Yaïr Netanyahu : « La Haute Cour et la procureure générale détruisent le pays »
Le fils du Premier ministre blâme le système judiciaire pour la détention de 3 civils soupçonnés d'avoir tué un Palestinien le 7 octobre et d'avoir volé des armes à des soldats israéliens
Le fils du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Yaïr, a partagé une vidéo sur les réseaux sociaux samedi, accusant la procureure générale et la Haute Cour de « détruire le pays » après l’arrestation de trois civils soupçonnés d’avoir tué un Palestinien le 7 octobre et d’avoir volé des armes aux troupes israéliennes.
La vidéo partagée sur la page Instagram de Yaïr Netanyahu montre l’ancien député d’extrême droite de la Knesset, Michael Ben Ari, qui représente l’un des suspects dans l’affaire.
« Ce n’est pas Sodome. C’est au-delà de Sodome. Assassiner un terroriste de la Nukhba [l’unité d’élitedu groupe terroriste palestinien du Hamas] ? C’est quoi, ces mots ? Le 7 octobre », déclare Ben Ari dans la vidéo. « Et ils s’en préoccupent ? »
Yaïr Netanyahu a légendé le message en écrivant : « La Haute Cour et la procureure générale sont en train de détruire le pays. »
Le pouvoir judiciaire est une cible fréquente de l’ire de la droite, et en particulier du gouvernement Netanyahu, qui a cherché à limiter les pouvoirs de la Haute Cour l’année qui a précédé le déclenchement de la guerre – ce qui avait suscité une vive controverse et un mouvement de protestation de grande ampleur.
Ben Ari avait dirigé le parti d’extrême droite Otzma Yehudit, mais la Haute Cour de justice l’avait empêché de se présenter aux élections d’avril 2019 en raison de ses incitations répétées à l’encontre des Arabes. Il avait précédemment siégé à la Knesset en tant que membre de l’alliance de l’Union nationale des partis politiques d’extrême droite.
Selon Walla, le principal suspect accusé d’avoir tué l’homme le 7 octobre se serait emparé d’un Palestinien qu’il aurait identifié comme un agent de la force Nukhba du Hamas. Il l’aurait interrogé et exécuté à la fin de l’interrogatoire.
Selon les médias, le suspect maintient que le terroriste présumé était vivant lorsqu’il l’a remis aux forces de sécurité.
Ynet a rapporté que deux des trois suspects étaient arrivés sur les lignes de front sans arme sur eux et qu’ils avaient volé des armes sur les dépouilles de soldats de Tsahal. L’un des suspects serait également lié à une affaire distincte dans laquelle un homme a été accusé d’avoir volé des armes dans les bases militaires au lendemain du pogrom du 7 octobre en usurpant une identité qui n’était pas la sienne.
Yaïr Netanyahu est connu pour sa présence provocatrice sur Internet et a fait l’objet de poursuites judiciaires en raison de son activité sur les réseaux sociaux.
Le mois dernier, il s’en est pris à l’armée israélienne, citant l’ordonnance provisoire de la Haute Cour de justice ordonnant au contrôleur de l’État de suspendre tous les aspects de son enquête sur les manquements liés au 7 octobre qui concernent Tsahal et l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet.
« Qu’essaient-ils de cacher ? S’il n’y a pas eu de trahison, pourquoi ont-ils si peur que des parties externes et indépendantes vérifient ce qui s’est passé ? », a écrit le fils du Premier ministre sur le réseau social X.
Les investigations menées par le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman, ont suscité la controverse depuis l’annonce de leur lancement par le haut-responsable, au mois de décembre 2023. Des groupes de veille avaient déposé un recours auprès de la plus haute instance judiciaire d’Israël dénonçant cette initiative, affirmant qu’une telle enquête n’était pas du ressort du contrôleur de l’État et qu’elle était susceptible de porter atteinte aux capacités opérationnelles de l’armée.
Les groupes avaient également exprimé leur inquiétude quant au fait que l’enquête ignorerait la responsabilité politique du pogrom et des massacres. Tsahal et le bureau de la procureure générale se sont également opposés à l’enquête.
Dans son message, le fils Netanyahu a déclaré qu’à « ce jour, aucune réponse n’a été apportée concernant la raison pour laquelle le Premier ministre n’a pas été tenu au courant de la discussion qui a eu lieu la nuit qui a précédé le 7 octobre ».
Il faisait vraisemblablement référence à une consultation téléphonique organisée par le chef d’état-major de l’armée, Herzi Halevi, vers 5 heures du matin le 7 octobre, à la suite d’un courriel envoyé depuis une base de Tsahal à la frontière de Gaza plus tôt dans la nuit au sujet de « certains signes en provenance de Gaza ».
« Pourquoi n’ont-ils pas informé [le Premier ministre] des éléments révélés dans l’article ‘Les murs de Jéricho’ ? », a poursuivi Yaïr Netanyahu.
Un article publié dans le New York Times en décembre affirmait qu’Israël avait obtenu des plans de bataille détaillés du Hamas plus d’un an avant l’assaut, et avait fourni au document de 40 pages le nom de code de « Murs de Jéricho ».
Il avait également partagé une publication, laquelle qualifiait les hauts responsables de la sécurité « d’erreurs fatales ».
En mai, il avait partagé une vidéo montrant un réserviste qui, le visage masqué, prêtait allégeance au Premier ministre tout en menaçant de mutinerie le chef d’état-major, Halevi, et le ministre de la Défense Yoav Gallant si l’armée devait renoncer à son objectif de « victoire totale » sur le Hamas.
Yaïr Netanyahu, qui réside dorénavant près de Miami, serait parti en Floride, l’année dernière, après que le Premier ministre et son épouse Sara lui ont demandé de cesser ses publications sur les réseaux sociaux et de ne plus s’entretenir directement avec les députés ou avec les ministres – le fils du chef de gouvernement étant, à ce moment-là, largement accusé d’attiser les tensions en Israël et d’exacerber une crise diplomatique avec les États-Unis.
Outre sa présence controversée sur les réseaux sociaux, Yaïr Netanyahu a été critiqué pour être resté aux États-Unis malgré le déclenchement de la guerre, alors que des dizaines de milliers d’Israéliens sont, eux, rentrés pour gonfler les rangs des plus de 360 000 réservistes qui ont été rappelés.