Shireen Abu Akleh: « La crédibilité d’Israël n’est pas des plus tangibles », dit Nachman Shai
Le ministre a déclaré qu'un pathologiste judiciaire non-israélien apporterait une "crédibilité internationale" à l'enquête sur la mort de la journaliste d'Al Jazeera
Le ministre de la Diaspora Nachman Shai a déclenché une tempête jeudi en commentant l’enquête israélienne sur la mort de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Alkeh, affirmant que la « crédibilité » du pays faisait défaut.
« Avec tout le respect qui nous est dû, disons que la crédibilité d’Israël n’est pas des plus tangibles dans de tels cas », a déclaré Shai. « Nous le savons. C’est basé sur le passé », a-t-il déclaré à Radio 103FM. Il faisait apparemment référence à l’opinion internationale et non à d’éventuels doutes des conclusions d’une enquête israélienne.
Abu Akleh, 51 ans, a été mortellement blessée par balle pendant des affrontements entre troupes israéliens et hommes armés palestiniens alors qu’elle couvrait une opération de l’armée israélienne à Jénine, en Cisjordanie, mercredi. Les Palestiniens ont attribué la responsabilité de sa mort à Israël tandis que les responsables israéliens avancent l’hypothèse qu’elle ait été tuée par un tireur palestinien.
Israël a exhorté l’Autorité palestinienne à mener une enquête conjointe sur l’incident, une idée rejetée jeudi par le chef des Affaires civiles de l’Autorité palestinienne Hussein al-Sheikh.
« Ceux qui n’ont rien à cacher ne refusent pas de coopérer », a déclaré en réponse la radio de l’armée citant des responsables israéliens anonymes.
Le ministre des Communications Yoaz Hendel a déclaré que « quiconque prétend que Tsahal a tué la journaliste ne le fait pas sur la base d’une enquête ou de faits, mais de la propagande. »
Shai a fait ces commentaires jeudi lorsqu’il a été interrogé sur la réponse de Washington à la mort d’Abu Akleh, qui est née à Jérusalem, mais a passé du temps aux États-Unis dans son enfance et détenait la citoyenneté américaine en plus de sa carte de résidence de Jérusalem et de son passeport jordanien.
Le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a déclaré mercredi que les États-Unis exigeaient une enquête « immédiate et approfondie » sur le meurtre d’Abu Akleh.
Shai a déclaré qu’il n’était pas surpris par la réponse américaine, ajoutant que les Américains « ne seront pas disposés à accepter des résultats qui ne sont pas basés sur des sources indépendantes. »
Le ministre a donc suggéré de recruter « un pathologiste judiciaire américain ou d’une autre nationalité qui pourrait donner une dimension internationale et également ajouter de la crédibilité à cette enquête. »
« Alors que les ministres [du cabinet] et le chef d’état-major de Tsahal [Aviv Kohavi] ont déclaré qu’ils allaient ouvrir une enquête, [les États-Unis] veulent connaître la vérité et ils vont faire pression sur nous, ils ne lâcheront pas prise tant que cette affaire ne sera pas terminée. C’est clair », a déclaré Shai, qui a été le porte-parole de Tsahal pendant plusieurs années.
Une première autopsie du corps d’Abu Akleh par des médecins légistes palestiniens a révélé qu’il n’était « pas possible » de dire si elle avait été tuée par des tirs israéliens ou palestiniens.