Retour sur la conférence de presse de Benjamin Netanyahu
Frappe ciblée contre Mohammed Deif, accord sur les otages, relation avec Washington, renvoi de Gallant : le Premier ministre a répondu aux questions des journalistes samedi soir
La guerre ne prendra fin que lorsque tous les objectifs d’Israël auront été atteints, a réaffirmé samedi soir le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une conférence de presse au siège du ministère de la Défense à Tel Aviv.
Et ces objectifs, incluent le retour des habitants du nord dans leurs foyers, a-t-il réaffirmé.
La réalisation de tous les objectifs apporteront une « victoire totale » et rétabliront les capacités de dissuasion d’Israël.
« Ces dernières semaines, nous identifions des failles évidentes au sein du Hamas » – « nous voyons une faiblesse » comme conséquence de la pression militaire d’Israël.
La frappe de samedi y contribuera, a-t-il affirmé, « quels qu’en soient les résultats ».
Le Premier ministre a déclaré que Mohammed Deif était un grand meurtrier, le chef de la branche armée du groupe terroriste palestinien du Hamas, l’architecte du pogrom du 7 octobre et de la mort de nombreux autres Israéliens.
« Les commandants du groupe terroriste palestinien du Hamas se cachent et ne sont plus en contact avec leurs forces. »
Les habitants de Gaza, dont beaucoup soutenaient le Hamas, reconnaissent le désastre qu’il leur a infligé.
Les terroristes seront attaqués « avec une force sans précédent jusqu’à ce qu’ils soient complètement détruits », a-t-il promis.
Les troupes israéliennes progressent partout dans la bande de Gaza, a-t-il ajouté, citant notamment Rafah et le couloir dit de « Philadelphi ».
En ce qui concerne les 120 otages, Netanyahu a assuré qu’ils étaient au centre des préoccupations d’Israël et que « nous avons l’obligation morale de les ramener tous chez eux ».
Jusqu’à présent, 135 d’entre eux ont été libérés ou secourus, grâce à la combinaison de la pression militaire et de positions diplomatiques déterminées. Cette pression combinée est cruciale pour ramener le reste des otages à la maison.
Se moquant des déclarations de sources anonymes, il a déclaré : « Je n’ai pas bougé d’un iota par rapport aux grandes lignes dont le président Biden a fait l’éloge. Je n’ajoute pas de conditions. Et je ne supprime pas de conditions. Mais je ne laisse pas non plus le Hamas bouger d’un iota. »
« Vous devriez le savoir : le Hamas voulait introduire 29 changements dans les grandes lignes. J’ai dit à l’équipe de négociation et aux Américains qu’il n’y aurait pas le moindre changement. »
Il a néanmoins ajouté que « dans le cadre de ces grandes lignes », il insiste sur quatre conditions « fondamentales » qui sont contenues dans les grandes lignes.
Reprenant les termes qu’il avait énoncés jeudi, il a précisé qu’il s’agissait des conditions suivantes : le droit d’Israël de « poursuivre la guerre » jusqu’à ce que tous ses objectifs soient atteints ; d’empêcher la contrebande d’armes en provenance d’Égypte – ce qui nécessite « notre contrôle permanent de la route Philadelphi et du passage de Rafah » ; d’empêcher le retour de terroristes armés et d’armes dans le nord de Gaza ; et, enfin, de restituer autant d’otages vivants que possible « déjà dans la première phase de l’accord ».
Répondant aux questions, Netanyahu a nié que sa dernière conférence de presse remontait à plus de 100 jours, rappelant qu’il avait répondu aux questions de journalistes militaires plus récemment.
Il a déclaré que les renseignements israéliens indiquaient clairement qu’il n’y avait pas d’otages dans les zones de l’attaque.
Netanyahu a indiqué que des progrès avaient été réalisés récemment dans les pourparlers en vue d’un accord, mais qu’il n’y en avait pas eu pendant des mois, « parce que la pression militaire était insuffisante ».
C’est pourquoi il a insisté sur le fait que « nous devions entrer dans Rafah », malgré les pressions internationales « énormes » exercées par les États-Unis et d’autres pays pour qu’il en soit autrement.
« Il y a eu une réduction de l’approvisionnement en armes [de la part des États-Unis], et c’est un euphémisme. »
Le Premier ministre a expliqué avoir dit à « notre ami le président Biden » qu’Israël devait entrer dans Rafah – faute de quoi les otages ne seraient pas libérés et le Hamas ne serait pas vaincu. Si le Hamas revenait à Gaza, « qu’aurions-nous obtenu ? Un autre round [de combats non concluants] ? », a-t-il demandé.
C’est ainsi que Tsahal est entré dans Rafah et a conquis le corridor Philadelphi, tuant 900 terroristes, a-t-il souligné. Des centaines d’autres ont été tués ailleurs dans la bande de Gaza. C’est alors que les négociations ont commencé à avancer.
Le Hamas, a-t-il dit, « voulait que, dès la première phase des grandes lignes, nous promettions que la guerre prendrait fin dans la deuxième phase – à l’exception d’une certaine discussion sur le rapport entre les prisonniers de sécurité et les otages ». « Et j’ai refusé : Non ».
Il a répété qu’il avait défié les États-Unis et d’autres pays en envoyant les troupes à Rafah. Il a déclaré qu’il y avait aussi ceux qui disaient qu’il n’était pas nécessaire d’insister sur le fait de ne pas mettre fin à la guerre. « Soudain, ils changent d’avis. »
« S’il y a un quelconque progrès […] c’est la combinaison d’une forte pression militaire et d’une détermination à rester ferme sur nos positions. »
C’est pourquoi il rejette les allégations selon lesquelles il retarderait ou empêcherait la conclusion d’un accord, ou qu’il durcirait sa position.
Lorsqu’il y aura un bon accord, a-t-il poursuivi, il le soumettra à l’approbation du cabinet « et il sera adopté ».
Si Israël n’insiste pas sur les conditions qu’il a énoncées, la mort de centaines de soldats au cours de la guerre aura été vaine.
Lors de sa conférence de presse, le Premier ministre a qualifié Deif de grand meurtrier, le chef de la branche armée du groupe terroriste palestinien du Hamas, l’architecte du pogrom du 7 octobre et de la mort de nombreux autres Israéliens.
Il a salué les agences de renseignement qui ont permis la frappe sur un complexe clôturé du Hamas dans le sud de la bande de Gaza où Deif, le commandant et Rafaa Salameh, le commandant de la brigade Khan Younès du groupe terroriste palestinien, ont été pris pour cible.
Il a rappelé avoir déclaré dès le début de la guerre que les assassins du Hamas seraient tués, « du premier au dernier ».
Leur élimination sert tous les objectifs de guerre d’Israël : « détruire le Hamas, libérer les otages » et éliminer toute menace future en provenance de Gaza.
Cela envoie également un message dissuasif à l’Iran.
Il a rappelé qu’Israël est confronté à une menace existentielle depuis le 7 octobre – non seulement la menace nucléaire iranienne, mais aussi les efforts de Téhéran pour construire un « carcan » autour d’Israël. La victoire contre le groupe terroriste palestinien du Hamas est « une condition sine qua non et cruciale pour la victoire sur l’ensemble de l’axe iranien, l’ensemble de l’axe du mal ».
Il a cependant déclaré qu’il n’était « pas absolument certain » que Deif, et son adjoint Rafaa aient été éliminés lors de la frappe de l’armée israélienne samedi à Gaza.
Mais « d’une manière ou d’une autre », a-t-il promis, Israël éliminera tous les dirigeants du groupe terroriste palestinien du Hamas.
Interrogé sur le fait de savoir s’il avait choisi de ne pas informer les Américains avant la frappe de samedi parce qu’ils auraient pu s’y opposer, Netanyahu a écarté cette idée d’un revers de main. « Je ne vois pas les choses de cette façon. »
Il a souligné que les Américains « connaissent notre politique » – vraisemblablement en matière de terrorisme – et que « c’est aussi leur politique ».
« Pourquoi prendre le risque que quelque chose s’ébruite ? », a-t-il demandé.
En une seconde, a-t-il fait remarquer, Deif et son adjoint auraient disparu dans la clandestinité.
Il a déclaré informer ses alliés lorsque cela est nécessaire.
Interrogé sur l’appel du ministre de la Défense Gallant pour une commission d’enquête d’État sur le pogrom du 7 octobre, Netanyahu a dit qu’il y avait depuis longtemps des appels pour toutes sortes d’enquêtes. Il a réitéré que « le temps pour cela est à la fin de la guerre ». Il n’a pas précisé le type d’enquête qu’il privilégierait à ce moment-là.
« Nous sommes à un stade critique de la guerre […] Nous approchons de la victoire […] Nous sommes capables de pulvériser ces terroristes et de remporter une victoire historique pour Israël ». Il a tourné en dérision le « défaitisme » quant à la possibilité de cette victoire. Il a également fait part de ses inquiétudes quant au « développement » d’autres zones de conflit.
C’est pourquoi, a-t-il dit, ce n’est pas le moment pour les officiers de Tsahal d’engager des avocats. Il a noté que l’armée s’est opposée à l’enquête prévue par le contrôleur de l’État sur le 7 octobre – à juste titre, a-t-il affirmé. « Nous devons attendre la fin de la guerre et procéder ensuite à ces examens. Nous sommes au milieu d’une action, une action réussie, nous avançons vers la victoire, nous n’avons pas besoin de l’arrêter en nous armant d’avocats. »
Interrogé sur les informations selon lesquelles il aurait l’intention de renvoyer Gallant, qu’il avait annoncé limoger en mars 2023 dans le cadre des différends sur la refonte du système judiciaire, Netanyahu a répondu : « Je ne renvoie pas les ministres. Je cherche à travailler avec eux. Et tant que la confiance règne, nous pourrons travailler ensemble. C’est, à mon avis, tout ce qui importe. »
Il a rejeté les affirmations selon lesquelles son bureau aurait cherché à modifier les protocoles et les procès-verbaux des discussions du cabinet pendant la guerre, les qualifiant de « mensonges » et déclarant que c’est impossible. « Tout est transcrit et enregistré. »
Interrogé sur les publications de son fils Yaïr sur les réseaux sociaux qui attaquent les chefs de Tsahal et de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, nuisant à l’unité nationale, il a répondu qu’il aimait son fils, qui est une personne indépendante.
Il a ensuite accusé les médias de favoriser la désunion, « en disant toujours qu’il faut plus de manifestations, qu’il faut agir contre le gouvernement, qu’il faut des élections […] La plupart des médias sont engagés dans cette campagne. Vous le savez. Je le sais. Ne faites pas les innocents […] Je suis d’accord avec vous : nous devons rechercher l’unité. »
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il n’apparaissait en public que les jours de succès, comme aujourd’hui, et non les jours d’échec, il a répondu que cette question faisait partie de « l’horrible campagne » qui prétend également, à tort, qu’il ne rencontre pas les familles d’otages, les familles endeuillées. Des « choses terribles » sont dites à son sujet, a-t-il déploré.
« J’apparais quand c’est bien, ou mal, quand je pense qu’il y a des choses importantes à dire. »
Il était important pour lui d’apparaître ce samedi, même si les résultats de l’opération ne sont pas encore clairement connus, pour souligner la détermination à éliminer les dirigeants du groupe terroriste palestinien – pour le dire au monde et au Hamas.
La semaine prochaine, a-t-il indiqué, il transmettra également le message d’Israël au Congrès américain.
Enfin, il a été porté à l’attention de Netanyahu qu’il n’avait pas rencontré les habitants du kibboutz Beeri et des autres communautés dévastées le 7 octobre.
« Ce n’est pas le cas », a-t-il répondu, ajoutant qu’il avait rencontré des familles « de toutes ces communautés », y compris les familles des otages qui s’y trouvaient.
Des travaux sont en cours pour réhabiliter ces communautés, a-t-il ajouté, avant de clore la conférence de presse.
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