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Reza Pahlavi à Tel-Aviv : les Iraniens sont prêts à nouer des liens avec Israël

Lors d'un discours émouvant, le fils du dernier shah a affirmé qu'Israël et l'Iran devaient être des "partenaires stratégiques" et que le régime iranien ne représente pas le peuple

Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.

L'opposant iranien en exil Reza Pahlavi, rejoint par le ministre des Renseignements Gila Gamliel (G), à Tel Aviv, le 19 avril 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
L'opposant iranien en exil Reza Pahlavi, rejoint par le ministre des Renseignements Gila Gamliel (G), à Tel Aviv, le 19 avril 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Reza Pahlavi, éminent dirigeant de l’opposition iranienne et fils du monarque déchu, a exprimé l’espoir qu’Israël et l’Iran redeviennent des « partenaires stratégiques » comme ils l’étaient sous le règne de son père, sous réserve d’un changement de régime que le prince héritier en exil préconise depuis longtemps.

« Je sais que les Iraniens et les Israéliens comprennent à quel point il est important pour notre avenir d’être des partenaires stratégiques, de travailler ensemble et d’aborder certaines questions », a-t-il déclaré.

« Je suis venu ici pour transmettre ce message aux citoyens israéliens », a-t-il ajouté. Il a été saisi par l’émotion en évoquant le soutien « extraordinaire » qu’il a reçu de la part des Israéliens depuis son arrivée.

Faisant la distinction entre le peuple iranien et son gouvernement anti-israélien, Pahlavi a également affirmé que les Iraniens étaient « tout à fait, sans aucun doute » prêts à une normalisation avec Israël, lors de propos tenus en français au cours d’une conférence de presse à Tel-Aviv mercredi – au cours de laquelle il s’est aussi exprimé en anglais et en persan.

« Le peuple iranien est ravi, excité, heureux d’être enfin montré sous un jour différent », a ajouté Pahlavi en anglais en parlant de sa visite en Israël, soulignant que c’est « quelque chose que les Iraniens mouraient d’envie de dire au monde entier : ‘Nous ne sommes pas des terroristes. Le régime l’est. Nous sommes les amis de toute nation qui respecte notre souveraineté et notre droit à la liberté et à la démocratie’. »

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien a rejeté ce voyage mardi, déclarant aux journalistes : « Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de répondre [à Pahlavi], et il n’y a aucune raison d’exprimer une quelconque opinion à ce stade. »

Reza Pahlavi, fils aîné du dernier Shah d’Iran, s’adresse aux journalistes à Tel Aviv le 19 avril 2023. (Crédit : JACK GUEZ / AFP)

Pahlavi, chef autoproclamé du gouvernement iranien en exil et fondateur de l’association de l’opposition en exil, le Conseil national d’Iran, est l’Iranien le plus important à s’être rendu en Israël.

Reza Shoah assiste à la cérémonie officielle de Yom HaZikaron à Yad Vashem à Jérusalem, le 17 avril 2023. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Lundi et mardi, Pahlavi a rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Isaac Herzog, et il a visité le musée de la Shoah Yad Vashem ainsi que le mur Occidental. Durant son séjour, il devrait également rencontrer des chefs d’entreprise israéliens spécialisés dans les technologies de l’eau, ainsi que des Israéliens d’origine iranienne.

La ministre des Renseignements, Gila Gamliel, qui a organisé la visite de Pahlavi, a refusé de partager des informations sur les entretiens entre Pahlavi et Netanyahu, d’une part, et Herzog, d’autre part. Elle s’est refusée à répondre aux questions d’un journaliste qui lui demandait l’identité de la personne qui avait initié ce déplacement.

Gamliel a également refusé de répondre à la question de savoir si la visite de Pahlavi indiquait un changement en faveur d’une collaboration ouverte d’Israël avec l’opposition iranienne, mais elle a souligné qu’elle espérait que la visite pourrait être un premier pas pour imaginer une collaboration sociale et économique.

Bien que les relations aient été amicales entre l’État juif et le père de Pahlavi, les liens diplomatiques entre l’Iran et Israël avaient été rompus après la révolution de 1979 qui avait porté la République islamique au pouvoir. L’Iran est un État qui soutient le terrorisme contre l’État hébreu, par l’intermédiaire d’organisations terroristes mandataires, le Hamas et le Hezbollah. Israël a mené plusieurs opérations secrètes contre le programme nucléaire iranien, qu’il considère comme une menace existentielle.

Changement de régime

Basé à Washington, Pahlavi milite depuis longtemps pour que l’Iran passe d’un régime extrémiste, théocratique et qui ne respecte pas les droits de l’homme à un gouvernement démocratique. Il a déclaré lundi que le moment était peut-être particulièrement bien choisi pour exercer des pressions en faveur de ce changement.

Depuis des mois, les Iraniens manifestent comme jamais auparavant contre le gouvernement dirigé par les ayatollahs. Ces manifestations ont été catalysées par l’assassinat, en septembre, d’une jeune femme détenue par la police des mœurs du pays, parce qu’elle ne portait pas le voile obligatoire.

« Nous constatons que, de plus en plus, les personnes qui croyaient, qui insistaient pour réformer ce régime n’y croient plus et elles sont désormais plus en phase avec ceux d’entre nous qui, dès le début, avions plaidé pour une alternative laïque et démocratique au régime clérical », a déclaré Pahlavi. Il a ajouté que le régime souffrait d’une « perte totale de légitimité », en particulier depuis la mort de Mahsa Amini et les manifestations que cet assassinat a déclenché.

Une manifestante tient un portrait de Mahsa Amini lors d’une manifestation de soutien à Amini, une jeune femme iranienne décédée après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des mœurs de la République islamique, sur l’avenue Istiklal à Istanbul, le 20 septembre 2022. (Crédit : Ozan KOSE /AFP)

Cette figure de l’opposition, qui se garde généralement de prôner la force, s’est dite convaincue que des grèves massives de travailleurs pourraient entraîner la fin du régime.

« C’est un mécanisme qui exercera une pression énorme sur le régime et qui le contraindra à la paralysie et à l’effondrement », a-t-il déclaré.

Un Iran démocratique

Pahlavi a déclaré, un jour seulement après le rejet par le dirigeant de la République islamique de l’idée d’organiser un référendum public sur ses politiques, que son objectif était que les Iraniens puissent choisir leurs propres dirigeants et qu’il défendait le droit des Iraniens à se rendre « aux urnes ».

« Où dans le monde cela se fait-il ? Peut-on organiser un référendum sur toutes les questions qui se posent dans un pays ? » avait interrogé le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, lors d’une réunion avec des étudiants à Dubaï. « Afin qu’un référendum puisse être organisé sur une question donnée, le pays devrait être engagé dans un débat, des échanges entraînant une polarisation pendant six mois ».

Khamenei faisait apparemment référence aux propos tenus récemment par l’ancien président Hassan Rouhani, qui avait abordé la question de la tenue de référendums sur les politiques intérieures et étrangères.

L’objectif de Pahlavi est de créer une assemblée constitutionnelle grâce à laquelle les Iraniens pourraient proposer un système alternatif de gouvernement, de lois et de constitution, pour ensuite « se rendre aux urnes et ratifier par référendum la constitution proposée ».

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, s’exprime lors d’une réunion à Téhéran (Iran), le 9 janvier 2023. (Crédit : Bureau du guide suprême iranien/AP)

Selon le chef de l’opposition, la démocratie pourrait ouvrir de nouveaux horizons aux relations israélo-iraniennes.

« Ce n’est pas seulement moi, ce sont des millions d’Iraniens sans voix qui ressentent les mêmes émotions face à la captivité et à la répression. Quand on voit le succès d’Israël, qui est peut-être la seule démocratie de notre région, on imagine ce qu’un Iran différent, qui ne serait pas dirigé par une dictature religieuse, mais un Iran laïque et démocratique, pourrait signifier pour notre région, pour la stabilité. L’impact positif que cela pourrait avoir sur le monde, contrairement aux conséquences négatives de l’Iran sous ce régime, avec la menace nucléaire, la propagation du radicalisme islamique et le soutien au terrorisme ».

« Il va sans dire, a-t-il poursuivi, qu’il est facile d’imaginer à quel point l’avenir pourrait être différent dès lors que les Iraniens seront enfin libres, qu’ils pourront jouir des mêmes libertés et travailler avec ceux qui y sont parvenus, à quel point cette alliance et ce partenariat pourraient être importants pour faire évoluer les choses. Je suis une nouvelle fois ici pour étudier les possibilités de coopération en vue d’aider le peuple iranien dans sa campagne en faveur de la liberté. »

Reza Pahlavi, fils aîné du dernier Shah d’Iran, avec le ministre des Renseignements Gila Gamliel lors d’une conférence de presse à Tel Aviv le 19 avril 2023. (Crédit : JACK GUEZ / AFP)

Programme nucléaire

Pahlavi a réaffirmé son positionnement en défaveur de la signature d’un accord nucléaire visant à limiter les ambitions nucléaires de l’Iran, estimant que le régime « n’est pas digne de confiance » et qu’il a déjà utilisé l’argent débloqué des sanctions pour financer des organisations terroristes internationales.

« Je n’ai jamais cru que toute forme de négociation avec ce régime – auquel on ne peut pas faire confiance – pouvait être une garantie… C’est, à mon avis, une perte de temps. Investir dans l’alternative que représente le peuple iranien est le moyen le plus rapide d’éliminer toutes les menaces. À mon avis, il n’y aura pas de JCPOA 2.0 », a-t-il déclaré à Tel-Aviv.

Des combattants du Hezbollah défilant devant une affiche représentant le guide suprême, l’ayatollah Khamenei, lors d’un rassemblement à l’occasion de la Journée d’Al-Qods, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 14 avril 2023. (Crédit : AP Photo/Hussein Malla)

L’accord de 2015 est largement moribond depuis que les États-Unis de Donald Trump s’en sont retirés en 2018, suite à quoi l’Iran a cessé d’adhérer à bon nombre de ses clauses.

Le chef de l’opposition a toutefois hésité lorsque le Times of Israel lui a posé la question de savoir si une frappe militaire contre les installations nucléaires iraniennes entraverait le mouvement démocratique qu’il encourage.

« Je suis convaincu que personne ne souhaite de conflit ni d’intervention militaire car la solution est déjà en place », a déclaré Pahlavi, prônant une fois de plus un changement de régime. Sa solution serait de « laisser le peuple iranien se libérer de ce régime, car dès que notre pays sera libre, toutes les hostilités cesseront ».

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