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Portrait

Rand Paul : le républicain américain candidat à la présidentielle de 2016

Bien placé pour les primaires du parti, il propose de supprimer toute aide étrangère sauf pour Israël

Le sénateur Rand Paul (Crédit : Wikimédia/Gage Skidmore )
Le sénateur Rand Paul (Crédit : Wikimédia/Gage Skidmore )

Il a longtemps porté une pièce d’un cent, rouge, à la boutonnière, à la place d’un drapeau américain. Tout le programme de Rand Paul, candidat à la présidentielle de 2016, tenait dans cette pièce de cuivre: fin des déficits et soumission à la Constitution.

« Ça veut dire : pas un cent de plus dans le rouge », a expliqué Rand Paul après son élection spectaculaire au Sénat à Washington, en 2010, sur la vague du Tea Party, le mouvement ultra-conservateur né au début de l’ère Obama.

Présidentielle oblige, le sénateur républicain du Kentucky, 52 ans, a remis le drapeau à sa boutonnière le jour de l’annonce de sa candidature. Il compte parmi les trois ou quatre bien placés pour les primaires de début 2016.

Il n’est pas le plus charismatique. Son débit est parfois précipité et il semble se forcer à sourire.

Mais ce qui lui manque en notoriété et en chaleur, il le compense par l’enthousiasme de ses troupes, plus jeunes que l’électeur républicain moyen, et héritées du mouvement libertaire.

Il y a six ans, seule une poignée de militants du Tea Party avaient entendu parler de cet ophtalmologiste installé à Bowling Green, dans le Kentucky, au centre du pays.

Ils ne le connaissaient d’ailleurs que par son père, Ron Paul, trois fois candidat à la présidentielle, libertaire accompli, à qui il doit son éducation intellectuelle (Friedrich Hayek, Ayn Rand, Frédéric Bastiat…). Son héros politique.

« Son intransigeance et sa philosophie politique inébranlable m’ont non seulement inspiré, elles ont aussi permis de faire naître ce qui deviendrait le mouvement du Tea Party. Papa a toujours été un quasi-Tea Party à lui tout seul », raconte Rand Paul dans « Le Tea Party débarque à Washington », publié en 2011 (The Tea Party goes to Washington).

Tea Party mais pas trop

« J’ai été Tea Party avant que le Tea Party ne soit cool », écrit-il. Quand il arrive au Sénat, en janvier 2011, le « nouveau » multiplie les coups d’éclat et fait la Une des magazines politiques.

Sa notoriété est dopée par un discours « filibuster » de 13 heures, en mars 2013, pour bloquer la confirmation du directeur de la CIA. Sa véhémence contre les abus de surveillance de l’Agence nationale de sécurité (NSA) est applaudie par les défenseurs des libertés individuelles, des alliés inhabituels pour un républicain.

Rand Paul se définit comme un « conservateur constitutionnel » ou « libertaire »: il dénonce les abus de pouvoir de l’Etat fédéral, qu’il veut réduire à ses fonctions régaliennes et énoncées dans la Constitution, excluant par exemple l’Éducation.

Son dédain arrose toute la classe politique: démocrates et républicains sont coresponsables du gouffre des finances publiques américaines. Les années Bush? « Un échec épouvantable », a-t-il dit.

En politique extérieure, il déplore l’invasion de l’Irak en 2003, méprise les néoconservateurs et traite Hillary Clinton de va-t-en-guerre. Mais il rejette l’étiquette isolationniste. Dans une synthèse fragile, il vante la retenue de Reagan et défend une approche « moins agressive », dans un entretien à l’AFP en 2013.

Mais l’ambition s’accompagne d’une dose de réalisme. S’il évoque toujours la cause de la liberté avec grandiloquence, il a abandonné les débats trop philosophiques dans lesquels il s’est retrouvé piégé, notamment sur les lois anti-discrimination.

Il lui arrive de rétropédaler. Alors qu’il proposait en 2011 de supprimer toute aide étrangère, il y est aujourd’hui favorable pour Israël.

Minorités

Les démocrates n’ont de cesse de décrire Rand Paul comme un extrémiste qui disloquerait l’Etat-providence. Ils contestent aussi sa sincérité dans un dossier où il investit un temps considérable: les droits civiques.

Cinquante ans après la déségrégation, il prône une réforme pénale et l’élimination des peines planchers pour enrayer le cycle prison-chômage-pauvreté, qui entraîne démesurément les jeunes Noirs.

L’objectif assumé est de rattraper le retard abyssal des républicains auprès des électeurs noirs. Mais il permet à Rand Paul de présenter un visage à la fois nouveau et fidèle aux valeurs fondatrices du parti — Abraham Lincoln, père de l’abolition de l’esclavage, était républicain.

« Le moment venu, j’espère que les Afro-Américains se tourneront à nouveau vers le parti de l’émancipation, des libertés civiques et de la liberté individuelle », a-t-il dit en 2013 lors d’un de ses déplacements dans la communauté noire.

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