Sarah Milgrim honorée pour « tout ce qu’elle a fait pour promouvoir la paix »
Le rabbin officiant les funérailles au Kansas de cette employée de l'ambassade d'Israël assassinée au son de "Free Palestine" a rappelé "tout ce qu'elle a fait pour promouvoir la paix avec courage et dignité"

JTA – Lors des funérailles de Sarah Milgrim, le rabbin Doug Alpert n’a pas prononcé le nom de l’homme accusé d’avoir tué cette dernière.
Mais avant de réciter El Maleh Rahamim, une prière à la mémoire des morts, Alpert a semblé s’adresser à l’assassin présumé.
« Quel mauvais choix de ne pas la considérer pour ce qu’elle était et tout ce qu’elle a fait pour promouvoir la paix avec courage et dignité », a déclaré Alpert.
« Car si vous vouliez vraiment savoir comment aider les Palestiniens à vivre mieux, à vivre comme des êtres humains, vous auriez pu demander à Sarah », a-t-il poursuivi.
« Si vous voulez vraiment faire quelque chose pour Gaza afin de mettre fin au blocage et que l’aide nécessaire soit acheminée à Gaza, vous auriez pu demander à Sarah… Et si vous vouliez vraiment trouver des solutions au conflit vraisemblablement sans fin qui sépare les Juifs et les musulmans, les Israéliens et les Palestiniens, vous auriez pu demander à Sarah. »
Se tenant devant le cercueil de Milgrim, recouvert d’un drapeau d’Israël, Alpert a terminé son intervention avec une colère audible : « Et si vous vous souciez vraiment, si vous faisiez plus que réprimer les voix qui vous mettent mal à l’aise, si vous faisiez plus que crier des slogans et brandir une arme, alors bon sang, pourquoi n’avez-vous pas demandé à Sarah ? »

Les funérailles ont eu lieu plus de cinq jours après la mort de Milgrim et de son fiancé, Yaron Lischinsky, à la synagogue Beth Torah d’Overland Park, au Kansas. L’attentat s’est produit tard dans la nuit de mercredi à jeudi devant le Musée juif de Washington, où les victimes venaient d’assister à un événement organisé par l’American Jewish Committee (AJC), qui portait en partie sur l’aide humanitaire à Gaza.
Milgrim et Lischinsky étaient tous deux employés de l’ambassade d’Israël à Washington. Leur assassin présumé – un militant d’extrême gauche de Chicago – a crié « Palestine libre » lors de son arrestation.
Plusieurs orateurs ont déclaré lors des funérailles que Milgrim avait été rejetée par d’anciens amis parce qu’elle avait accepté d’exercer une fonction au sein du gouvernement israélien. Tous ont déclaré que l’engagement de Milgrim en faveur d’Israël et sa volonté d’agir selon ses convictions étaient profonds. Ils ont également fait l’éloge de sa famille – sa mère Nancy, son père Robert et son frère Jacob – qu’ils ont qualifiée de membres bien-aimés de la communauté juive locale.
« Jacob aimerait pouvoir prendre le téléphone aujourd’hui même et l’appeler, juste pour lui rappeler à quel point il est fier de tout ce qu’elle a accompli », a déclaré la rabbin Stephanie Kramer de la congrégation B’nai Jehuda, à laquelle les parents de Milgrim se sont joints ces dernières années.
« Bob, lui aussi, a parlé de l’engagement de Sarah avec une profonde révérence. C’est la seule raison pour laquelle, dans les heures qui ont suivi son assassinat, il a trouvé le courage de donner dix interviews – parce qu’il savait à quel point il était important pour le monde de voir Sarah à travers les yeux de ses parents, à quel point il était fier de son sionisme inébranlable. »
Âgée de 26 ans au moment de sa mort, Milgrim a grandi dans la banlieue de Kansas City où elle participait à de nombreuses activités. Alpert, qui dirige une autre congrégation proche, Kol Ami, où les parents de Milgrim ont été actifs, se souvient de son adhésion à des équipes sportives et au chœur d’enfants de l’Opéra Lyrique, ainsi que de son engagement en faveur des droits des animaux et de l’environnement. Elle a célébré sa bat mitzvah à Jérusalem en 2012, un événement également marqué à Beth Torah.
Lorsqu’elle était en classe de 3ᵉ, un suprémaciste blanc a perpétré une attaque contre la communauté juive de Kansas City, tuant trois personnes dans deux institutions juives situées à quelques kilomètres de chez elle. Lorsqu’elle était en Terminale au lycée de Shawnee East Mission, au lycée de Shawnee East Mission, des croix gammées ont été peintes dans son établissement. Ces deux événements l’ont marquée, car les institutions juives qu’elle fréquentait ont adopté de nouveaux protocoles de sécurité, et le spectre de l’antisémitisme est devenu omniprésent dans sa vie.
« Vous savez, je m’inquiète d’aller à ma synagogue et maintenant je dois m’inquiéter de la sécurité dans mon école et cela ne devrait pas exister », avait déclaré Milgrim à une chaîne d’information locale à l’époque, dans une séquence qui a été largement diffusée dans les jours qui ont suivi son assassinat.

Personne n’a mentionné ces incidents lors des funérailles, mais ils ont occupé une place importante dans la réaction de la communauté à la mort de Milgrim ainsi que dans la couverture médiatique de sa vie. Lors d’un rassemblement en ligne organisé jeudi par les Jewish Federations of North America (JFNA), Jay Lewis, le président de la Fédération de Kansas City, a déclaré que ce meurtre avait été ressenti comme « un traumatisme qui s’ajoute à d’autres traumatismes ».
Lewis a déclaré que Milgrim avait effectué un stage à la fédération alors qu’elle était étudiante à l’Université du Kansas, où elle étudiait l’environnement et l’anthropologie et était active au sein de la communauté Hillel de l’université, le centre juif du campus.
Une fois diplômée, Milgrim a passé du temps en Israël, où elle a travaillé pour une organisation à but non lucratif qui utilise la technologie pour établir des relations entre Israéliens et Palestiniens. Elle s’est ensuite installée à Washington où elle a décroché deux maîtrises et poursuivi une carrière dans le domaine de la paix et de la diplomatie.
Elle a rejoint l’ambassade peu après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza. Sawsan Hasson, ministre israélienne de la diplomatie publique en poste à l’ambassade de Washington, a déclaré que le dévouement de Milgrim au service public s’était manifesté avant même sa prise de fonction officielle. Alors qu’elle attendait l’habilitation de sécurité, elle a écrit à Hasson, sa supérieure à l’ambassade, le lendemain de l’assaut pour lui dire qu’elle se tenait prête à apporter son aide.

Dès qu’elle a officiellement rejoint l’ambassade, elle s’est mise à l’œuvre, assumant son rôle de diplomate publique, mais aussi organisant des missions en Israël, en initiant des collaborations avec la NASA et des groupes environnementaux et en s’engageant dans la défense de la cause des femmes.
« Sarah a transformé sa profonde inquiétude face à la montée de l’antisémitisme et de l’antisionisme en une action courageuse. Et c’est cette même haine qui l’a éloignée de nous sur le sol de sa propre patrie », a déclaré Hasson.
« Mais sachez ceci : Sarah, votre vie a compté. Elle a compté profondément et de façon éternelle… Nous porterons votre flambeau, Sarah, et poursuivrons votre mission. Nous parlerons pour ceux qui ne le peuvent pas et nous défendrons les vérités que vous avez défendues. »
C’est à l’ambassade que Milgrim a rencontré Lischinsky, qu’elle a fait venir à Kansas City à plusieurs reprises pour des visites prolongées, dont une fois à l’occasion de Yom Kippour. « La profonde tristesse de ce qui s’est passé n’est pas seulement liée à l’étendue de cette relation, mais aussi au fait qu’elle pourrait continuer à se développer dans les années à venir », a-t-il poursuivi.
Après avoir fait part de sa colère, manifestement dirigée contre l’assassin du jeune couple, Alpert a lui aussi déclaré qu’il pensait que l’héritage de Milgrim serait pérennisé.
« Je n’aimerais rien de plus – nous n’aimerions rien de plus – que de demander à Sarah, de parler à Sarah, d’apprendre d’un tel phare de lumière au milieu d’un monde de ténèbres », a-t-il déclaré.
« Nous avons été privés de cette opportunité et, pour la famille Milgrim, de bien d’autres choses encore. »
« Et pourtant, je crois que la voix de Sarah n’est pas perdue. C’est notre honneur, notre bénédiction et notre devoir de maintenir sa voix vivante, de l’ancrer dans nos cœurs, de suivre son chemin courageux vers la construction d’un monde meilleur. »