Shachar Aviani, 56 ans : Chef de la sécurité de Kfar Aza, « un homme de la terre »
Tué lors de l'attaque du kibboutz par le Hamas le 7 octobre 2023
Shachar Aviani, 56 ans, chef de l’équipe de sécurité locale du kibboutz de Kfar Aza, a été tué lors de l’invasion du kibboutz par le Hamas le 7 octobre 2023.
Au début de l’attaque, Shachar s’est rendu à la réserve d’armes du kibboutz et a appelé le reste de l’équipe de sécurité locale les avertissant : « Ce n’est pas un exercice, je le répète, ce n’est pas un exercice, il y a des terroristes dans le kibboutz. »
Mais la zone autour du dépôt d’armes était déjà infestée de terroristes, et lui et les autres membres de la petite équipe de sécurité ont dû affronter des dizaines d’ennemis. Sept membres de l’équipe ont été assassinés ce jour-là : Tal Eilon, Aviv Baram, Uri Russo, Ofir Libstein, Nadav Amikam et Avi Hindi.
Shachar a été reconnu à titre posthume comme soldat mort au combat avec le grade de sergent-major dans les forces de réserve.
Il a été enterré au kibboutz Shefayim le 19 octobre. Il laisse derrière lui sa femme, Sharon, leurs quatre enfants, Li-hi, 29 ans, Yonatan, 26 ans, Shaili, 20 ans, et Gili, 17 ans, ses parents, Sarah et Asher, sa sœur Sharon et son frère Sahar.
En 2018, Shachar avait accordé un entretien au quotidien Globes, alors qu’une vague d’attaques de cerfs-volants et de ballons incendiaires en provenance de Gaza visait à mettre le feu à des champs dans la région. Il avait expliqué au site que les dégâts étaient regrettables, « mais n’oublions pas une chose importante : il ne s’agit que de cerfs-volants. Ils ne sont pas précis, ils ne sont pas puissants, ils ne peuvent pas aller très loin ».
« Quoi qu’il arrive, nous saurons y faire face », avait-il ajouté à l’époque. « En attendant, nous nous concentrons sur la célébration du 60e anniversaire du kibboutz cette semaine. Nous continuons à vivre, à grandir et à nous développer. »
Il occupait le poste de chef de la sécurité du kibboutz depuis 2017 et était profondément dévoué à la communauté. Il était passionné de musique, même si, selon sa famille, il n’avait pas l’oreille musicale. C’était un supporter inconditionnel du Maccabi Tel Aviv et il brassait ses propres bières.
Shachar et Sharon se sont rencontrés en 1989 lors d’un voyage en Amérique du Sud – un voyage que Sharon avait effectué quelques années après la perte de son frère aîné, Yaron, tué pendant son service militaire. Le couple s’est marié en 1991 et s’est installé dans le kibboutz où elle est née et a grandi.
Sa fille cadette, Gili, a affirmé au magazine féminin LaIsha que son père était « un homme de la terre, même s’il a grandi en ville… il aimait l’agriculture. C’était un sioniste, il aimait le pays ». Même avant de s’installer dans un kibboutz, il s’était engagé dans cette voie, en fréquentant un lycée agricole et en travaillant avec le bétail.
En sa mémoire, elle s’est fait tatouer un mouton symbolisant son amour des animaux, ainsi qu’une référence à l’album classique pour enfants de Yehonatan Geffen, Le seizième agneau. Chaque fois qu’il revenait d’un incident lié à la sécurité dans le kibboutz, dit-elle, « je récitais une phrase de l’album : ‘Beaucoup d’enfants disent que leurs pères sont des héros' ».
La fille de Shachar, Shaili, a déclaré à Ynet que « mon père était un homme heureux et optimiste ».
« Il me disait toujours : ‘Il faut regarder le beau côté de la vie. La vie est simple, c’est nous qui la compliquons' », se souvient-elle. « Mon père apportait un sentiment de sécurité à tous les habitants du kibboutz. Si on m’avait donné un shekel chaque fois qu’un habitant de Kfar Aza m’a dit : ‘Ton père nous rassure et nous nous sentons protégés grâce à lui’ ou ‘Nous disons à nos enfants que Shachar veille sur eux, et ils se sentent en sécurité et n’ont plus peur’, je serais déjà millionnaire ».
La devise de son père, écrit-elle, était « ‘Faites le bien, et le bien viendra à vous’… Il pensait que si l’on répandait la gentillesse, celle-ci nous reviendrait. Il croyait tellement en cette phrase que ce samedi-là, il n’a pas hésité à quitter sa maison pour se battre dans le kibboutz grouillant de terroristes. Il nous a protégés de son corps, pas seulement notre famille, mais toute la communauté ».