Relaxe du militant du Likud accusé de menaces envers la procureure du procès Netanyahu
Selon le tribunal, les propos de Rami Ben-Yehuda étaient des déclarations politiques et la liberté d'expression prime sur la tranquillité de la procureure Liat Ben-Ari
Le tribunal de première instance de Jérusalem a annulé mardi l’acte d’accusation déposé à l’encontre du militant du Likud accusé d’avoir proféré des menaces contre la procureure principale du procès pour corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de son fils.
Le juge David Shaul Gabai Richter a conclu que les propos tenus par Rami Ben-Yehuda n’étaient pas à proprement parler constitutifs d’une menace et que la liberté d’expression l’emportait sur la tranquillité d’esprit de la procureure Liat Ben-Ari.
Les accusations ont été portées en février dernier, suite à la plainte de Ben-Ari contre Ben-Yehuda au sujet d’une vidéo diffusée en direct sur Facebook au cours de laquelle il semblait menacer la procureure et le fils de cette dernière. Elle avait également demandé une injonction d’éloignement contre Ben-Yehuda.
Dans la vidéo, Ben-Yehuda disait chercher le fils de Ben-Ari et demandait où il se trouvait.
Gabai Richter a jugé que les propos de Ben-Yehuda étaient de nature politique. Il a également relevé qu’une toute petite partie de la vidéo – longue de 41 minutes et présentée comme pièce à conviction – contenait les propos qualifiés de menaçants par les procureurs.
« La liberté d’expression doit primer sur tout autre droit garanti par le droit, que ce soit la tranquillité d’esprit de la personne (droit protégé dans les cas de menaces criminelles) », a déclaré le juge. « L’acte ou la déclaration doivent être clairement menaçants, d’ordre criminel. Ce n’est pas le cas dans cette affaire. »
L’avocat de Ben-Yehuda, Me Eden Politkin, du bureau du défenseur public, a salué cette décision en déclarant par voie de communiqué : « Nous attendons de l’accusation qu’elle exerce son pouvoir discrétionnaire dans le dépôt d’actes d’accusation de ce type afin de prévenir toute violation de la liberté d’expression. »
Dans la vidéo, Ben-Yehuda disait, en parlant du fils de Ben-Ari, Tomer Shwekey, « Où est votre fils ? Dites-nous où se trouve votre fils. Shwekey, où es-tu ? »
Il y accusait par ailleurs Ben-Ari d’avoir tu la possible implication de son fils dans l’agression d’un policier lors d’une manifestation, fausse déclaration qu’il avait déjà faite par le passé.
Ben-Ari aurait envisagé de quitter son poste face à ces menaces et aux propos violents des partisans de Netanyahu depuis le début du procès, en 2020. Les mesure de sécurité la concernant ont été renforcées cet été lorsque la police a été informée de l’aggravation desdites menaces.
Les défenseurs du Premier ministre s’en sont durement pris à Ben-Ari ainsi qu’à d’autres acteurs du système judiciaire et des forces de l’ordre qu’ils accusent, sans preuve, de tenter de renverser Netanyahu pour des motifs politiques.
Netanyahu fait face à trois procès pour corruption, accusé de fraude et abus de confiance dans le cadre des Affaires 1000 et 2000, de corruption, fraude et abus de confiance dans le cas de l’Affaire 4000. Il nie avoir commis un quelconque acte répréhensible et assure que ces accusations sont les signes d’une tentative de coup d’État politique fomenté par la police et le Parquet.
Ben-Yehuda est connu pour son agressivité envers les adversaires politiques et opposants du parti. Il avait été suspendu du Likud en septembre 2022 après avoir physiquement agressé des manifestants anti-Netanyahu, et il avait écopé d’une injonction d’éloignement, en 2021, après avoir insulté l’épouse du transfuge du Likud, le député Zeev Elkin.
En dépit de ses frasques d’un goût douteux, qui ont par exemple consisté à qualifier les opposants à la refonte judiciaire de « méprisables servantes d’Hitler » et à souhaiter qu’un député soit envoyé « dans les chambres à gaz », Ben-Yehuda a été félicité par de hauts responsables du Likud et photographié à leurs côtés. En août dernier, le ministre d’extrême droite de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, qui dirige le parti Otzma Yehudit, lui avait souhaité un bon anniversaire.