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Rouhani réélu : Paris vigilant sur l’application de l’accord nucléaire

L'UE, la Russie et la Syrie félicitent Rouhani pour sa réélection ; les Etats-Unis mettent en garde l'Iran, accusé de soutenir le terrorisme et critiqué pour ses essais de missiles balistiques

Hassan Rouhani, président iranien, pendant une conférence de presse à Téhéran, le 17 janvier 2017. (Crédit : Atta Kenare/AFP)
Hassan Rouhani, président iranien, pendant une conférence de presse à Téhéran, le 17 janvier 2017. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

Le président français Emmanuel Macron a salué samedi soir la réélection de son homologue iranien Hassan Rouhani en soulignant que la France serait « vigilante » sur « la stricte mise en œuvre » par Téhéran de l’accord sur le nucléaire.

« La réélection du président Rouhani renforce l’espoir que son gouvernement applique rigoureusement l’accord historique du 14 juillet 2015, qui a permis de régler par la diplomatie le différend nucléaire et d’engager une nouvelle étape entre l’Iran et la communauté internationale », a déclaré le chef de l’Etat dans un communiqué diffusé par l’Elysée.

« La France continuera à exercer toute sa vigilance sur la stricte mise en œuvre de cet accord, dans toutes ses composantes », a-t-il prévenu.

Le président français a transmis « ses salutations » à son homologue iranien « à l’occasion de sa réélection », en le « félicitant pour le bon déroulement du scrutin auquel les Iraniens ont massivement participé ». Selon le communiqué de l’Elysée, Macron souhaite que « ce nouveau mandat confirme l’amélioration des relations anciennes entre la France et l’Iran ».

Emmanuel Macron (Crédit : Capture d’écran France TVInfo)
Emmanuel Macron (Crédit : Capture d’écran France TVInfo)

Le chef de l’Etat va demander « au gouvernement français de travailler activement à l’intensification des liens économiques, scientifiques et culturels avec l’Iran ».

« Attachée au développement du dialogue politique avec l’Iran, la France réaffirme la nécessité d’un règlement par la voie diplomatique des conflits qui endeuillent le Moyen Orient et appelle l’Iran à s’inscrire dans cette démarche », ajoute-t-il.

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a félicité samedi Rouhani pour sa réélection, et promis que l’UE poursuivrait la mise en œuvre de l’accord de 2015 sur le nucléaire.

« Les Iraniens ont pris part avec passion à la vie politique de leur pays. Je félicite le président Rouhani pour [le] clair mandat reçu », a écrit la Haute représentante de l’Union européenne sur Twitter.

« L’UE est prête à continuer à travailler pour la pleine mise en œuvre de [l’accord sur le nucléaire], l’engagement bilatéral, la paix régionale et la satisfaction des attentes de tous les habitants de l’Iran », a-t-elle ajouté.

Six mois après la conclusion d’un accord historique sur le nucléaire entre l’Iran et les grandes puissances, l’UE avait levé en janvier 2016 ses sanctions économiques et individuelles imposées à l’Iran en raison de ses activités nucléaires controversées. Elle a néanmoins maintenu des sanctions de 2011 concernant des violations des droits de l’homme en Iran.

L’UE a participé aux négociations avec Téhéran qui ont permis d’aboutir à l’accord de juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien, mais la levée des sanctions européennes et américaines qui paralysaient l’économie iranienne n’a pas produit les effets escomptés. Et le soutien sans faille apporté par le régime iranien au président syrien Bashar al-Assad a créé de nouvelles tensions avec les Occidentaux.

Assad a lui aussi félicité samedi son homologue iranien pour sa réélection dès le premier tour et promis de poursuivre la « coopération » avec Téhéran, allié de poids de Damas dans la guerre en Syrie.

Bashar el-Assad, à droite, président syrien, avec le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, à Damas, le 3 septembre 2015. (Crédit : Facebook/page officielle de la présidence syrienne)
Bashar el-Assad, à droite, président syrien, avec le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, à Damas, le 3 septembre 2015. (Crédit : Facebook/page officielle de la présidence syrienne)

Souhaitant du « succès » à Rouhani, Assad a souligné dans son message la nécessité de « poursuivre le travail et la coopération avec la République islamique d’Iran en vue de renforcer la sécurité et la stabilité des deux pays, de la région et du monde ».

L’Iran est le principal allié régional du régime d’Assad, au pouvoir depuis 17 ans dans un pays plongé depuis 2011 dans une guerre sanglante et destructrice.

Téhéran a envoyé en Syrie des milliers de combattants, en plus de miliciens chiites d’Irak, d’Afghanistan et du Pakistan, et fournit également des conseillers militaires. Selon un bilan publié en mars, quelque 2 100 combattants envoyés par l’Iran en Syrie et en Irak ont été tués dans ces pays.

Un général des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite de la République islamique, avait indiqué au début du mois que l’Iran allait continuer à envoyer des forces en Syrie pour soutenir le régime dans sa lutte contre les groupes rebelles et jihadistes.

L’appui militaire de l’Iran, en plus de celui, considérable, de la Russie mais aussi du Hezbollah, groupe terroriste libanais, a permis aux troupes du régime de renverser la donne aux dépens des rebelles et des jihadistes.

Le président russe Vladimir Poutine a félicité lui aussi samedi Rouhani pour sa réélection, se disant confiant de voir Moscou et Téhéran continuer à travailler au « maintien de la stabilité et de la sécurité au Moyen Orient et dans le monde ».

Le président iranien Hassan Rouhani, à droite, avec son homologue russe Vladimir Poutine à Téhéran, le 23 novembre 2015. (Crédit : Atta Kenare/AFP)
Le président iranien Hassan Rouhani, à droite, avec son homologue russe Vladimir Poutine à Téhéran, le 23 novembre 2015. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

Dans un message de félicitations à Rouhani, Poutine « a confirmé être disposé à poursuivre le développement du partenariat russo-iranien pour l’agenda bilatéral aussi bien qu’international », selon un communiqué du Kremlin.

Poutine a également exprimé sa confiance dans le fait que Moscou et Téhéran vont continuer à travailler dans l’esprit du « maintien de la stabilité et de la sécurité au Moyen Orient et dans le monde », et que les accords notamment économiques conclus durant la visite en mars de Rouhani en Russie seront mis en œuvre avec succès.

La Russie et l’Iran sont des alliés fidèles du régime de Damas et interviennent militairement en Syrie, respectivement depuis le 30 septembre 2015 et le début de la guerre en mars 2011.

La rencontre de mars entre Poutine et Rouhani avait surtout concerné les relations économiques florissantes entre la Russie et l’Iran dans l’énergie et l’industrie. La Russie, qui a construit en Iran la centrale nucléaire de Bouchehr, doit bâtir neuf autres réacteurs dans ce pays dans les années à venir. Moscou a par ailleurs fourni à Téhéran en 2016 le système de défense antiaérienne S-300.

Depuis l’Arabie saoudite, grand rival de l’Iran au Moyen Orient, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a de nouveau accusé Téhéran de soutenir le « terrorisme » et critiqué ses essais de missiles balistiques.

le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, à droite, et le secrétaire d'Etat américain State Rex Tillerson pendant une conférence de presse, à Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Fayez Nureldine/AFP)
le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, à droite, et le secrétaire d’Etat américain State Rex Tillerson pendant une conférence de presse, à Riyad, le 20 mai 2017. (Crédit : Fayez Nureldine/AFP)

« J’espère que Rouhani […] engagera un processus de démantèlement du réseau de terrorisme d’Iran » et « mettra fin aux essais de missiles balistiques », a dit Tillerson qui accompagne le président Donald Trump à Riyad.

Il a ajouté que les méga-accords de défense entre son pays et l’Arabie saoudite annoncés pendant cette visite visaient à contrer en particulier la « mauvaise influence iranienne » dans la région.

Les mises en garde américaines sont intervenues juste après une déclaration télévisée de Rouhani après sa réélection, dans laquelle il affirme que « le peuple iranien veut vive en paix et dans l’amitié avec le reste du monde, mais qu’il n’accepte pas la menace et l’humiliation ».

Par son vote, « notre peuple a déclaré aux pays voisins et à toute la région que la voie pour instaurer la sécurité est le renforcement de la démocratie, non s’appuyer sur les puissances étrangères », a-t-il dit.

Le président iranien Hassan Rouhani a été réélu triomphalement pour un mandat de quatre ans, avec 57 % des voix face à son adversaire, Ebrahim Raissi (38 %), selon les résultats officiels diffusés par le ministère de l’Intérieur.

A Téhéran, des milliers de personnes se sont regroupées dans la soirée en divers endroits pour exprimer leur joie, selon des journalistes de l’AFP sur place.

Les partisans du président iranien Hassan Rouhani fêtent sa réélection à Téhéran, le 20 mai 2017. (Crédit : Behrouz Mehri/AFP)
Les partisans du président iranien Hassan Rouhani fêtent sa réélection à Téhéran, le 20 mai 2017. (Crédit : Behrouz Mehri/AFP)

« Merci l’Iran », « Vive les réformes », « Longue vie à Rouhani », ont-il scandé avec ferveur.

Pour la plupart jeunes, garçons et filles mélangés portant les couleurs verte et violette des réformateurs et modérés soutenant Rouhani, ils se disaient tous « heureux » de sa victoire.

Pendant la campagne, Rouhani avait demandé aux Iraniens de lui accorder plus de voix afin de pouvoir poursuivre ses réformes sur le plan intérieur et sa politique d’ouverture.

L'Ayatollah Ali Khamenei à l'occasion d'un discours à la nation à l'occasion de Noruz, le Nouvel An iranien, à Téhéran, le 20 mars 2014. (Crédit : bureau du Guide suprême/AFP)
L’Ayatollah Ali Khamenei à l’occasion d’un discours à la nation à l’occasion de Noruz, le Nouvel An iranien, à Téhéran, le 20 mars 2014. (Crédit : bureau du Guide suprême/AFP)

L’ayatollah Khamenei, décideur ultime dans les principaux dossiers iraniens, a salué la victoire « du peuple iranien et du régime malgré les complots de ses ennemis ».

Il a demandé à Rouhani « d’avoir comme priorités les couches déshéritées, les zones rurales et pauvres, ainsi que la lutte contre la corruption ».

Avec son large score, Rouhani a les coudées plus franches, ce qui pourrait même lui permettre d’étendre cette ouverture à la société iranienne où les atteintes aux libertés restent nombreuses.

Le président en Iran n’est cependant pas le seul à prendre des décisions dans ce domaine. Elles doivent recevoir l’aval du guide suprême, du puissant pouvoir judiciaire contrôlé par les conservateurs et parfois des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite.

Le scrutin s’est tenu deux jours après la décision américaine de renouveler l’allègement des sanctions contre l’Iran, conformément à l’accord nucléaire de 2015, destiné à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien en échange d’une levée partielle des sanctions internationales.

Mais la méfiance entre Téhéran et Washington demeure et l’administration américaine a assorti l’allègement de nouvelles sanctions ciblées liées au programme de missiles balistiques de l’Iran.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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