Rassemblement et grèves contre le gel par Smotrich de fonds dédiés aux villes arabes
Une grève générale est prévue la semaine prochaine ; les maires disent qu'ils n’y aura pas de rentrée scolaire si le gouvernement ne transfère pas les millions nécessaires
![Des citoyens arabes protestant contre les coupes budgétaires dans le secteur arabe, "Objecting to cutting budgets protesting for life" ["S'opposer aux coupes budgétaires, protester pour la vie"] est écrit sur la banderole, devant le ministère des Finances, à Jérusalem, le 13 août 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90) Des citoyens arabes protestant contre les coupes budgétaires dans le secteur arabe, "Objecting to cutting budgets protesting for life" ["S'opposer aux coupes budgétaires, protester pour la vie"] est écrit sur la banderole, devant le ministère des Finances, à Jérusalem, le 13 août 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)](https://static.timesofisrael.com/fr/uploads/2023/08/08.14-Arab-640x400.jpg)
Les dirigeants municipaux de la communauté arabe ont annoncé dimanche qu’ils intensifieraient leurs protestations contre le refus du ministre des Finances, Bezalel Smotrich, de transférer des centaines de millions de dollars de fonds budgétés, appelant à une grève générale dans la communauté la semaine prochaine et menaçant de ne pas ouvrir les écoles pour le début de la nouvelle année scolaire, début septembre.
La commission nationale des chefs des autorités locales arabes a installé une tente de protestation en face du bureau du Premier ministre et à côté du ministère des Finances à Jérusalem, dans laquelle une discussion a été tenue pour évoquer une stratégie de protestation. Quelque 300 personnes ont participé à la manifestation, à laquelle s’est ajouté Haim Bibas, président de la Fédération des autorités locales, un groupe national plus large.
Smotrich a été critiqué, et notamment par ses collègues, pour avoir refusé de débloquer 200 millions de shekels destinés au développement économique des municipalités arabes, et pour avoir maintenu la suspension d’un programme d’enseignement supérieur pour les habitants de Jérusalem-Est. Smotrich, chef du parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit, a été accusé de racisme par les législateurs de l’opposition.
Ces fonds, destinés à stimuler l’économie, à moderniser les infrastructures et à lutter contre la criminalité dans les communautés arabes, ont été approuvés par le gouvernement précédent, qui comprenait le parti islamiste Raam ainsi que des partis de gauche, de centre et de droite unis dans contre Benjamin Netanyahu, qui était alors le chef de file de l’opposition.
Au terme de la réunion qui s’est tenue dans la tente de protestation de Jérusalem, la commission des autorités arabes a annoncé qu’il lancerait un appel à la grève générale dans la communauté pour le 21 août. Un rassemblement de masse sera également organisé à Jérusalem le même jour.
La commission a également déclaré que sans le financement gouvernemental promis, il n’y aurait pas de rentrée scolaire le 1er septembre.

Lors de la réunion, Bibas, un ancien allié du Premier ministre, a déclaré aux dirigeants municipaux que Netanyahu lui avait assuré qu’un financement de 200 millions de shekels leur serait transféré dans les dix jours, a rapporté Haaretz. Les maires arabes ont rétorqué qu’ils n’avaient reçu aucune notification officielle de ce type. Ils ont également souligné que cette somme n’était qu’une partie de l’argent qui leur avait été promis, incluant les fonds promis par le gouvernement précédent.
Le président de la commission, Amir Bisharat, a accusé les ministres du gouvernement de « suivre une politique claire consistant à ne pas publier d’appels d’offres publics pour des projets destinés à la société arabe ou à retarder les budgets dans les transports et l’éducation. » Il a ajouté que même les 200 millions de shekels prétendument promis ne suffiront pas à répondre à tous les besoins de la communauté.
Samedi, la Commission a annoncé son intention de poursuivre Smotrich pour diffamation à la suite de ses remarques selon lesquelles des fonds publics disparaissaient entre les mains du crime organisé ou étaient utilisés pour soutenir des opérations terroristes.
Dans un communiqué, la commission a qualifié les remarques de Smotrich de « mensongères, provocatrices et diffamatoires ».
Le député arabe Ahmad Tibi, du parti radical Hadash-Taal, a déclaré à la chaîne publique Kan que les propos de Smotrich étiquetant les autorités de la communauté arabe comme étant contrôlées par le crime organisé et soutenant des activités terroristes relevaient de « stéréotypes racistes ».
Bisharat a déclaré à la chaîne que les municipalités n’avaient aucune objection à ce que le gouvernement surveille la gestion des fonds qu’il verse aux autorités arabes.

Face aux critiques croissantes concernant le blocage des fonds, Smotrich a donné une conférence de presse télévisée mercredi dernier, lors de laquelle il a estimé que son action était « dans l’intérêt » de la communauté arabe.
Le ministre des Finances a jugé que « la cause principale de la criminalité dans la société arabe est d’ordre économique » et qu’il formait donc une commission spéciale sur la question.
« Malgré toutes les pressions et la campagne mensongère, j’annonce ici que je n’autoriserai pas le transfert de ces fonds sans mécanismes clairs qui garantiront que ces fonds arrivent à leur destinataire et non aux groupes criminels, et sans qu’il soit clair s’ils sont budgétisés pour l’incitation et l’encouragement au terrorisme », a déclaré Smotrich.
Peu après son briefing, le bureau de Netanyahu s’est engagé à débloquer 200 millions de shekels et à mettre en place des mécanismes de contrôle non spécifiés avant que les fonds ne soient débloqués.
Le financement suspendu par Smotrich a été approuvé en partie pour faire face à une vague de crimes violents qui submerge la communauté arabe d’Israël ces dernières années. De nombreux dirigeants de la communauté imputent cette vague de crimes à la police qui, selon eux, n’a pas réussi à sévir contre les puissantes organisations criminelles et a largement ignoré la violence. Ils pointent également du doigt des décennies de négligence et de discrimination de la part des services gouvernementaux comme étant la cause première du problème.