique et la réduction des risques de maladie.
« La communauté médicale et le monde de la recherche pensent depuis longtemps que les cancers pourraient être évités par le déplacement des cellules, la circulation du sang et les radicaux libres. Nous croyons également à la capacité de l’exercice de stimuler le système immunitaire », a déclaré Popovtzer.
« Nous savons que la graisse est liée au cancer, c’est pourquoi il est bon de bouger et de ne pas laisser la graisse stagner à un endroit du corps », a-t-il ajouté.
Popovtzer précise que les résultats de l’étude n’indiquent pas pour autant qu’il faille se limiter à quatre minutes de VILPA par jour. Cela ne signifie pas non plus que faire beaucoup d’exercice physique empêchera catégoriquement une personne de contracter un cancer.
« Nous sommes loin de pouvoir dire que tous ceux qui font de l’exercice pendant des heures n’auront pas de cancer. Nous savons tous que de nombreuses personnes qui font beaucoup d’exercice peuvent elles aussi être atteintes d’un cancer », a-t-il déclaré.
Paltiel a déclaré que l’accent devrait être mis sur le message positif global de l’étude, à savoir qu’il n’est pas nécessaire de respecter les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière d’activité physique, qui préconisent entre 150 à 300 minutes par semaine d’activité d’endurance d’intensité modérée, pour commencer à réduire le risque de cancer.
« En Israël, la plupart des gens vivent dans des immeubles, alors prenez les escaliers plutôt que l’ascenseur. Marchez quelques minutes jusqu’à une destination proche au lieu de prendre le bus, ou garez votre voiture à une certaine distance de l’endroit où vous vous rendez », suggère Paltiel.
« Les personnes qui s’habituent à monter les escaliers pourraient trouver le courage de faire autre chose aussi », a-t-elle ajouté.