Rav Kanievsky interdit les offices, mise en quarantaine envisagée de Bnei Brak
Selon le dirigeant orthodoxe, ceux qui n'obéissent pas menacent la société ; le ministère des Finances a déclaré envisager le confinement total

Le rabbin Chaim Kanievsky, un éminent dirigeant de la communauté lituanienne ultra-orthodoxe de Bnei Brak, a appelé dimanche ses fidèles à effectuer leurs prières individuellement et non en quorums de dix, comme le permet le ministère de la Santé.
Ces déclarations ont été faites après que des milliers d’habitants de Bnei Brak, une ville majoritairement ultra-orthodoxe de près de 200 000 personnes, ont participé à un cortège funèbre pour un rabbin respecté et que des centaines d’entre eux ont assisté à son enterrement tôt dimanche matin, en violation des directives d’urgence contre le virus.
Le rav Kanievsky a fait référence au pikuah nefesh, l’impératif juif de sauver des vies, car prier en groupe pourrait mettre en danger la santé des gens.
Kanievsky a également déclaré que quiconque ne respecte pas les instructions des médecins est un rodef, ou une menace pour la société.

Cette décision a marqué un revirement de la part du rav Kanievsky qui, il y a deux semaines, a repoussé les ordres du gouvernement de fermer les écoles et les yeshivas pour freiner la propagation du virus, en insistant pour que l’étude de la Torah se poursuive sans interruption.
Israël autorise jusqu’à 20 personnes à assister à des événements religieux tels que des funérailles ou un mariage, à condition qu’elles maintiennent une distance d’au moins 2 mètres entre elles.
La police était présente pour encadrer et sécuriser les funérailles aux premières heures de dimanche, mais n’est pas intervenue pour faire respecter les règles de distanciation sociale. Ils ont défendu la décision en disant qu’un affrontement avec les participants aurait pu faire descendre des milliers de personnes dans la rue et qu’il était donc préférable de laisser la foule se disperser d’elle-même.

Le gouvernement envisage d’imposer un confinement total à Bnei Brak, une banlieue de Tel Aviv, et à d’autres zones à prédominance ultra-orthodoxe, alors que le nombre de cas de coronavirus y est en forte augmentation, a déclaré dimanche le directeur général du ministère des Finances.
« Nous avons de nombreux problèmes avec la société ultra-orthodoxe, dans des endroits comme Bnei Brak », a déclaré Shai Babad à la commission spéciale de la Knesset sur la lutte contre le coronavirus.
Il a ajouté : « Une partie des délibérations [du gouvernement] a porté sur la manière dont nous pourrions peut-être réussir à mettre en place une quarantaine et à confiner ces mêmes quartiers ».
Abraham Rubenstein, le maire de Bnei Brak, a condamné ce rassemblement lors des funérailles, mais a déclaré à la Douzième chaîne que le gouvernement ne collaborait pas avec la ville pour faire respecter les restrictions.
« C’est une communauté particulière qui ne connaît pas les médias, la télévision, la radio et l’Internet, et l’information doit être transmise à cette population de la manière dont elle peut la recevoir », a-t-il déclaré. « Nous demandons au gouvernement israélien, à ceux qui sont chargés de s’occuper de cela, de le faire ».
Il a également rejeté sa responsabilité lorsqu’on l’a interrogé sur un mariage de masse qui s’est tenu devant chez lui il y a deux semaines et qui a rassemblé des centaines de personnes très proches les unes des autres.
« Cela n’a pas eu lieu chez moi, [mais] dans une rue de la ville, conformément aux ordonnances, et à une distance de deux mètres l’un de l’autre », a déclaré M. Rubenstein, malgré une vidéo montrant les invités au mariage à moins de deux mètres l’un de l’autre.
Un communiqué de la municipalité de Bnei Brak a démenti que Rubenstein ait un lien quelconque avec le mariage, affirmant qu’il avait eu lieu devant une maison voisine de la sienne dont il ne connaissait pas les habitants.
ההסבר של ראש העיר בני ברק לחתונה ההמונית של קרובת משפחתו – והתיעוד שמוכיח אחרת > https://t.co/9rUMDsN9eh | @OrRavid pic.twitter.com/VT5kMpKULi
— החדשות – N12 (@N12News) March 29, 2020
Dimanche également, des dizaines d’ultra-orthodoxes se sont rassemblés dans le quartier de Mea Shearim à Jérusalem, en violation des interdictions de rassemblement et ont verbalement affronté la police.
Dans une vidéo du quartier ultra-orthodoxe, on pouvait entendre certains de ceux qui étaient rassemblés dans les rues crier « nazi » aux policiers.
Un hélicoptère de la police a finalement été appelé et a utilisé un haut-parleur pour exhorter la foule à se disperser, selon les informations de la Douzième chaîne.
Il y a déjà eu plusieurs cas d’affrontements entre des membres de communautés ultra-orthodoxes et des forces de police qui tentaient d’appliquer des ordres de confinement et de distanciation.
Des scènes similaires ont été rapportées aux États-Unis.
Bnei Brak a enregistré le deuxième plus grand nombre de contaminations dans le pays, selon les chiffres du ministère de la Santé, après Jérusalem, où le coronavirus s’est également propagé dans la communauté.

Les responsables ont attribué les taux élevés de contamination dans ce secteur à un manque de respect des directives du ministère de la Santé (de nombreux rapports ont fait état de grands rassemblements dans ces communautés pour des mariages, des offices de prière et d’autres événements, malgré les restrictions annoncées), à la promiscuité de nombreuses communautés ultra-orthodoxes et au manque d’accès de beaucoup aux médias et aux moyens de communication.
Rubinstein, le maire de Bnei Brak qui est lui-même actuellement en quarantaine par crainte d’avoir été exposé, a exhorté vendredi les habitants à « se réveiller » ! Il a déclaré que la ville connaissait le taux de contamination le plus élevé du pays, avec « des prévisions bien plus effrayantes ».
Selon le quotidien Haaretz, les données internes du ministère de la Santé ont montré que le taux de contamination à Bnei Brak était plusieurs fois supérieur à la moyenne du pays, le nombre de patients étant multiplié par huit tous les trois jours (contre une moyenne nationale de deux fois plus élevée). À Jérusalem, qui compte également une forte population ultra-orthodoxe, les cas ont quadruplé au cours de la même période.